Le présent est à la fois instant et éternité

L’homme a besoin de justifier ce qu’il vit, d’expliquer ce qu’il croit comprendre. En utilisant le mot « dieu » ou « Dieu », il exprime la puissance du créateur ou de l’inexplicable, il s’effraie ou s’émerveille de son rôle, il devine sa Force, son Amour, ses Foudres, ses Grâces…

Comment l’homme peut-il penser ou expliquer autrement qu’avec ses facultés d’homme ? Et comme il conçoit difficilement une horloge sans horloger, un monde aussi riche que le nôtre sans Trésor, un présent aussi cruel sans Eternité douce, il crée un « Dieu à son image », avec ses perceptions mais sans ses imperfections : il est le plus grand, infini, immortel, omniscient, omnipotent…

Mais Dieu, s’il « existe », s’il est, ne pense pas, ne domine pas, ne rêve pas puisqu’il ne mange pas, ne dort pas, ne naît pas, ne meurt pas… Il est Autre. Il est l’inconcevable, l’inimaginable… que nous ne pouvons même pas nommer avec nos mots. Et toute image, toute représentation, toute illustration, toute explication de « Dieu » ne peut être que fausse ou au moins incomplète. Seuls des symboles, des approches artistiques, des poèmes peuvent peut-être un peu l’évoquer. Et c’est l’acte de foi, le pari de Dieu, tout à fait respectable, auquel chacun est peut-être invité… car on ne pourra jamais démontrer son existence ou sa présence sinon ce serait une vérité scientifique !

Et « Dieu », s’il est, s’il est tout autre que ce que l’on peut concevoir et ne peut pas se dire, est peut-être un peu mon esprit et ce que je crois parfois sentir sans jamais pouvoir le dire. Il est à la fois avec moi et sans moi; il est peut-être aussi Présence que Silence ; le présent qui se prolonge indéfiniment et qui se renouvelle sans cesse, à la fois instant et éternité ; le silence où l’on croit entendre parler l’absence. Parfois, quand je me sens bien en moi, bien dans mon environnement, que je médite en appréciant le moment qui passe pour ne jamais revenir mais aussi ne jamais mourir, je me dis que dans mon silence confiant où rien ne compte plus, le « dieu » qui m’habite « est » certainement mon enthousiasme, mon émerveillement, mon cheminement. Bien autre que tout ce que j’ai pu apprendre, bien différent de ce que je peux imaginer. Surtout s’il est simplement ce qui reste de moi quand je ne suis plus et qui ne finit pas.

Ainsi, loin des religions enseignées, mon esprit se nourrit-il spirituellement d’un dieu « Autre ». Et pourtant je ne saurais me dire athée parce que la définition actuelle de Dieu, qui ne correspond pas à ce que je crois sentir, me semble tout à fait passagère et ne saurait être immuable !

 Pascal JACQUOT

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