Pauvre dernière goutte !

Quand nous sommes confrontés à une situation difficile, nous accusons souvent la dernière goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! En général, nous ne retenons en effet que le dernier aliment qui a provoqué la maladie. Que le malaise, la dernière altercation ou incompréhension qui ont soulevé le différend ou le divorce et nous oublions toutes les gouttes que nous avons négligées ou refusé de voir et qui ont rempli le seau d’une dégradation progressive !

La dernière goutte, qui est la goutte de trop, n’est qu’un révélateur presque innocent. Ce sont en réalité toutes les gouttes successives que nous avons acceptées, supportées au fil des jours et des années qui ont fait le mal. Un mal qui s’est progressivement enkysté profondément sans être toujours apparent même s’il était de plus en plus évident. Et qui, comme un abcès, a éclaté avec la dernière goutte.

Dans les domaines de la santé, de la vie affective ou relationnelle, nous devinons qu’un malaise, qu’une souffrance s’installent mais nous essayons en général de les supporter, de les contenir tant bien que mal. « Ras le bol », « Y’en a marre », « plein le dos », « burn out », les expressions sont nombreuses qui manifestent notre saturation et notre peine. Il ne faut cependant pas perdre confiance car il n’est jamais trop tard pour réagir même s’il est déjà tard, bien tard pour agir. Tant que la vie est là, il y a en effet toujours de l’espoir. A condition toutefois de ne pas tarder davantage et de prendre le taureau de notre problème par les cornes d’une véritable écoute …

Si le combat ne concerne que moi, la décision m’appartient. Mais un antagonisme concerne souvent plusieurs personnes, au moins deux et on ne peut le régler en solitaire qu’à défaut de mieux car l’échange, les efforts de compréhension indispensables qui s’imposent ne peuvent être exigés et dépendent d’une bonne volonté partagée. Pour se préserver et se protéger, celui qui souffre le plus peut toutefois refuser une prolongation d’attente. Ce n’est en effet pas obligatoirement la meilleure solution de repousser trop longtemps la résolution au moins partielle d’un conflit. Pour garder son équilibre, et parfois sa santé, il faut en effet savoir prendre une décision courageuse qui engage notre avenir …

Apprendre à dire oui à ce que nous attendons, apprendre à dire non à ce que nous refusons, pour être vraiment soi-même, pour apprécier sa vie, même si ce n’est pas automatiquement accepté par les autres, nos proches, notre conjoint, nos collègues, n’est-ce pas parfois essentiel ? Pour être vraiment vivant, pour nous respecter nous-mêmes, pour exprimer notre propre humanité.

Nous n’avons pas à prouver quoi que ce soit. Nous n’avons qu’à « être » pour, peut-être, accepter la divinité qui s’éveille en nous …

Pascal JACQUOT

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