« Le mot Dieu importe peu »

Par B. Lamy - Pour moi, le mot Dieu était important, parce qu’il rendait présent Quelqu’un ; mais, je découvre que ce mot a une importance toute relative, qu’il ne recouvre pas le Tout et que ce « dieu-en-dehors » n’est pas la Vérité : Dieu ne peut pas être « une personne céleste complètement parfaite, qui réside au-dessus du monde et de l’humanité » ...

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Par Bernard Lamy

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Ces mots de Marcel Légaut dans « Intériorité et Engagement » (p.47) m’ont longtemps posé question dans ma quête de Dieu. Pour moi, le mot Dieu était important, parce qu’il rendait présent Quelqu’un ; mais, avec cette phrase de Légaut, je découvrais que ce mot avait une importance toute relative, qu’il ne recouvrait pas le Tout et que ce « dieu-en-dehors » n’était pas la Vérité : Dieu ne pouvait pas être « une personne céleste complètement parfaite, qui réside au-dessus du monde et de l’humanité ». Je réalisais que j’étais théiste comme le sont souvent les chrétiens occidentaux ; je me suis donc mis à « quitter dieu pour Dieu », à vivre « la foi nue » et à commencer une lente transformation intérieure. Merci à ceux qui ont dénoncé le théisme : J. Robinson, J. S. Spong, P. Tillich et, plus près de nous, José Arregi dans « Dieu au-delà du théisme » (Karthala, 2023).

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Le dieu auquel je croyais n’existe pas : je me sens orphelin parfois, mais authentique et libre avec le regard étonné et émerveillé devant la découverte de ce nouveau Chemin.

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Disparu le dieu magique (deus ex machina) dénoncé par Dietrich Bonhoeffer qui écrivait dans sa prison en 1944 : je dois vivre « etsi deus non daretur, même si Dieu n’est pas donné ».

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Marcel Légaut, dans l’introduction de L’homme à la recherche de son humanité (Aubier-Montaigne, 1971), va préciser la mutation à venir :

« L’auteur de ce livre est chrétien, mais il ne pense pas que les affirmations fondamentales sur lesquelles l’homme doit construire sa vie et lui donner sens, relèvent nécessairement du christianisme […]. En vérité elles sont de l’essence de l’homme. Elles ne dépendent pas fondamentalement d’une religion ou de quelque idéologie philosophique. […] Pour se tenir debout, l’homme moderne doit reprendre son bien » (p.8-9).

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« Une fois dieu mort, qu’en est-il de Dieu ? » demande Arregi : « L’alternative est que l’humanité se libère du dieu tout-puissant construit et convoité, et que l’être humain retrouve sa véritable identité, qu’il respire l’ampleur de l’esprit créatif de la Genèse – Que le monde se fasse –, qu’il se laisse animer par le Souffle profond qui respire en lui et en toute chose. L’alternative est qu’il scelle un engagement de vie avec lui-même et avec toute la nature, un pacte avec le Sacré, une nouvelle alliance avec le Réel, avec le vrai souffle divin qui l’anime et qui anime tout ce qui est » (op. cit., p.107 et 113).

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Une révolution copernicienne à laquelle Marcel Légaut a participé et que nous poursuivons à l’ACML* : il s’agit de reformuler en d’autres termes l’idée de transcendance pour l’homme moderne. C’est un nouvel accès au Mystère.

Le mot dieu importe peu, en effet ; ce qui importe, c’est de poser un regard bienveillant sur le monde, de participer activement à sa transformation, de contempler toute son énergie spirituelle et de la célébrer. 

Le présent que nous vivons devient un présent divin qui nous est offert !

B.L.

  • ACML Association Culturelle Marcel Légaut

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