Qui pense vraiment que « la vie est un long fleuve tranquille » ? Et qui en réalité ne vit ses choix, ses épreuves, ses orientations sans interpellations, sans souffrance ? Pourtant, même si nous nous trompons parfois, même si nous prenons de mauvais chemins, l’essentiel n’est-il pas qu’à travers nos choix, nos épreuves, nos orientations nous soyons toujours habités par une recherche d’équilibre, un désir de sagesse et même une soif d’absolu ?
Le philosophe Graf Durckheim disait : « Nous devons arrêter de chercher Dieu. Ce qu’il faut, c’est nous laisser trouver par Lui ». En effet dans notre vie, n’est-ce pas Lui qui nous cherche sans relâche ? N’est-ce pas Lui qui, à travers une dépression, a transformé notre paysage intérieur ? N’est-ce pas Lui qui, au milieu de notre vie professionnelle ou sentimentale, nous incite à trouver une vie un peu moins artificielle ? Lui qui, de jour en jour davantage, se révèle à nous ? C’est au cœur qu’Il nous parle, pour peu que nous consentions à faire en nous un peu de silence pour l’entendre.
Il ne sert à rien de vouloir transformer le monde si je ne me transforme pas moi-même. Ou plutôt si je ne me laisse pas transformer. Et cela, c’est le travail de toute ma vie. Comme beaucoup, je voudrais trouver le contact avec mon être essentiel. Mais il ne faut pas chercher. Il faut seulement se laisser trouver. Toute la vie spirituelle est là. Car l’Être ne fait rien d’autre que nous chercher. Se laisser trouver, cela veut dire : laisser le Divin s’exprimer en nous, à travers nous, s’ouvrir pour qu’Il vienne. Ou pour ceux qui ne croient pas au Divin, « prendre le temps d’écouter la dimension de moi qui est reliée au divin qui est en moi » comme dit Jacques Salomé.
Ce Divin, celui que nous appelons par commodité Dieu, nous pourrions refuser de le nommer, sans doute parce que le nommer, c’est déjà le réduire, lui donner des limites. Mais essayer d’être un peu plus serein, devenir un lutteur pour renverser les idoles, chasser les marchands du temple, démasquer les sottises ou les hypocrisies, c’est Lui donner sa place, reconnaître simplement qu’Il compte pour nous, que nous Lui donnions d’ailleurs le nom de Yaweh, de Jésus, d’Allah ou du Boudha…Même si nous ne partageons pas ses attributs d’éternité, de créateur, de toute puissance, de divinité mais simplement que nous essayons de construire concrètement la communauté humaine qu’Il désire… Car Il habite en nous. Si nous le voulons, nous pouvons avoir un lien direct avec Lui à chaque instant de notre vie. Sans même avoir besoin du moindre intermédiaire. « Il est vrai –dit Oria, une femme de lumière comme l’appelle l’écrivain Jean Pierre Cartier,- que, dans notre inconscient, Il nous a trouvés de toute éternité. L’important pour transfigurer ce monde et nous-mêmes, c’est d’être conscient de ce lien d’amour, et de le vivre dans toutes les circonstances de la vie ».
Alors pourquoi sommes-nous sur cette terre ? Pour prendre le métro, aller travailler et rentrer le soir ? Pour avoir une belle maison, une belle voiture, un bon conjoint … et nous créer de nouveaux besoins superflus que nous cherchons à satisfaire ?… Ou pour apprendre à être libres, libres de trouver pourquoi nous avons été placés sur cette terre, libres de savoir ce que nous avons à faire parce que ce que nous avons à faire chacun est unique ? Oui libres. Alors n’hésitons pas, osons. Osons briser les fausses morales qu’on nous a inculquées, les fausses priorités que nous nous sommes créées. Et vivons. Sans attendre. Totalement présents au présent. Car « ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent et votre Père Céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » Mt 6 25-34
Pascal JACQUOT