Par Jacques Bufquin
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La vie en couple ne s’improvise pas.
Quelques propos à mettre en toutes les mains
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Au lieu d’idéaliser le couple, de le rêver comme des adolescents de bonnes familles ou des moines le rêvent, de le sacraliser en l’enfermant dans un absolu, de le présenter comme une évidence normative décidé dès avant qu’il n’existe, de le brimer en légiférant, d’exclure, d’assimiler amour et fidélité, de réduire la fidélité au sexuel, de prétendre imposer la fidélité à de bien trop jeunes gens sans apprentissage ni possibilité d’erreurs, pourquoi n’explique-t-on pas d’abord le mode d’emploi ?
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Au lieu de taire, d’interdire, de culpabiliser,
apprendre à aimer,
apprendre le respect, le pourquoi du baiser,
la délicatesse, la fougue parfois,
à ne pas se jeter sur l’autre dans la précipitation
de faire la bête à deux dos
ou de le dire aux copains.
Apprendre à « découvrir » et caresser
jusqu’à recevoir et donner le plaisir.
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Assez d’hypocrisie et de fausse pruderie : pourquoi apprend-on si peu aux jeunes à vivre la sexualité sans interdit ? Pourquoi n’explique-t-on pas ailleurs que dans les revues et les films X le plaisir et les mille et une façons de jouir et de faire jouir ? C’est faux de dire qu’ils le découvriront bien tout seuls. A quel prix ! Que craint-on ? Quand ils le découvriront, il sera trop tard. L’enfant sera en route. Ou les déceptions, les habitudes et les rites les paralyseront ; les tabous se seront installés dans leur chambre à coucher, leur salle de bain et devant leur télévision. Et ils iront tristement étouffer leurs fantasmes ailleurs. Redisons-le : c’est primordial pour que le couple résiste à l’usure.
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On pourra alors leur expliquer qu’il faut vivre cette sexualité de façon responsable ; que la jouissance, les jeux sexuels, les sensations, les émois sentimentaux et affectifs, non seulement ne sont pas un spectacle pour épater ou provoquer la galerie ; qu’ils sont bons, graves ; mais qu’ils ne sont pas encore l’amour. Que l’exaltation du plaisir au gré de rencontres momentanées devra un jour affronter la durée, le quotidien, et l’exigeante réalité de l’autre.
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Pourquoi n’explique-t-on pas qu’il est important de chercher à bien faire l’amour ?
On pourra alors expliquer en vérité que faire l’amour même avec amour ne garantit pas encore au couple la stabilité ni l’aptitude nécessaire pour faire une famille, rendre heureux un conjoint, éduquer des enfants ; que l’amour s’use, a du mal à bien vieillir, demande un bon service après-vente ; que la vraie fidélité est proposée, désirable, mais difficile à vivre.
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Il est temps de bousculer les réticences moralisantes de certains parents, de milieux sociaux et politiques privilégiés ou inconscients, et de promouvoir dès l’âge scolaire, et de façon permanente, une éducation aux réalités, aux difficultés familiales, aux responsabilités parentales, à la psychologie, à la pédagogie, à la gestion des émois affectifs, des manques, des tabous, des fantasmes, des blocages : les difficultés viennent non d’une mauvaise volonté mais des blocages de l’enfance. Il faut expliquer très tôt les jeux de pouvoir, les rapports et conflits amoureux, conjugaux, parentaux : « Ce qui tue le couple, c’est le jeu de pouvoir. » (Isabelle Filliozat, l’Intelligence du cœur, Lattès, 1997, p.218). Osons éduquer à la liberté, à la fidélité à soi-même, au respect de l’autre, à regarder et à communiquer (« respicere » et « respondere), à l’humour, à la vie spirituelle c’est-à-dire au travail de libération de soi-même et de l’autre, le plus concrètement possible …
Et tout ceci à l’aide de situations vécues, en faisant parler et réfléchir les jeunes sur ce qu’ils vivent eux-mêmes, sans à priori dogmatique sur ce que doit être le mariage, pour qu’ils puissent continuer ce dialogue en couple. Quand cela sera-t-il inclus dans les programmes scolaires, dans un cadre adapté, avec des éducateurs compétents, humains, formés pour cela ? C’est beaucoup plus important pour la santé et la sécurité du pays et de ses banlieues que d’apprendre les mathématiques et la compétition sportive. Tout couple en difficulté doit d’abord rechercher une telle aide extérieure. Cela existe actuellement.
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Extrait du livre Sexe, amour et fidélité
de Jacques Bufquin
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