Prophète ou messie

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  1. Dieu, deux conceptions …

La bible est une œuvre composite, où se mêlent en conflits et tiraillements multiples deux fictions -réalités antagonistes, que l’on a cependant qualifiées du même nom : Dieu.

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Le Dieu d’en haut ;

C’est le Dieu dans le ciel, qui commande et gouverne, à qui l’on adresse louange et en qui on reconnait l’autorité. C’est un Dieu vertical, servi par les prêtres du temple, dans une atmosphère de sacré et de religieux !

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Le Dieu qui marche avec les humains ;

C’est le Dieu qui dit à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et sors ».

C’est le Dieu qui dit à Moïse : « Va, je serai avec toi ».

Les prophètes proclament que ce Dieu ne veut pas de sacrifices, mais la justice.

Jésus, lui-même, entre en scène en refusant la richesse, le pouvoir et la gloire !

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Les Eglises ;

Les Eglises, catholiques ou pas, sont habitées par ces deux conceptions de Dieu :

Celle des prêtres et des chrétiens d’organisation pyramidale, qui investissent le culte et qui se réclament du ‘Dieu d’en haut’.

Celle de chrétiens libres, qui se réclament du ‘Dieu qui marche avec les humains’ et qui vivent dans l’ouverture à l’avenir : « Si l’on veut actualiser la foi, la rendre aujourd’hui active, il ne suffit pas de changer de vocabulaire pour parler de la même chose, de ripoliner les amalgames, mixtes et embrouillés des théologiens, mais de débarrasser le ‘Dieu qui marche avec les humains’ du ‘Dieu d’en haut avec ses avatars’

En ce début du 21ème siècle, la planète et l’humanité sont-elles en train de mourir ? Un messie va-t-il nous sauver ?

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Messie ;

Messie est un mot de l’Ancien Testament qui évoque Jérusalem où sont liés le Temple, (Yahvé et ses prêtres), le pouvoir politique (le roi) et la puissance économique. Lorsque le Temple et ses ‘alliés d’en haut’ s’entendent avec l’occupant romain, la situation d’Israël et son avenir ne sont pas très brillants. Alors, des gens des milieux populaires, qui ont trouvé réconfort dans les actes et paroles de Jésus, disent que c’est lui le messie … Ce qui ne peut guère lui convenir !

Depuis toujours en effet, Jésus est en conflit avec la pratique des prêtres, ces sacrificateurs et il est de tradition prophétique : ‘On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien. Rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton dieu’.

Les partisans du ‘Dieu d’en haut’ et ceux du ‘Dieu qui marche avec les humains’ s’opposent : les prêtres décident finalement la mort de Jésus car il y a concurrence de ‘messies’ en même temps que subversion de l’ordre !

L’influence de Saül, juif et citoyen romain, qui devient Paul (après sa conversion)

Saül souhaite un messie ; il n’a pas connu Jésus et ne sait guère la façon dont il se comportait mais, à ce que les disciples disent de lui, ‘le mort est vivant ; il a vaincu la mort’ …

Paul annonce alors un ‘Messie’ crucifié, qui a surmonté la mort. Il sauve ainsi l’idée même de messie en le faisant universel (il n’y a plus ni juif ni grec)’Le messie est au ciel, il reviendra, il suffit de l’attendre …’

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Quel est le pain rompu ?

Les chrétiens attendent, passent leur temps à prier au Temple et à rompre le pain … La grande Eglise, qui se met en place, a comme activité principale et spécifique de dire la messe … Pour Paul, ‘en rompant le pain’, il s’agit d’un corps volontairement sacrifié et offert au divin, dont on se partage les morceaux en attendant qu’il redescende du ciel …

Or Jésus a probablement dit à ses compagnons : ‘L’étau se resserre, ils vont me faire la peau, c’est notre dernier repas ensemble … Mais si vous continuez, comme ce soir, à partager la nourriture, ma mémoire sera là, non pas mon corps mais le sens de ma vie, ce partage entre frères que redoutent et refusent ceux qui me cherchent …’

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Prophète ; il faut en finir avec tout messie …

Le prophète, c’est la voix de la voie, du « rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton dieu ».

Paul, en proclamant « Jésus, Messie universel » a seulement transféré le système sacerdotal de Jérusalem à Rome

Or, le chemin de la vie est celui du prophète, de son sens en travail dans toute réalité ou situation …

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La vie est une affaire terrestre de relations, d’échanges entre des différences qui se rencontrent et se fécondent, faisant ainsi naître du nouveau. Nulle verticalité qui les hiérarchiserait, nulle totalité qui les enfermerait et figerait. C’est vrai de la nature, des cultures humaines et de chacun d’entre nous !

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Pascal JACQUOT

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