Si l’on n’a jamais eu soif en voyageant dans un milieu aride, on ne peut guère imaginer le plaisir de découvrir et de boire un peu d’eau naturelle. En marchant seul dans une forêt équatoriale dense où la chaleur humide appelait moustiques et bestioles diverses, il m’est arrivé de rechercher longuement cette eau. L’eau ne manquait pas mais, partout, elle était stagnante et chargée de déchets variés. Si les autochtones en buvaient couramment, les services occidentaux d’hygiène invitaient les européens à s’en méfier à cause des risques infectieux. Aussi, pendant des kilomètres de marche, avec mon sac sur le dos, j’ai été en quête du liquide rare et je me souviens encore du bonheur éprouvé en découvrant enfin une source sûre.
Une eau claire, une eau pure que l’on boit avec plaisir pour se désaltérer, c’est peut-être banal mais c’est aussi tellement précieux. L’eau est indispensable à la vie ; elle constitue même l’élément essentiel de toute vie. Dans nos régions favorisées, nous ne savons souvent pas l’apprécier suffisamment et les dérèglements climatiques actuels nous interpellent sur les conditions de sa protection et de son emploi.
Or, les facilités de transport, l’évolution des procédés agricoles, la banalisation de l’utilisation de pesticides ne semblent guère avoir pour préoccupation essentielle la protection de cette eau irremplaçable. Pour le montrer, je relève deux exemples seulement :
En pleine campagne, à certains endroits de France, à cause de pesticides maintenant interdits mais utilisés dans les cultures il y a plus de 15 ans, l’eau n’est toujours pas potable et aujourd’hui une ceinture de protection autour des écoles est encore sollicitée pour que les produits vaporisés par des paysans habillés en cosmonautes n’atteignent pas les enfants …
Dans chacune de nos maisons il faut évacuer les urines, les selles, les rejets divers, les médicaments. Même les hôpitaux ne disposent pas de bassins de décantation ou de filtres. Ainsi les médicaments comme le reste partent dans les égouts pour rejoindre les rivières. Et en aval, dans notre ville, quand nous buvons l’eau au robinet, il est impossible de les enlever totalement …
L’eau, qui n’est la propriété de personne mais qui est absolument indispensable à tous, sera-t-elle un jour vraiment considérée comme un bien essentiel réellement protégé ? Si les découvertes, qui nous permettent d’espérer des progrès ne savent pas respecter le premier cadeau du ciel qu’est l’eau, nous ne pourrons guère bénéficier de nos inventions car la vie dépend de cette eau indispensable. Une eau peut-être commune mais pourtant unique. Si précieuse.
Pascal JACQUOT