Parures ; ridicule et dignité

Il n’est pas besoin de caméra pour s’en assurer : les variétés vestimentaires fleurissent. J’ai eu l’occasion dernièrement de le constater moi-même en attendant que ma femme me rejoigne après une consultation médicale. J’étais dans ma voiture stationnée dans une rue commerçante de Nancy à une heure de grande affluence et j’ai pu observer les nombreux passants divers et diversement parés ! Jeunes alertes et moins jeunes avec une canne ; messieurs costumés et dames au nombril à l’air ; shorts provocateurs et robes amples et caressant le sol ; les tenues sont bigarrées et parlent des choix de leur monture ! Je n’en relèverai que quelques-unes.

Sont-ils des cadres respectés ou des commerciaux élégants avec leur cravate et leur serviette à la main, ils respectent les codes de la mode qu’on a choisis pour eux. Avec leur pantalon serré en tuyaux de poêle qui moulent leurs jambes et leur veste courte et étriquée qui valorise leur ventre en besace, les dandins n’ont pas choisi la beauté naturelle mais la conformité à une vogue momentanée. Dessiné dans des cabinets, le style de la coupe épanouit davantage les portefeuilles des fabricants que les silhouettes des bénéficiaires. Malgré le défi climatique, il ne se préoccupe guère de la masse carbone inutile engendrée. Et en effaçant le ridicule, la publicité ôte tout scrupule pour déconnecter les responsabilités …

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Que dire alors des jeans neufs et déchirés, des tenues légères et peu gratifiantes que les chaleurs printanières ont encouragées ? Chacun peut avoir son opinion mais, si déceler les traces d’un slip étroit derrière un short rétréci ou découvrir des masses graisseuses sous un court jupon, peuvent inviter à la compassion, la liberté vestimentaire ne gratifie pas toujours les libertaires ! Et favorise les réactions de beaucoup qui ne partagent pas ce qu’ils estiment du sans-gêne !

Derrière le pare-brise de ma voiture, je m’étonne alors en effet du nombre important de tuniques longues, dignes et décentes d’expatriées, migrantes ou sans papiers peut-être, plus vraisemblablement françaises depuis une génération seulement et d’origine africaine. Ces tenues et vêtements légers, pour l’été et le printemps, de femmes voilées ou non et musulmanes ou non, se sont, me semble-t-il, en effet considérablement répandues ces dernières années. Faut-il le constater ? sans aucun doute ; être surpris, s’en offusquer ? peut-être ; mais surtout en analyser les raisons.

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N’est-ce pas en effet une réponse indirecte et une digne réaction à trop de légèretés, à un manque de distinction, à un défaut de respect de son apparence de nos concitoyens ? N’est-ce pas aussi une leçon à tous les critiques de « Reconquête[1] » qui refusent d’accueillir l’étranger, l’exilé avec ses valeurs ? Les voiles dénigrés nous semblent peut-être d’un autre âge mais ces tenues valorisent les personnes qui les portent, les rendent belles, ״chic״ … Elles nous parlent de toute façon ; elles me rappellent ma grand-mère avec sa longue robe vaporeuse, son « fichu » ou son voile dans les cheveux … et qui ne serait jamais sortie dans l’espace public « en cheveux », comme on disait à l’époque, mais toujours avec un foulard ….

Alors, ne sommes-nous pas parfois aussi ridicules en suivant une mode passagère ou légère avec des habits qui serrent ou dévoilent le corps ? On peut penser ce que l’on veut des manifestations, des réactions de certains de nos concitoyens mais aujourd’hui, plutôt que de les critiquer, ne faut-il pas aussi apprécier les manières pudiques de s’habiller ?

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Pascal JACQUOT  


[1] Parti de P. Zemmour

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