AVEC LES AFGHANES, contre l’obscurantisme !
Par Jacques Gaillot –
De manière tout à fait explicite, nous y sommes ! Samedi dernier, le chef suprême de l’Afghanistan a ordonné aux femmes de son pays qu’en public, elles portent la burqa. La violence sociale vient ainsi sceller un chemin dont nous devinions le terme, sans pour autant vraiment le dénoncer avec autant de force qu’il aurait été nécessaire de le faire. David Martinon, Ambassadeur de France, a publié quelques mots résumant avec justesse cette nouvelle situation : « Pensée pour les Afghanes. Celles que j’ai connues sous la République, qui étaient ambitieuses et volontaires. Les mêmes dont les rêves et donc la vie sont désormais niés. La talibanisation du pays est presque achevée. »
La seule once de « liberté » laissée aux femmes est la forme, la nature du voile intégral. Mais c’est bien ce voile intégral avec cette partie grillagée au niveau des yeux qui a la préférence des talibans. Cette partie grillagée qui renvoie à la très engagée chanson de Pierre Perret, La femme grillagée : « Quand la femme est grillagée, Toutes les femmes sont outragées ; Les hommes les ont rejetées dans l’obscurité. » La vie sociale de ces femmes dont on connaît l’importance dans la capacité à « renverser » la table pour construire la modernité est véritablement emprisonnée. Ne pas sortir, ou uniquement lorsque cela est motivé par une raison impérieuse, voilà la règle !
Les femmes sont, de manière formelle maintenant, privées de leurs libertés en tant qu’être humain. Et ce d’autant plus lorsqu’elles seraient en compagnie d’un homme n’appartenant pas à leur famille, afin d’éviter « toute provocation ».
Cette interprétation de la charia est une hérésie, l’islam n’exigeant pas le port d’un voile intégral. Ainsi, la violence des talibans s’est peu à peu installée en commençant par exclure les femmes des emplois publics, de l’école mais aussi de la liberté de se déplacer. Cette violence à tous les étages et sous toutes ses formes a été installée de manière quelque peu perverse, faisant reposer l’application de ces nouvelles règles sur la famille et plus précisément le chef de famille. Le déshonneur et les punitions concerneraient donc les hommes qui sont mis en demeure de faire appliquer eux-mêmes ces violences sociales et de restrictions – pour ne pas dire de suppression – des libertés.
Quel retour en arrière ! Les Afghanes avaient acquis de longue lutte des libertés liées au travail, à l’éducation, à une vie sociale plus conforme à ce que le sens de l’Histoire nous appelle. Pourront-elles, sauront-elles, se lever afin de faire respecter leurs droits et trouveront-elles des relais dans nos démocraties pour les aider en ce sens ?
Pouvons-nous regarder ailleurs lorsque l’essentiel est en jeu au niveau des droits humains ? Regarder ailleurs serait une manière lâche de hiérarchiser des combats qui ne souffrent d’aucune discussion possible. La défense des droits humains ne souffre aucune exception, n’a pas de frontière ni géographique, ni culturelle. Elle est un combat pour ce que l’universalisme a de meilleur. Aucun obscurantisme ou relativisme ne peut, ne doit prendre le pas sur ce que nous avons de plus précieux : les droits humains !
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Jacques Gaillot, évêque de Partenia – mai 2022
décédé le 12 avril 2023 à 87 ans
LES RÉSEAUX DES PARVIS n°118 – septembre-octobre 2023