« Vous finirez seuls et vaincus, sourds aux palpitations du monde. »
Merci à Gaël Faye de dire de si belle façon son indignation aux gouvernants. Parmi ces palpitations, nous sommes témoins au quotidien des maltraitances sociales et institutionnelles vécues par les personnes les plus pauvres de notre pays. Ces maltraitances sont deux des dimensions de la pauvreté que nous avons mises en évidence dans notre recherche internationale, il y a deux ans. Récemment, un député a parlé de maltraitance d’État, notamment à l’égard des migrants. Les mots sont lourds de sens mais il faut savoir nommer les réalités.
Quand le pays des droits de l’Homme mobilise sa police pour expulser continuellement des exilés qui n’aspirent qu’à une vie meilleure, c’est de la maltraitance d’État. Quand des enfants sont éloignés de leur famille pour cause de pauvreté, sans avoir mis en place l’aide appropriée pour éviter le placement, c’est de la maltraitance d’État. Quand le pays des Droits de l’Homme institutionnalise l’aide alimentaire, les militants Quart Monde nous disent la honte d’en dépendre, vécue comme une maltraitance. Quand le pays des droits de l’Homme avance à marche forcée dans le numérique, au détriment de l’accès effectif aux droits, c’est de la maltraitance.
Nos indignations rejoignent celles d’autres, subies notamment par les professionnels de la justice, les soignants et travailleurs sociaux dernièrement dans la rue, qui n’ont plus les moyens d’exercer leurs métiers sereinement. Ce semestre électoral doit pousser nos élus et l’opinion publique à dénoncer et exiger des candidats un positionnement clair.
Pour cette nouvelle année, osons dire stop à ces maltraitances d’État et contribuons ensemble à un monde juste pour tous et toutes.
Isabelle Bouyer, membre de la délégation nationale.
ATD Quart Monde n°521