Écolo des villes, écolo des champs

Par Adeline et Alexis Voizard

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Est-il plus facile d’adopter un mode de vie écologique en milieu urbain ou à la campagne ? Ce n’est pas aussi évident qu’il y paraît… Cela dépendra en tout cas des liens que nous tisserons avec notre environnement.

« L’écologie de nos modes de vie ne se résume pas à notre bilan carbone, mais tient aussi à notre capacité à habiter nos lieux de vie »

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Discussions de parents devant la grille de l’école.

— Tu sais que les Martin déménagent ?

— Ils avaient une si jolie maison ! Ils restent dans le village ?

— Non, ils s’installent en ville, ils en ont marre de la voiture et veulent un mode de vie plus écolo !

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Si la nouvelle en surprend plus d’un, c’est qu’il est en effet peu commun de retourner en ville par souci de l’environnement, la tendance étant plutôt à la néoruralité. Et si le Covid n’a pas engendré l’exode urbain annoncé, on voit davantage les citadins aspirer à un cadre de vie plus vert que les campagnards rêver métro-boulot-dodo.

Les clichés ont la vie dure

Pour autant, le vrai écolo vit-il nécessairement au cœur de la nature, loin des bruits de la ville et de la pollution (et, tant qu’on y est, porte un gilet en velours, va aux champignons et se nourrit de plantes sauvages) ? Les clichés ont la vie dure, y compris pour les urbains : le citadin faisant ses courses au marché, s’habillant à la ressourcerie et allant au travail à vélo n’est-il pas vite soupçonné de n’être qu’un bobo déconnecté de la réalité, ultra-connecté et prenant l’avion pour se ressourcer au bout du monde ? Mais alors, comment distinguer le vrai, le bon, le pur écolo ?

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Si la décision des Martin étonne, leur argument s’entend. D’ailleurs, dans la guerre entre écolos des villes et écolos des champs, nombre de militants sont partisans d’une densification des villes. Il est vrai que se déplacer en transports en commun ou à pied et occuper un logement avec moins de surface à chauffer limitent les émissions de gaz à effet de serre. Si le critère retenu était le bilan carbone des foyers, les vainqueurs seraient clairement les citadins, chiffres à l’appui.

Habiter pleinement nos lieux de vie

Mais la méthode, quoique légitime et factuelle, ne nous satisfait pas entièrement. Une moyenne suffit-elle à décréter que tel lieu de vie est écologique et l’autre non ? Nous savons bien que si la ville permet de limiter certaines dépenses, elle est aussi un lieu de tentations liées à la multiplicité des vitrines et des panneaux publicitaires. Elle peut nous couper de la nature, du silence ou même de la rencontre, la proximité n’empêchant ni l’anonymat ni l’isolement. À la campagne, il peut être plus facile de rénover son logement de manière écologique, de recycler l’eau de pluie, de se chauffer au bois ou d’avoir un petit élevage et un potager.

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Finalement, sans doute que l’écologie de nos modes de vie ne se résume pas à notre bilan carbone, mais tient aussi à notre capacité à habiter pleinement nos lieux de vie, où qu’ils soient. Avoir une vie de quartier ou de village, maintenir le lien entre générations, créer des relations d’entraide et de partage avec ses voisins, connaître les plantes et les animaux de son environnement, favoriser la biodiversité, avoir conscience de faire partie d’un écosystème et chercher à le préserver, tout cela a de la valeur et concerne toutes les personnes de bonne volonté. Et c’est tout ce que nous souhaitons aux Martin dans leur nouvelle vie !

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Extrait de La Vie N° 4098

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