Après la Haute-Garonne, le candidat PS aux élections européennes s’est déplacé en Meurthe-et-Moselle. Fort de bons sondages, Raphaël Glucksmann espère créer la surprise.
Il n’est pas 8 h 30, gare de l’Est, qu’il a déjà entamé son paquet de cigarettes. « Promis, j’arrête de fumer le 9 juin si les résultats sont bons. » Stressé, Raphaël Glucksmann ? Rassuré, plutôt. Les sondages le placent entre 11 et 13 %, loin devant les Verts et les Insoumis (entre 6 % et 8 %) et à cinq points de la candidate LREM, Valérie Hayer. Une sacrée surprise pour le camp social-démocrate.
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De quoi oublier la campagne ratée des Européennes 2019 (6,19 %) ? « Si on ne se fixe pas d’objectifs chiffrés, c’est vrai qu’il y a cette fois une dynamique et une attente beaucoup plus fortes autour de nous. On a l’espoir de créer la surprise », explique prudemment Raphaël Glucksmann. En cinq ans, le candidat PS a pris de la bouteille. « Je suis différent, j’ai un mandat, un bilan, les idées plus claires et les propositions plus nettes, estime-t-il. En 2019, je découvrais la politique, depuis j’ai pu expérimenter ce que faisait l’Europe – et ce qu’elle ne faisait pas – et j’ai aussi appris qu’elle pouvait transformer la vie de chacun. »
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Ce 27 mars, il est donc venu parler de ce que peut l’Europe en matière d’industrie, de recherche et d’insertion sociale, à Nancy, en Meurthe-et-Moselle, une terre « ravagée par les délocalisations et les politiques commerciales iniques », souligne le député européen. Première halte dans les services de pointe de traitement et détection du cancer du CHU de Nancy, financés en grande partie par des fonds européens. Nullement rebuté par la technicité du sujet, l’élu, curieux et avide de comprendre, bombarde les chercheurs de questions. « J’ai passé l’année dernière à accompagner des proches atteints du cancer », confie-t-il, ému.
Après un déjeuner avec des militants PS, place aux jeunes. Un amphi bondé d’étudiants de Sciences Po Nancy attend la tête de liste du PS. L’occasion de plaider en faveur d’une Union européenne fédérale et puissante, dotée d’un véritable budget, et de répondre aux questions brûlantes. Comme celle d’un étudiant l’interrogeant sur ses « incohérences sur le conflit israélo-palestinien ». « Ma cohérence me conduit à condamner les crimes abominables perpétrés à Gaza et à Rafah par le gouvernement d’extrême droite israélien, contre qui j’ai demandé des sanctions. De même, contrairement aux intox, j’ai fait adopter par mon groupe une résolution pour un cessez-le-feu immédiat et permanent, rappelle Raphaël Glucksmann. Mais j’ai aussi pris la mesure de ce qui s’est passé le 7 octobre et suis capable, en cohérence, de dire que le Hamas est une organisation terroriste. » Un tacle à peine voilé aux Insoumis. Quant à l’usage du terme « génocide » ? « J’y fais très attention, conformément au droit international et à la position exprimée récemment par la Cour internationale de justice, qui parle d’un risque. »
Changement de décor avec la visite, dans l’agglomération de Nancy, de la cimenterie de Xeuilley, l’un des sites les plus polluants de France, récemment converti aux bienfaits de la décarbonation. S’en est suivie une réunion à huis clos avec des industriels de la région, au cours de laquelle la tête de liste a défendu le « protectionnisme écologique européen » qu’incarne à ses yeux le Pacte vert. « La transition écologique, vitale pour la planète, est aussi une immense opportunité de réindustrialisation, une chance de redevenir maître de notre destin et producteurs de biens et d’énergie », harangue-t-il. La journée se prolonge par une rencontre avec l’école de la seconde chance et les acteurs de la mission locale du Grand Nancy, avant une interview à France 3 Régions et une conférence de presse à 19 h 30, pour se conclure à partir de 20 heures par un meeting ayant pour thème la construction d’une autre Europe devant six cents militants…
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Un marathon nancéien qui n’est qu’un avant-goût de ce qui attend Raphaël Glucksmann avant le 9 juin. « On a prévu quatre-vingt réunions publiques et une quinzaine de déplacements dans toute la France d’ici l’élection », explique-t-on dans son entourage. Un candidat à la rencontre des Français pour casser l’image de « bobo parisien » qui lui colle à la peau. « Jusqu’à présent, il était sur ses sujets forts, notamment l’international, dorénavant il va falloir parler au peuple de gauche du régalien et des sujets économiques et sociaux », prévient un cadre du PS.
Raphaël Glucksmann y croit : « On est dans un moment social-démocrate, un moment de reprise en main. Les gens suffoquent de ce sempiternel duel installé entre Macron et l’extrême droite. » La remarque vaut pour les élections européennes comme pour les présidentielles…
Lionel Lévy
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Publié le 4 avril 2024 par TC : https://www.temoignagechretien.fr/europeennes-vers-un-effet-glucksmann/
