par Pascal Hubert
Vous arrive-t-il d’avoir peur ? De perdre pied, face au vide dans votre vie ? Devant les angoisses qui viennent soudain l’habiter ? Comment faites-vous alors pour reprendre pied ? Comment faites-vous, lorsque la solitude vous submerge de toute part ? Quand la confiance en vous s’effrite sous vos pas et que la vie fait sentir son poids ?
Je vais tâcher de vous relater comment j’œuvre. Vous me direz à votre tour. Pour cesser de voir tout en noir, je songe à l’ami. Je m’accroche à son souvenir, à ses mots, à nos rires. Je me dis alors que, lui, il a confiance en moi, qu’il m’aime vraiment, tel que je suis. Je m’attache à ce lien invisible qu’est notre amitié tissée au fil des jours, des petites joies et des coups durs. J’entends qu’il demande de mes nouvelles, qu’il s’inquiète pour moi, que je compte pour lui. Et je tâche de retrouver le silence à la place du bruit, je tente de faire retour sur moi. Au fond, je tâche de ne plus me saboter. Pour retrouver ainsi un peu de quiétude et d’équilibre.
Ce silence de la nature. L’entendre vraiment, ne plus courir. Ne plus discourir sans fin. Refaire corps avec soi. Se sentir là, vivant, à l’instant. Marcher en conscience, pas après pas. Et se sentir humains, reliés. Nous sommes souvent si seuls, coupés du reste du monde, et même de nos proches. Il suffirait parfois d’un regard de côté, d’un geste d’ouverture, d’un petit pas à droite ou à gauche. Et la vie de l’un et de l’autre pourrait s’en trouver transformée. Peux-tu jouir et te réjouir de ce que tu as ? Le vois-tu seulement ou fuis-tu sans cesse ? Tes désirs sont-ils toujours ailleurs, sans cesse inassouvis ? Reviens à toi, à l’amitié, à l’important, à l’instant. À ce silence bienfaisant, qui nourrit et qui apaise.
Prendre soin de soi, oser le silence et le retournement. Ne plus seulement faire, mais apprendre à défaire. Emprunter d’autres chemins, vivre à contre-courant. De ces mauvaises habitudes qui usent, de ces fuites qui étouffent. Flâner, sentir le vent, faire corps avec l’humanité. Perdre son temps, offrir un sourire à l’inconnu. S’ouvrir pour ne plus souffrir. Pour retrouver une parole vraie, pour se retrouver soi. Regarder la vie, avec un regard renouvelé. Chaque jour qui passe, en conscience. Et non plus sans jamais être vraiment là. Tout simplement, pour vivre enfin l’instant.
La vie passe, habite-la vraiment ! Ne reste pas aux pieds du fleuve, jette-toi dedans ! Ne cherche plus à imiter autrui, déploie tes talents ! Ne jalouse plus le monde entier, vois le chemin parcouru ! Reviens à l’essentiel, au souffle, au fragile, au petit ! Reviens à l’instant, à la vie toute simple ! Celle qui coule dans tes veines ! Celle qui veut s’élargir, à chaque fois que tu reviens vers toi ! À chaque fois que tu oses un pas ! Et lorsque les doutes reviendront t’assaillir, et tes fragilités et tes failles ! Et lorsqu’ils reviendront t’entraver, te faire à nouveau douter de toi ! Te faire perdre confiance et te jeter dans la nuit ! Encore et encore…
Alors, cette fois, n’oublie pas :
Songe à l’ami et reviens au silence…