Par Denis LEDOGAR –
Tout marin, tout passager qui monte dans un bateau attend et espère une traversée sans histoire. Ainsi étaient les apôtres… ainsi chacun de nous attend et espère une traversée paisible de la vie. Mais voilà… Il n’y a pas de vie sans tempête, sans orage. Qui n’a pas failli chavirer sous les rafales de la douleur, du désespoir, de la révolte, des questions sans réponses ? Oh ! non, il n’y a pas de vie sans tempête. Mais il y a des barques plus fragiles et des tempêtes plus violentes que d’autres. Comme cette tempête de douleur qu’est la disparition d’un être cher. Confronté à la plus grande des souffrances, on a envie de hurler, on a envie de cogner, simplement parce qu’on n’a pas pu empêcher ce qui est arrivé, parce qu’on se découvre impuissant face à des forces déchainées et implacables qui bousculent nos convictions, et qui arrachent sur leur passage nos ultimes certitudes. Alors seulement on fait la tragique expérience de la plus radicale pauvreté, car la mort d’un proche nous dépouille de nos mots, de nos fondements intimes, de notre courage, de nos rêves… Emporté dans la tempête, comme les apôtres, oui on a peur : on a peur d’aujourd’hui et peur de demain, peur du jour qui se lève, peur de la nuit qui va tomber ; on a peur de la solitude, peur de ne pas pouvoir y arriver seul ; on a peur des autres et de soi-même
Passage page 17 tiré du livre Editions Pocket