Qu’est-ce que « croire », pour moi ? –

Par Michel Fontaine

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Croire, n’est-ce pas apprendre à se dessaisir de toute certitude, à se dessaisir de soi-même pour tendre la main vers ce qui se dérobe et qui n’est ni accessible, ni disponible, ni matière à appropriation ?

Il est tellement difficile de croire à « Dieu en nous » que nous le remettons sans cesse sur les autels, dans le ciel, dans les béatifications et le merveilleux des rites, précise Michel Fontaine.

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La foi ne se construit pas sur le plein des certitudes, des convictions dogmatiques, des doctrines bien définies … Au contraire, elle reconnait devant elle un vide, un rien que rien ne saurait réduire, une absence qui fait signe, peut-être, et qui nous sollicite de loin mais qui ne saurait tenir de présence.

Si « croire » était assumer ce vide originel que rien ne peut remplir et qui nous sépare de Dieu quand il ne nous sépare pas de nous-même ?

Si c’était accepter l’absence réelle d’un Dieu qui se refuse à nos regards afin que nous puissions faire nous-mêmes l’expérience de la liberté ?

Si c’était apprendre à supporter cette angoisse qui ne cesse de nous tenailler quand, cherchant Dieu, nous ne trouvons rien ; quand, cherchant l’homme, nous ne trouvons trop souvent que l’inhumanité ?

Croire, n’est-ce pas apprendre à se dessaisir de toute certitude, à se dessaisir de soi-même pour tendre la main vers ce qui se dérobe et qui n’est ni accessible, ni disponible, ni matière à appropriation ?

La résurrection est donc cette expérience de vie, de vie humaine, que je peux vivre, ici et maintenant, chaque fois que j’accepte la souffrance, chaque fois que je renoue la relation, chaque fois que je pardonne …

Je ne sais pas, personnellement, si Jésus est ressuscité et je ne sais pas s’il y a une vie après la mort. Cela ne change rien au message que Jésus m’a transmis ni à son invitation à le suivre. Et je peux aussi dire que, par ce message vivant en moi, il vit lui aussi en moi.

Et comme il serait triste, ce monde où on ne ferait le bien que pour réussir son examen de passage à la vie éternelle !

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Le rôle de l’Église

La résistance dans l’Église catholique ne devrait pas se contenter d’être passive. Qu’on me comprenne bien : la résistance active, désobéissante mais non violente, doit être proclamée, non pour provoquer mais parce que c’est la seule voie pour forcer l’attention et l’ouverture du débat, sortir de l’hypocrisie et clarifier les situations de chacun.

Beaucoup d’hommes et de femmes -catholiques de la base, chrétiens ou non – courageux et profondément humains m’ont aidé à progresser dans la recherche de Dieu par leurs écrits, leurs témoignages, leur attitude de vie. Je les remercie du fond du cœur. Par eux et par les hommes qui font le bien, par tous les chercheurs de sens, sans bruit, Dieu continue à advenir dans le cœur des hommes au-delà de toutes les frontières et, après tout, n’est-il pas indifférent que les droits de l’homme et de la femme soient défendus par les forums sociaux plutôt que par les Églises ?

Le pouvoir

Nous vivons une grande crise de démocratie. Notre société actuelle est, comme l’Église : sous le pouvoir total de gens qui n’ont été élus par personne, de gens qui se sont appropriés le pouvoir. Dans la société, ce pouvoir est actuellement dans les mains du G8 (réunion des huit pays les plus riches du monde) ou du G20 (idem mais pour les vingt plus riches cette fois), de l’OMC, du FMI, des multinationales et d’autres instances de ce type. En Europe, le pouvoir est aux mains de la Commission Européenne alors que c’est le Parlement Européen que nous élisons. Dans l’Église, c’est le pape et la curie romaine qui s’attribuent tous les pouvoirs sans demander l’avis du peuple : le pape nomme les cardinaux qui nomme le pape qui nomme les cardinaux et ainsi de suite …

L’Église n’admet pas la moindre remise en question ni le plus petit soupçon de recherche personnelle qu’elle traite soit avec mépris, soit en le combattant. De toute façon, elle ne s’est jamais intéressée le moins du monde à notre itinéraire personnel qu’elle considère actuellement -c’est la mode- comme du syncrétisme, parce que nous souhaitons enrichir notre pensée de la pensée des autres.

Jean-Paul II a obligé les évêques à prêter, avant leur nomination, un serment d’obéissance totale, impliquant même l’intelligence. En d’autres termes, cela veut dire  que, pour devenir évêque, il faut abdiquer toute liberté de pensée et faire allégeance totale au pouvoir romain …

Il nous est tellement difficile de croire à « Dieu en  nous » que nous le remettons sans cesse sur les autels, dans le ciel, dans les béatifications et le merveilleux des rites.

Jésus nous dit : le Royaume de Dieu est là. Ici. Au milieu de vous.

Et sur la table, seulement du pain et du vin à partager, si humbles et si ordinaires, signes que Jésus a choisis pour nous dire l’essentiel que nous oublions si facilement : le partage, le service.

Si l’Institution se met au service de communautés, alors, peut-être y a-t-il un avenir pour l’Église. Une Église servante.

Mais l’Église n’est pas l’essentiel.

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L’essentiel, c’est qu’un autre monde est possible.

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Michel Fontaine

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