Le progrès … et ses exigences !

    Depuis quelques décades les connaissances et les progrès techniques se sont considérablement développés. On analyse beaucoup mieux les besoins du corps humain et les richesses de la planète, on maîtrise davantage les sciences économiques, biologiques et on sait les fragilités industrielles … Aussi, l’on ne peut qu’apprécier les améliorations que les découvertes nous apportent : les transports simplifiés, les nouvelles opérations chirurgicales possibles, les travaux facilités, les prévisions météorologiques sûres !

    Toutes ces évolutions qui semblent heureuses et favorables ne peuvent cependant être réellement positives que si elles cultivent en même temps les vertus démocratiques de solidarité et fraternité pour que les avantages de certains ne dégradent pas le nécessaire des autres. Or, si la facilité de vie, le confort comblent certaines catégories sociales dans certains pays, dans d’autres pays des catégories populaires semblent surtout pâtir davantage de la conjoncture. Jamais en effet, semble-t-il, malgré les sciences, malgré les capacités offertes, la situation n’a été aussi fragile et les risques aussi grands. Pourquoi ?

    La population était autrefois essentiellement rurale. Les paysans représentaient plus de la moitié des habitants comme, aujourd’hui encore, c’est le cas dans de nombreux pays. Beaucoup d’artisans, de commerçants et même d’ouvriers complétaient leurs ressources en élevant une vache, un cochon, des lapins et des poules, en travaillant un lopin de terre d’où ils prélevaient légumes pour leurs familles et semences pour les cultures de l’année suivante. Si la plupart vivaient sobrement, parfois même pauvrement, ils étaient toutefois autonomes, sauf en période de disette ou de conflit, et assurés ainsi de disposer d’un minimum pour subsister, sur le plan alimentaire comme sur le plan chauffage. La solidarité entre membres d’une famille, l’entraide entre voisins et proches étaient en plus un réel secours spontané en cas de nécessité. D’autant plus facilement d’ailleurs que les autres besoins, comme l’habitat et l’habillement, étaient très limités. Sur le plan thérapeutique par exemple, on ne consultait guère le médecin et les remèdes de « bonne femme », souvent à base de plantes locales bien connues et parfois efficaces, les interventions de rebouteux, les soins de guérisseurs avec secret familial étaient à la disposition et à la portée de tous.

    Aujourd’hui, même à la campagne, on a souvent oublié les sagesses traditionnelles et on vit aussi replié qu’en ville. Certains choisissent le village pour pouvoir acheter une maison ou un terrain moins cher mais ils ne cultivent même pas un jardin pourtant disponible. Les agriculteurs eux-mêmes, de moins en moins nombreux, s’ils savent manœuvrer habilement leurs machines avec un ordinateur à bord, ont parfois perdu le bon sens paysan ou le savoir-faire de leurs ancêtres en devenant des « exploitants » agricoles ou des « industriels » ruraux … Pour obtenir un foncier suffisamment important et acquérir des machines et des bâtiments adaptés, leurs charges sont très lourdes et leurs revenus aléatoires. La rationalisation du travail entraîne des spécialisations de plus en plus poussées avec des transports supplémentaires et des pollutions nouvelles. Cette automatisation écrase les entreprises familiales, développe la subordination et ouvre la porte à de sérieuses difficultés lors des aléas climatiques ou des épidémies.

    Ainsi, si ruraux comme citadins peuvent s’offrir aujourd’hui davantage de confort et de loisirs, tous sont en réalité de plus en plus dépendants des situations économique, sociale, sanitaire locales et internationales. Et, pour se protéger, pour prévenir les épreuves, les assurances, les mutuelles, les enceintes ou murs de protection, les contrôles, les caméras vidéo fleurissent mais ne suffisent pas à pallier les peurs, les craintes, la méfiance qui se multiplient … Les autorités, pour défendre leurs ressortissants établissent alors des « états d’urgence » et, à partir des problèmes terroristes, épidémiques, climatiques, des « pass » ou règles qui, pour être provisoires, se prolongent et briment les libertés individuelles pourtant essentielles. Et même dans les pays qui ont la chance de permettre la démocratie, les résultats obtenus sont aléatoires ou pas assez rapides, ce qui favorise indirectement les pouvoirs autoritaires, voire les dictateurs …

    Les guerres qui ont hélas brisé tant de familles au 20ème siècle prennent en effet aujourd’hui une nouvelle forme : dans une mondialisation trop rapide et mal maîtrisée, les vagues successives de migrants de plus en plus nombreux qui arrivent d’Asie, d’Afrique et qui entraînent des drames aux frontières, dans les mers, sont la conséquence de dérèglements qui nous interpellent et que l’on ne peut normaliser uniquement par des solutions simplistes en nous enfermant frileusement dans l’hexagone. Il ne s’agit pourtant pas de regretter le passé qui est lourd de tant de souffrances et d’erreurs mais il faut construire un avenir sans s’isoler et sans renoncer aux valeurs essentielles qui laissent espérer au plus grand nombre de vivre décemment. Cela n’est possible qu’en reconnaissant que la planète a des ressources limitées et donc en acceptant une sobriété heureuse accessible à tous, ce que le modèle néolibéral ne peut permettre. « Liberté, égalité, fraternité, laïcité », la sage devise de notre république reste un objectif qu’il faut continuer à bâtir avec confiance, sans égoïsme mais aussi sans se lasser et en prenant les décisions courageuses et généreuses indispensables.

    Le véritable progrès ne peut s’ériger que dans le respect de la nature et des êtres qui en dépendent. Le véritable bonheur ne peut se partager qu’avec un souci d’utilisation pondérée des richesses disponibles qui nous sont offertes. C’est à la fois simple mais aussi exigeant et c’est surtout la chance de notre époque de pouvoir y participer concrètement, chacun à sa place et à sa mesure. En restant vigilant et en accordant sa confiance à des programmes sûrs et élaborés par des équipes plutôt qu’à des hommes ou à des femmes dont les mots resteront des promesses. A la veille d’élections importantes, il est utile de se le redire !

                                                                                         Pascal JACQUOT

En cette période difficile de pandémie, chacun est invité à essayer de comprendre les causes de la situation :  Voici un livre ou une vidéo vraiment utile :

« Le grand désordre hormonal;  Ce qui nous empoisonne à notre insu », livre de Corinne LALO (19 €) ;  Vidéo de présentation (durée, 14 min) avec TV5 Monde qui est une chaîne du service public français, cliquer :

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