La Pâque du pape François

Par Christine Pedotti
C’est peu dire que le pape François, homme des gestes forts, aimant les symboles, n’a pas raté sa sortie. Le jour de Pâques, négligeant les recommandations les plus fermes de ses soignants, il a voulu, encore, traverser cette foule qu’il a aimée et qui le lui a rendu. Épuisé, les bras lourds, le souffle quasiment perdu, il a encore béni les petits enfants qu’on lui présentait. Et, malgré cet immense épuisement qui nous serrait le cœur, il était heureux, à la place qu’il a toujours préférée, au milieu des gens. À Rome, François a toujours été comme un migrant qui n’avait pas complètement posé sa valise, occupant une chambre et un bureau à la maison Sainte-Marthe, qui est prévue pour accueillir des hôtes de passage. Au Vatican, il s’est senti étranger, et a été perçu comme tel. Il a beaucoup irrité, en montrant son évident mépris des marbres, des ors et des fastes, dans un petit monde épris d’étiquette et de formalisme. Bien sûr, on peut reprocher à François beaucoup de demi-mesures. Quelques pas en avant, avec par exemple la nomination de femmes à des postes clés du gouvernement de l’Église, quelques refus devant l’obstacle, comme celui de l’ordination d’hommes mariés à l’issue du synode d’Amazonie, et, sur la question des femmes, des propos qui semblaient d’un autre temps, laissant à celles-ci le monde du soin, de la maternité et aux hommes celui de diriger les choses – une division genrée appuyée sur l’idée de complémentarité, très éloignée de toute notion de parité. Pour autant, il faut reconnaître à ce pontificat une très grande vertu, celle d’avoir mis les plus petits, les plus fragiles, les plus vulnérables à la première place. Inauguré sur l’île de Lampedusa – « Dieu demande à chacun d’entre nous : “Où est le sang de ton frère qui crie vers moi ?” » –, il s’achève avec une visite à la prison Regina Cœli ce dernier Jeudi saint. Ce pape n’était pas sans défaut et il ne cachait guère son « mauvais » caractère. Nul ne crie pour lui « Santo subito ». Il a pourtant été au cours des douze dernières années un visage profondément évangélique. En ce lundi pascal, Dieu l’accueille : « François, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître. »
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