Enfants … travailleurs

Nous sommes émus par ces enfants souvent maigrichons et au ventre ballonné qui portent du bois ou un sceau d’eau sur la tête ;

Nous sommes interpellés par ces enfants en guenille qui tendent leurs mains en ville pour recueillir une petite obole ;

Nous sommes choqués par ces enfants qui recherchent avec leurs petites mains sur un dépotoir, dans une rivière ou dans un puits une pièce récupérable ou précieuse qu’ils pourront revendre ;

Nous sommes scandalisés par ces enfants employés avec un revenu dérisoire dans des entreprises qui fabriquent des chemises ou des pantalons que les occidentaux s’offrent à bon marché …

Mais, devant notre télévision, au cirque ou à divers spectacles, nous admirons la souplesse, les exploits, les prouesses de certains enfants. Ceux qui sont capables de voltiger  comme une plume entre deux cordes, de se contorsionner dans une coquille, de participer à une chorégraphie exigeante. Nous sommes émerveillés, nous applaudissons. Et donc nous encourageons ces pratiques …

Savons nous réellement le temps nécessaire, les efforts indispensables, les souffrances inévitables et peut-être même les conséquences psychologiques et physiologiques inéluctables que ces  performances supposent et imposent ? Avec les entrainements réguliers, les privations exigées, les contraintes successives et de plus en plus poussées … Ces petits bouts d’homme ou de femme de 6, 10 ou même 16 ans ne seraient-ils pas des enfants ?

Pour satisfaire notre soif de l’extraordinaire et du jamais vu, notre goût du toujours plus, pour répondre aussi aux faveurs des indices médiatiques, peut-on ainsi oublier que, derrière l’apparence souriante et heureuse de ces enfants, il y a des intérêts particuliers qui se cachent. Ceux de parents qui se valorisent à travers leurs rejetons, ceux de sociétés qui exploitent les capacités humaines comme des matériaux, ceux parfois aussi de pays qui cherchent à redorer leur blason.

Je ne voudrais pas pleurnicher avec une sensiblerie déplacée et exacerbée. Je sais combien la vie est dure et comme il est nécessaire d’aguerrir les enfants par des activités régulières. Je ne m’offusque pas que des enfants, encore aujourd’hui et comme autrefois d’ailleurs, soient invités à travailler dans une entreprise ou dans les champs pendant les vacances. A condition, bien sûr, que le temps et la tâche soient mesurés à leurs forces et à leur âge. Contrairement à ce que la pensée unique actuelle semble imposer, cela peut être bénéfique à l’équilibre d’un enfant.

Mais que des enfants-esclaves deviennent des vedettes dans nos salles de spectacle ou sur nos écrans de télévision, non pour leur épanouissement personnel mais pour satisfaire des besoins mercantiles ou médiatiques, il y a un pas à ne pas franchir. Or, entre autres*, le cirque de Pékin à Paris et l’émission de Patrick Sébastien à la télévision de service public avec « Le plus grand cabaret du monde » l’ont certainement franchi …

Pascal JACQUOT

* Si vous avez d’autres exemples à citer, merci de les communiquer par votre « avis » ou vos « propositions » (ci-dessus, en dessous des titres d’articles). Merci à l’avance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *