Les « réclames », la publicité ou la « pub » comme on dit aujourd’hui, essaient, pour nous tenter, de nous vanter les produits dont l’apparence comme le coût sont les plus attrayants possibles. Et les associations de consommateurs, pour éviter que nous soyons piégés, analysent à la fois leurs qualités et leurs prix pour nous présenter les produits dont le rapport « qualité-prix » est le meilleur.
Par ailleurs il suffit de regarder un peu les journaux locaux ou de voyager pour constater que les « vides-greniers », les dépôts-ventes, les occasions exceptionnelles fleurissent un peu partout et se multiplient pour satisfaire autant les vendeurs encombrés de leurs objets inutiles que les acheteurs avides de payer encore moins cher …
La décence de la rémunération de ceux qui ont fabriqué un produit, le confort des conditions matérielles des élevages, le souci de surproduction ou de gâchis des matériaux ne viennent guère préoccuper vendeurs ou acheteurs. Le respect des travailleurs, le respect des consommateurs mais aussi le respect des matières, le respect de notre planète ne pèsent guère dans ce système « qualité-prix » …
Et pourtant, les paysans qui se suicident parce qu’ils ne peuvent vivre dignement de leur travail, les petites mains étrangères qui fabriquent dans des conditions épouvantables des objets à bas coût[1] et parfois superflus, les gadgets inutiles, les produits frelatés, chargés de colorants, conservateurs, antioxydants, additifs et vitamines chimiques de synthèse, pesticides, toxiques….et neurotoxiques (tous ces “E” délicatement précisés sur les emballages !), ne devraient-ils pas nous interpeller davantage ? Mais comment ?
Nous disposons tous d’une arme personnelle qui est incontournable et non-violente : sans notre consommation, la « pub » n’a aucune influence ! Si, effectivement, nous sommes parmi les dépourvus qui, pour boucler leurs fins de mois, comptons les centimes pour nous alimenter, nous habiller, avoir un toit, les mots qui suivent ne nous concernent pas. Mais si nous empruntons l’avion pour rechercher un coin de plage au soleil, si nous remisons des meubles parce qu’ils ne correspondent plus aux derniers critères de la mode, si nous sommes envahis –et encombrés- de fantaisies inutiles, le respect des hommes avec ses travailleurs, le respect de la planète avec ses constituants, le respect de la vie avec notre santé ne doivent-ils pas dépasser le seul rapport « qualité – prix » ? ….
Si notre système économique est aveugle, alors ne soyons pas nous-mêmes borgnes en refusant de favoriser le « respect » indispensable et vraiment essentiel. “Respect” pour notre planète, “respect” pour tous les hommes mais en premier, et surtout en même temps, “respect” pour nous aussi !
Pascal JACQUOT
[1] « Sur la vente d’un maillot de l’équipe d’Allemagne, vendu 85 €uros, 60 centimes d’un €uro seulement reviennent aux ouvriers chargés de le confectionner. Idem pour les baskets Air Jordan de Nike, commercialisées 140 euros, dont 2,40 euros pour les travailleurs. » (Le rapport est accessible sur www.ethique-sur-etiquette.org/antijeu )