L’honnêteté peut-elle se concilier avec le mensonge ?

L’honnêteté peut-elle se concilier avec le mensonge ?

Oser être authentique …

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Pour être heureux, cessons de mentir.

« Nous serions tous bien plus heureux si seulement nous cessions de mentir, » explique A.J Jacobs, journaliste, en relatant les propos de Brad Blanton, psychothérapeute, qui est le leader et le créateur du mouvement « Honnêteté Radicale ». Jacobs renchérit :

« Blanton soutient que nous devrions nous débarrasser des filtres présents entre notre cerveau et notre bouche. Si vous le pensez, dites-le. Faites part de vos plans à votre patron pour démarrer votre propre entreprise. Si vous nourrissez des fantasmes envers la sœur de votre femme, Blanton affirme que vous devriez le dire à votre femme ainsi qu’à sa sœur. C’est le seul moyen d’entretenir des relations authentiques. C’est le seul moyen de faire reculer l’aliénation néfaste qu’engendre la modernité. Et pas question de s’étendre et de dire davantage que la vérité. »

Le type de mensonge le plus lourd est de cacher ou de garder pour soi des informations destinées à un être qu’on pense incapable de les gérer. Ce type de mensonge entraîne des maladies psychologiques des plus sévères. La guérison devient possible seulement par la libération acquise en cessant les cachotteries. Garder des secrets et dissimuler est un piège. Le mental est une prison bâtie sur des foutaises. La cause fondamentale du stress, de la dépression et de la colère est due au fait de  » vivre en s’inventant une histoire et mentir pour ne pas lui déroger  » écrit Brad Blanton

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Pour être heureux, soyons honnête.

Être honnête n’est pas juste s’abstenir de mentir, frauder, voler ou tromper, c’est parler et agir en toute sincérité. L’honnêteté consiste à faire preuve de respect, d’intégrité et à avoir conscience de soi. Elle est la base de la confiance et des relations sociales. Elle nous donne de l’espoir, de la confiance, de la compassion et elle améliore nos prises de décision.

« Parler d’honnêteté, c’est parler de conscience, de droiture, de fidélité, de franchise, d’incorruptibilité, d’intégrité, d’exactitude, d’irréprochabilité, de justice, de loyauté, de moralité, de probité. On peut parler d’honnêteté de reconnaitre, d’honnêteté de dire les choses telles qu’elles sont, d’honnêteté d’admettre nos erreurs, d’honnêteté d’avouer nos fautes. Ça nous amène à parler d’honnêteté intellectuelle, d’honnêteté parfaite, de grande honnêteté, d’honnêteté journalistique, et quoi d’autre encore ». précise Normand Gosselin dans « L’honnêteté ».

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La vérité, toute la vérité ; sans exclure les mensonges de courtoisie ?

Mais être honnête avec tout le monde, tout le temps, tous les jours, à chaque instant, n’est-ce pas devenir cruel ? Une totale honnêteté n’est-elle pas contraire à la vie en communauté ? Il y a en effet tous ces petits mensonges de courtoisie que tout un chacun aime professer à longueur de journée. Toutes ces excuses légères : « Navré, je n’avais pas vu ton email », « Oui, oui, cette nouvelle coupe de cheveux te va à ravir ! » …, qui permettent de réduire des divergences, de dissimuler des maladresses, de dissiper des incompréhensions …

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« La vie est difficile » affirme Scott Peck, psychiatre mondialement connu. Dans son livre « Le chemin le moins fréquenté », il définit trois niveaux de mensonge :
1. le mensonge noir : c’est lorsqu’on dit le contraire de la vérité tout en sachant que ce qu’on dit est faux.
2. le mensonge gris : c’est lorsqu’on déguise la vérité ou qu’on dit une chose incomplète.

3. le mensonge blanc : c’est lorsqu’on ne fournit pas une information importante que nous connaissons, donc une autre forme de mensonge, un manquement à la franchise.

Scott Peck nous invite à ne plus fuir ce qui fait mal en utilisant des subterfuges ou des excuses. Nos comportements dans la vie et les erreurs de jugement que nous faisons, surtout face à nous-mêmes, sont cause de nos souffrances, de nos névroses, de nos difficultés ou échecs, voire de la dépression ou des maladies. Un obstacle à la prise de responsabilité est la peur de la liberté : nous essayons d’éviter la souffrance engendrée par la prise en charge de nos problèmes.

Les gens honnêtes vivent en réalité ouvertement et, par le courage nécessaire à cette vie d’ouverture, ils se libèrent de la peur. Notre bon sens doit modérer nos émotions pour accepter le changement nécessaire. Le « comme avant » ne peut plus se justifier ; il faut renoncer à son « moi d’avant » pour trouver la joie la plus durable et la plus solide, avec le « vrai moi » enfin reconnu et apprécié.

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Alors, est-il bon de dire toute la vérité à tout le monde et tout le temps ? D’ailleurs, l’Homme en est-il seulement capable ?

A chacun de mesurer le poids de ses déclarations mais si mentir aux autres est préjudiciable, se mentir à soi-même est certainement le pire. Car l’intégrité, l’honnêteté envers moi-même, doit me conduire à ne pas accepter d’affirmer des propos, de poser des gestes qui sont à l’encontre de mes propres valeurs.

En fait, pour ne pas mentir à moi-même je ne peux pas tromper les autres et, je dois, de toute façon, respecter mes propres valeurs !

                        Pascal JACQUOT

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PS En complétant cette page, chaque lecteur est invité à préciser ses observations, ses critiques ou conseils ci-dessous dans un « commentaire » personnel !

Un commentaire

  1. Je recommande la série The Good Place qui traite de ce sujet. Elle existe en DVD et je crois qu’elle est sur netflix. L’auteur, Michael Schulr, a même écrit un livre publié chez Philosophie magazine éditeur : Comment être parfai (non, il n’y a pas de faute d’orthographe).

    Concernant le mensonge, il est nécessaire dans des périodes sombres face au nazisme, par exemple : si un nazi demande où se cachent des juifs, il faut bien évidemment lui mentir. Mentir peut aussi être nécessaire pour se protéger là encore de la société où on vit : une personne homosexuelle vivant dans un entourage homophobe peut la pousser à mentir pour se protéger physiquement mais aussi ne pas être exclue de la société, voire même par ses parents. En parlant de parents, eux aussi doivent mentir à leurs enfants pour les protéger : quand les enfants font des « dessins » , les parents ne peuvent pas tous les conserver comme des trésors. Ils vont en jeter, forcément. D’une part ils diront à leurs enfants que c’est joli pour ne pas les peiner et d’autre part ils ne jetteront pas le dessin devant eux. Les mensonges servent à se protéger mais aussi à protéger les autres.

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