Nous pouvons nous réjouir que les disettes alimentaires, les famines aient disparu en France et l’espérance de vie de nos concitoyens le manifeste clairement ! Pourtant, depuis peu, cette longévité de vie en bonne santé régresse … Pourquoi ?
Dans les pays occidentaux et les pays privilégiés, les connaissances, les prévisions, les moyens de production ont permis, depuis un siècle environ, de maitriser davantage les besoins et nous ne connaissons plus les grandes pénuries ou même les périodes de restriction. Les silos, les frigos, les conserves permettent d’échapper aux saisons difficiles, aux longs hivers, aux sécheresses inhabituelles … Nous pouvons nous alimenter en abondance sans manquer aucun repas ! Le service régulier des festins est devenu non seulement une habitude mais presqu’un principe incontournable.
Or nous constatons que les maladies liées au mode de vie se multiplient et deviennent une préoccupation importante : l’obésité, les maladies auto-immunes, cardiovasculaires, l’accident vasculaire cérébral, le cancer, et le diabète de type 2, mais également la maladie d’Alzheimer, l’hypertension, l’arthrose, l’arthrite …. Certaines comme l’obésité, dites « maladies de civilisation », affectent même les plus pauvres. Le surpoids en effet tue : plus de deux millions de personnes en meurent chaque année sur terre. Et le nombre de malades croît sans cesse : près de 1,5 milliard de personnes sont en surcharge pondérale à travers le monde. Les travailleurs découvrent les aliments transformés, les plats faciles à cuisiner et très peu coûteux. Peu à peu, ils deviennent accros à une alimentation malsaine, et ne pensent ni à se protéger, ni à protéger leurs enfants. Si des consommateurs prennent conscience de l’importance de favoriser une alimentation diversifiée à base de produits sains, ce n’est pas le cas du plus grand nombre.
Nous avons totalement oublié que l’organisme humain, dans son fonctionnement de base, est adapté aux irrégularités. Pendant des siècles et même pendant toute son évolution au cours des temps, il a dû surmonter les épreuves de pénuries, les moments de privation et il s’en est forgé une constitution de résiliences pour se protéger. Les cellules du corps humain ont en réalité une obligation de relâchement, de jeûne pour se ressourcer, se régénérer. En même temps que le corps se repose, c’est tout l’organisme, son esprit, sa vitalité qui se protègent et se renouvellent. Mais nos contemporains ne veulent plus accepter cette exigence de base qui, il est vrai, impose une vigilance et sollicite simultanément quelques efforts !
Pourtant, toutes les sociétés, avec leurs religions, avaient su répondre à ce besoin. Le judaïsme avec le Kippour, l’islam avec le ramadan, le catholicisme avec la diète hebdomadaire du vendredi ou annelle du carême ont simplement concrétisé ce principe en même temps que les nécessités matérielles imposées. Et ces règles ont permis de satisfaire indirectement les requêtes empiriques sanitaires. Des études actuelles remettent d’ailleurs à l’honneur ces pratiques traditionnelles que la modernité a décriées !
Les chercheurs semblent pourtant l’oublier et leurs recherches, particulièrement en France d’ailleurs, refusent souvent de s’investir sur ce principe basique peu couteux : accepter que l’irrégularité alimentaire, que le jeûne momentané puissent permettre un ressourcement essentiel. Les intérêts financiers devinent qu’ils ne pourront créer là de nouvelles sources de profit et préfèrent investir dans de nouveaux médicaments, de nouveaux traitements, de nouveaux vaccins, de nouvelles analyses plus dispendieuses …
Si la science permet de compenser des déficiences, si les découvertes répondent à des attentes justes, personne ne peut les décrier. Mais le respect de la nature et de l’homme comme élément de cette nature nous invite à d’abord privilégier sa capacité d’autoprotection, d’autoadaptation pour permettre une réelle autorégulation spontanée ! Comme l’écrit Thierry de Lestrade dans son livre « Le jeûne, une nouvelle thérapie ? » :
« Se dessine alors une autre histoire de la médecine, où l’approche globale du soin a été écartée au profit d’une vision du corps comme simple assemblage de pièces interchangeables. Or, dans les pays occidentaux, cette médecine moderne ne parvient pas à enrayer la baisse de l’espérance de vie en bonne santé. Face à ce constat, la pratique du jeûne, si ancienne, apparaît comme une thérapie nouvelle. Dans une société où la logique consumériste est poussée à l’absurde, le jeûne pose une question paradoxale : “Moins peut-il être plus” ? »
Pascal JACQUOT
P.S. Si cet article dénonce avec indignation les morts d’abondance, souvent insoupçonnées et involontaires d’ailleurs, l’auteur sait aussi toutes les morts de pauvreté qui interpellent encore davantage notre monde trop injuste !