Nous savons tous qu’une balance, je parle d’une balance traditionnelle à plateaux bien sûr, n’obtient son équilibre qu’après avoir obtenu son contrepoids exact et que cet équilibre reste cependant très fragile… Mais le groupe Oxfam Agir Ici 54 sur le Marché du monde n’a-t-il pas aussi exploité une balance pour interpeller les visiteurs en plaçant d’un côté un petit téléphone portable et de l’autre les quantités imposantes de marchandises nécessaires pour un Africain qui souhaitait ce téléphone ?
Nous avons tous remarqué que l’équilibre est toujours difficile à obtenir. Tandis que l’un le recherche à travers un régime drastique, un emploi du temps fort maitrisé, un autre ne semble pouvoir y goûter un peu qu’avec du flegme et des relations qui peuvent sembler capricieuses… Chacun assume son équilibre comme il peut avec plus ou moins de difficulté et c’est bien sûr la responsabilité individuelle de conduire sa vie pour obtenir un équilibre le plus solide possible.
Mais notre équilibre n’est en effet jamais totalement stable parce que nous évoluons, parce que les conditions de vie se modifient et nous ne sommes jamais à l’abri d’interpellations imprévues. Problèmes de santé, difficultés sentimentales, soucis professionnels, interpellations familiales, inquiétudes sociales ou politiques nous interpellent constamment, nous assaillent souvent et parfois même hélas nous écrasent…
Comment faire face, comment assumer le quotidien, comment garder l’équilibre dans les méandres de la vie, dans les épreuves imprévisibles ? Il n’y a évidemment pas de réponses simples et faciles. Mais j’ai toujours admiré la petite pierre qui avait un rôle unique dans un mur, la plus mauvaise tuile qui était indispensable dans une toiture, le moindre petit grain de sable qui fait partie de cet énorme tas permettant les constructions gigantesques. Alors, mon copain, mon voisin, noir ou blanc, sans papier ou à col blanc … comment pourrais-je les reconnaître moins que cette pierre, cette tuile ou ce grain de sable puisqu’ils font partie intégrante de ce monde précaire, de cette humanité désorientée, de ce peuple en marche ? Et moi aussi bien sûr qui fais partie de ce convoi non choisi, comment pourrais-je me déprécier et ne pas accepter un rôle au moins aussi noble que cette pierre, cette tuile ou ce grain de sable ! Car en plus nous avons un intelligence, un cœur… Mais n’est-il pas indispensable que, pour nous en servir un peu mieux, nous continuions toujours à apprendre à écouter, partager spontanément, doucement, librement mais régulièrement.
Pascal JACQUOT