« Sonder l’insondable » ; Bernard Besret

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Bernard Besret, dont la trajectoire humaine et intellectuelle est particulièrement riche, vient de publier fin 2023 un petit livre intitulé « Sonder l’insondable »[1]. Nous connaissons l’histoire du jeune Breton qui entra à 18 ans, en 1953, à l’abbaye cistercienne de Boquen, restaurée par Don Alexis Presse. Bernard n’avait pas vraiment reçu de formation chrétienne, sa famille et surtout son père étaient non pratiquants. Ses études secondaires avaient suivi la filière scientifique. Mais Bernard était assoiffé d’absolu. Il pensait le trouver dans la vie monastique.

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Boquen ne sera pour lui qu’une première étape. Son but était d’ouvrir l’abbaye aux chrétiens en recherche, après le concile vatican2, et de partager expériences et questions. Il fut désavoué en 1969 par les autorités de l’Eglise et revint à l’état laïc.

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« Sonder l’insondable » est un petit ouvrage dense et concis, présenté par ses amis comme son testament spirituel. Besret s’intéresse à un possible au-delà la mort. Il ouvre cette question à l’aide des dernières connaissances de la science, de l’apparition de l’énergie et de l’évolution du Cosmos à la vie organisée et à l’émergence de l’Homo sapiens. Il écrit : 

« Le Big Bang n’est qu’un moment, certes privilégié, certes capital pour la compréhension du monde, mais il n’est qu’un instant du phénomène global de la Création. Celle-ci est relation permanente de tout ce qui existe au fondement qui s’exprime en lui ».

« En dépit de l’inaccessibilité du fondement ultime de l’univers, toutes les traditions philosophiques se sont efforcées de s’en approcher et de le cerner, ne serait-ce que par une approche négative, en éliminant tout ce qui n’est pas ».

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Avec l’hypothèse d’un fondement de l’être, c’est la reprise de « Dieu au-delà de Dieu » dont parlait Maître Eckhart et dont Besret a retrouvé d’une autre manière la trace dans la quête taoïste. S’il reconnait employer le mot Dieu par commodité, c’est pour en chasser les représentations périmées.

Le côté scientifique de sa culture amène notre auteur à évoquer le rôle de l’information en lien avec la physique quantique, une des grandes découvertes du XXème siècle encore en débat aujourd’hui. « La théorie quantique est au fond une théorie de l’information. Cette dernière est une chose physique, une priorité concrète qui s’exprime dans la matière et dans l’émergence … chaque particule subatomique, chaque atome, chaque molécule, chaque cellule, chaque vivant, chaque étoile et chaque galaxie fourmillent d’informations.[2] »

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B. Besret en arrive au point essentiel de son propos : la mort est une transition informationnelle :

« J’affirme que cette signature, cette trace, cette projection d’une vie, hors espace, hors temps, est le support d’une autre forme de la conscience cérébrale. Traduit en d’autres termes, la potentialité porteuse d’un certain niveau de conscience (dans l’au-delà) est plus importante que la conscience telle qu’elle s’est exercée au cours de son actualisation terrestre ».

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Besret reconnait que nous avons du mal à imaginer les caractéristiques de cette conscience dans l’au-delà, car « elle sera bien différente de la conscience atomisée dont nous jouissons habituellement sur terre. Cette conscience bénéficiera d’un champ de vision universelle ».

En conclusion de son essai, l’auteur parle de la mort comme le jour qui illumine. Il la présente comme une vie au-delà de l’espace-temps : « Elle ouvre un vaste portail sur une vision qu’englobe tout ce qui a été, ce qui est, ce qui sera dans une relativité totale du temps, dans l’instantanéité d’un coup d’œil qui ne connait aucune durée. »

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J’ai tenté ici un résumé de ce petit livre qui nous propose des hypothèses sur l’existence des vivants au-delà de leur mort terrestre. Si elles nous paraissent crédibles, ce petit livre rendra un grand service, tant nous voyons partir nos proches, des amis chers, sans parler des inconnus innombrables qui nous ont précédés. De mon point de vue, ce petit livre éclaire réellement sur un sujet difficile. Il apporte un point de vue neuf sur un profond mystère.

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R.A.

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[1] Editions Marie Romaine, 2023, 92 p, 18€

[2] Citation de « La clé de Salomon », livre de José Rodrigues dos Santos

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