Conséquences psychosociales de l’épidémie

et nos réponses … par Bruno-Marie Duffé

La force pernicieuse d’un virus dit la fragilité de nos projets, de nos savoirs, de nos prévisions et de notre maîtrise des risques … Au-delà de l’infection, c’est notre mode de vie qu’il importe de repenser, de manière radicale. Si les virus se propagent avec la force que nous voyons, c’est que nous sommes dans un déséquilibre écobiologique et que les organismes vivants, les virus comme les autres vivants, cherchent leur place dans une biodiversité maltraitée, instrumentalisée de manière irresponsable. Il y a urgence à soigner et à penser une nouvelle harmonie entre les vivants.

Les deux dimensions sont ici à considérer de manière conjointe : prendre soin et considérer les équilibres entre les organismes, dans leurs dimensions physique, biologique et communautaire. C’est la raison pour laquelle il importe, dans le même temps, de prendre soin de la vie intérieure et relationnelle des humains. L’écologie intégrale requiert, nous le comprenons désormais une « santé intégrale » qui ne saurait se limiter à la réparation de nos corps, mais qui appelle une éducation et une connaissance du corps, de la relation et de la respiration intérieure : ce que nous appelons la spiritualité. Car on pourrait dire qu’il y a, dans la crise que nous traversons aujourd’hui, la présence d’un autre virus, tout autant caché : le virus de la désespérance qui attaque à la fois notre rapport à l’avenir et notre confiance en l’autre et en nous-mêmes.

S’agissant de la santé et du soin, les solutions « intégrales » commencent, de toute évidence, par notre éducation et notre rapport aux éléments, au corps et à l’autre. Éduquer à la santé intégrale est une priorité absolue si nous voulons que les générations continuent de déployer leurs capacités physiques, intellectuelles, relationnelles, spirituelles. Cela passe par une connaissance pratique de la nature et des rythmes, du corps et de l’esprit.

« Au-delà de l’infection, c’est notre mode de vie qu’il importe de repenser, de manière radicale. Il y a urgence à penser une nouvelle harmonie entre les vivants. »

Nous ne pouvons pas continuer à nous épuiser dans une suractivité et une surconsommation et à penser que les traitements chimiques vont réguler nos dysfonctionnements et nos angoisses. Cela suppose, du même coup, un autre rapport à la nourriture, aux saisons, aux étapes de la vie, à la manière d’écouter et de prendre soin. Cela suppose de se réconcilier avec les aspirations profondes que nous portons en nous-mêmes, avec la richesse de nos traditions et de notre mémoire collective. Nous pensons à la complémentarité entre les thérapies contemporaines, qui visent l’efficacité immédiate et parfois excessive, et les thérapies traditionnelles, beaucoup plus douces, qui sont souvent méprisées pour des raisons de méconnaissance ou de moindre efficacité. Cela appelle un rapport pacifié entre les générations et entre les communautés. Voilà à quoi engage une démarche « intégrale ». Si nous considérons que la crise sanitaire révèle et amplifie les crises écologique, économique et sociale, alors la réponse doit prendre en considération ces diverses dimensions de notre humanité qui est une.

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