Laïcité

Dominique Lerch

Appel du 9 décembre 2019

Notre inquiétude est grande. Depuis maintenant de trop nombreuses années, la laïcité est l’objet de remises en cause qui en faussent le sens et la portée. Ses plus anciens adversaires l’utilisent pour exclure une partie d’entre nous et en font l’étendard de leur haine raciste, tandis que certains en contestent les fondements et veulent enfermer chacun dans des identités figées. D’autres, enfin, y voient l’occasion de mettre en avant le fantasme d’une société amputée de toute diversité.

Aujourd’hui, ces discours et ces actes émanent d’acteurs politiques, associatifs et religieux, de penseurs célébrés, de femmes et d’hommes de tous horizons. Comme si l’urgence était à multiplier les atteintes au contrat social ! Car c’est bien de cela dont il s’agit : adversaires et faux amis de la laïcité s’acharnent à saper ce que la République a mis plus de deux siècles à construire. Il est urgent d’y mettre un terme.

La laïcité est un principe issu des valeurs fondatrices de notre vivre ensemble. La liberté, car elle garantit à chacun la liberté absolue de conscience, de pratiquer, y compris publiquement, le culte de son choix ou d’en changer, comme le droit de n’en pratiquer aucun et de contester les dogmes et leurs pratiques. L’égalité, en assurant la séparation des cultes et de l’Etat et la stricte neutralité de celui-ci vis-à-vis de ceux-là, ce qui implique de respecter les droits et libertés de toutes et tous sans discriminations. La fraternité, car elle s’ancre dans l’universelle humanité qui précède, en chacun de nous, la diversité de nos appartenances.

Ces principes sont inséparables, malgré les obstacles qu’ils ont rencontrés et qu’ils rencontrent encore, d’une société ouverte à l’Autre et respectueuse des choix de chacun. Les remettre en cause, au nom du soupçon, de l’amalgame ou de la haine de telle ou telle religion, en désignant celui ou celle qui serait l’ennemi de la République et de nos libertés, ne fera qu’alimenter la division, le ressentiment et la violence.

C’est pourquoi, nous réaffirmons notre attachement à l’esprit et à la lettre de la loi de 1905 et à sa conséquence, la neutralité des institutions et des services publics. Nous en avons plus que jamais besoin pour affronter, ensemble, les défis posés à l’époque par l’urgence sociale, l’urgence environnementale, l’urgence démocratique.

C’est pourquoi nous condamnons les actes et les propos qui feraient de la laïcité une arme d’exclusion ou de discrimination ou l’alibi d’une assignation à résidence, comme ceux qui justifieraient la prééminence d’un dogme sur les lois de la République.

C’est enfin pourquoi nous nous engageons à respecter et faire respecter ces principes et que nous appelons les pouvoirs publics à s’engager dans la même voie et à être irréprochables en la matière.

Dominique Lerch

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