Arnaque, anonymat et liberté !

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Il ne sert à rien de se lamenter ou de se plaindre d’une situation qui d’année en année semble s’aggraver ! Pourtant qui d’entre-nous peut prétendre de n’avoir jamais été ces dernières années trompé, abusé, escroqué ou arnaqué dans un achat, une garantie ou une promesse ? … Qu’il faille être prudent, parfois méfiant même, bien sûr. Que des propos soient légers et que des promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, peut-être. L’être humain étant fragile, corruptible, il est en effet indispensable de ne pas espérer de lui l’impossible. Ou même seulement le plus juste ou le plus vraisemblable …

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Mais faut-il alors se méfier de tout et de tous ? Des assurances ou contrats souscrits, de son notaire, de son médecin, du garagiste qui entretient sa voiture, du professeur de ses enfants, et même du pompier ou du gendarme qui intervient dans un accident …

Même un être de bonne volonté peut commettre une erreur ou se tromper et il est souvent préférable – tout en prenant des précautions et en gardant une certaine retenue – de lui faire confiance dans le domaine qui est de sa compétence ou le rôle qui est le sien ! Ainsi faut-il accepter -parfois malgré nous parce que cela ne semble pas très juste – la verbalisation d’un représentant des forces de l’ordre ! « Une règle judicieusement établie » s’impose en effet à tous de la même façon !

Il y a pourtant actuellement un mécontentement, et même une colère qui croît et qui incite à la révolte et au refus d’obéir. Elle se développe naturellement chez les plus fragiles, ceux qui ne peuvent ou ne savent pas se défendre mais elle s’insinue aussi de plus en plus chez les modestes et les traditionnellement dociles. Pourquoi ?

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Si je vole quelques bananes dans un commerce, je suis répréhensible ; si je dépasse avec mon véhicule une vitesse limitée, je suis passible d’une contravention … Or le truand qui trompe, sévit ou vole malicieusement, se sent intouchable. N’invite-t-il pas automatiquement les révoltés à le copier ? En effet, s’il frelate par internet un dossier, s’il trompe un pauvre bougre avec une fausse adresse, s’il lui substitue sa carte de crédit bancaire ou sa carte Vitale pour l’exploiter anonymement depuis un autre pays, il bénéficie incognito de sa perversité et il est à l’abri !

Ainsi, pour ne pas être reconnus, suivis et donc éventuellement poursuivis, les plus dégourdis affirment :« je crée des adresses courriel multiples qui me permettent d’exploiter une situation sans laisser de trace ; je peux en générer rapidement autant que je veux, des aléatoires, des périodiques, des momentanées : ainsi je vends ma voiture sans qu’on devine le propriétaire ; je regarde des vidéos pornographiques sans poser d’empreinte ; je donne mon avis avec un pseudonyme sans m’engager ; oui, je suis libre, je reste libre et surtout qu’on ne cherche pas à altérer, à modifier, à réduire cette liberté ouverte ! »

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Comment peut-on alors accepter que -sous couvert d’anonymat- l’on admette ainsi de tromper sans être immédiatement et automatiquement mis en cause ? Naturellement, celui qui parle s’engage ; celui qui écrit assume ses propos … Mais celui qui frelate, trompe, vole par messagerie informatique, peut continuer ses malversations sans être inquiété !

Or, le pouvoir qui se prétend au-dessus des intérêts partisans se doit de protéger concrètement tous ceux dont il est responsable, et bien sûr toutes les victimes des arnaqueurs ! Mais, à cause des relations internationales compliquées ou des intérêts particuliers interpelés, pour éviter la critique ou être aussi plus facilement réélu aux échéances, mais soi-disant, pour protéger la liberté de chacun, il craint de prendre les décisions qui s’imposent et repousse des choix pourtant indispensables …

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Deux questions pour conclure. Quand l’anonymat ne protégera-t-il plus tous ceux qui se permettent d’encombrer notamment notre messagerie avec de fausses nouvelles, des invitations mensongères et des appels habiles mais indécents pour nous extorquer ? Quand nos responsables accepteront-ils de distinguer la liberté de répartir ou de partager qui anoblit l’homme avec la liberté de tromper ou d’exploiter qui l’avilit ? Tout citoyen responsable ne doit-il pas savoir afficher et assumer ses choix, ses gestes et son implication !

                                            

Pascal JACQUOT

Un commentaire

  1. Bravo Pasacal pour ces réflexions que feraient bien d’avoir nos dirigeants. Les réseaux sociaux sonr devenu comme le capitalisme sauvage : débridés où l’on ne pense qu’à soi !

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