Jeune ou vieux ; l’âge ne fait rien à l’affaire !

Jeune ou vieux ; l’âge ne fait rien à l’affaire !

Le jeune découvre progressivement la vie, il s’émerveille, s’émancipe … Il a le potentiel qui permet d’essayer, de modifier, de construire mais ne sait rien de la période de vie qu’on appelle vieillesse puisqu’il ne l’a pas encore traversée !

Le vieux a d’abord été jeune, puis il a pénétré l’âge mûr, enfin il se mesure à l’ultime partie de sa destinée terrestre … Il peut donc évoquer tout ce qu’il connait ; de la jeunesse qu’il a vécue, qui l’a façonné et dont il se souvient évidemment, comme de la vieillesse qu’il a le privilège de côtoyer !

Le jeune et le vieux sont bien sûr l’un et l’autre « admirables » dans leurs différences et « respectables » dans leurs capacités spécifiques complémentaires. Mais ils ne sont pas « égaux » ! Le jeune est encore pauvre de son inexpérience tandis que le vieux est riche de toutes ses découvertes. D’autant plus riche d’ailleurs qu’il reste modeste, devient fragile physiquement et s’insinue progressivement dans les lois éternelles du monde qui l’entoure.

Pour devenir « sage », l’homme –ou la femme- est invité à apprécier son expérience ; en exploitant les étapes de son cheminement avec les différentes situations qu’il a connues, les multiples épreuves qu’il a surmontées … C’est donc souvent le privilège du vieux, loin de la sénilité dans laquelle la jeunesse cherche parfois à l’enfermer !

La beauté du jeune est tout autre ; elle est dans son dynamisme, sa force, son enthousiasme, sa capacité de réalisation ; elle est dans son ouverture, sa générosité possibles, sa soif du neuf. Mais la beauté -du jeune comme du vieux -n’est jamais dans une supériorité écrasante ou méprisante !

Or, avec l’évolution rapide des techniques et des découvertes actuelles, l’opposition entre les générations semble s’accélérer. Par exemple, tandis que le jeune manipule avec facilité les écrans informatisés, le vieux semble souvent « déconnecté », ou réservé (volontairement ou malgré lui !) par les nouveaux moyens de communication. Si l’on peut être heureux que le jeune s’adapte plus facilement et puisse ainsi s’insérer dans la vie notamment relationnelle, l’objectivité ne devrait-elle pas inviter aussi à apprécier la prudence ou le discernement que le vieux a appris pendant toute sa vie et n’a pas automatiquement perdu en quittant son activité professionnelle ? 

Pourquoi alors, aujourd’hui, surestime-t-on trop souvent la jeunesse active avec sa forme d’efficacité au détriment de la vieillesse usée, parfois dépassée mais dont le trésor caché est souvent méconnu ? Alors qu’il était conditionné hier par une éducation rigoriste et usait d’une liberté très limitée, le jeune d’aujourd’hui ne se sent-il pas  survalorisé par une éducation qui favorise l’affirmation de soi au détriment du respect de l’autre ? Pourquoi, par exemple pour être concret, ne se pousse-t-il plus spontanément pour laisser passer une personne âgée sur le trottoir ou ne lui cède-t-il plus sa place assise dans un bus ? Pourquoi prise-t-il l’éphémère et déconsidère-t-il certains procédés ancestraux qui ont pourtant fait leurs preuves ?

Le proverbe « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait !» est encore souvent cité mais si la sagesse du jeune est certainement d’accepter de continuer à apprendre, celle du vieux est certainement d’accepter de s’effacer avec humilité tout en revendiquant certaines valeurs et en continuant peut-être à prodiguer quelques conseils ! Mais qu’on se rassure, jeunes ou vieux, « le temps ne fait rien à l’affaire, comme le dit Georges Brassens». Et je m’interroge seulement sur le phénomène qui pare la jeunesse de toutes les vertus et qui par contrecoup, impute à la vieillesse la stagnation supposée de notre société … 

Pascal JACQUOT

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