Nous avons chacun nos occupations, nos responsabilités, nos soucis… et nous essayons de les porter au jour le jour, avec courage et sans trop d’appréhension mais cela nous semble lourd parfois. Il y a la vie professionnelle à assurer, les enfants à suivre, la maison à entretenir sans parler du conjoint, de la vie affective, des interpellations socio-politiques ou spirituelles… et de la santé, la sienne bien sûr mais aussi celle de ses proches. Coordonner tout cela en sachant écouter, voir, sentir ce qui se passe autour de soi, près de soi et en soi n’est pas simple. Alors, nous reste-t-il encore un peu d’espace pour goûter la vie, notre vie ? Et pour apprécier ce qui est vraiment essentiel pour nous ?
Quel que soit notre âge, l’étape que nous traversons actuellement semble s’emballer, devenir un peu folle. Le rythme des échéances s’accélère, les déplacements dévorent le temps. Nous avions prévu ceci ou cela et nous n’avons pu le réaliser. Nous aurions aimé rencontrer tel ami, visiter tel parent, réaliser tel aménagement pendant les vacances et c’est loupé, c’est remis aux calendes de l’espoir. Maintenant, c’est la rentrée et avec la cascade de nouvelles contraintes, il va falloir jouer serré et s’organiser pour ne pas se laisser dépassé ! Alors cette rentrée sera-t-elle celle d’un nouveau départ, celle où nous saurons mieux choisir entre l’essentiel et le secondaire, l’indispensable et le superflu, l’urgent et le non pressant ?
Oui, avant de commencer à compléter un planning, il est nécessaire de faire le point. Pour respecter nos besoins fondamentaux, pour réaliser le travail qui nous fait vivre, nous devons aussi savoir nous arrêter, pratiquer un sport, rire, méditer… Pour assumer nos responsabilités, nous devons équilibrer nos exigences… Comment pourrons-nous être efficaces si nous ne sommes pas vraiment nous-mêmes, si nous ne sommes pas à l’aise dans notre peau ? Il y a donc des orientations à se donner, des priorités et des limites à s’imposer, des choix concrets à décider et des engagements à respecter. Sans remettre à plus tard, sans attendre un demain plus souriant en caressant un espoir qui cache la réalité du présent. Car rien ne sert de se promettre ou de promettre à d’autres si l’on ne peut assumer. Et notre participation à un groupe, à une association, à une action militante est-elle bien fondée ? Correspond-elle bien à un besoin, à une attente essentiels pour moi ?
Prendre un temps d’arrêt, m’imposer un moment d’écoute, partager mes doutes autant que mes convictions, apprendre à entendre les appels sourds de mon corps ou de mon cœur autant que ceux de mon voisin, comprendre les réponses d’initiés qui donnent un sens à la vie autant que celles de mes amis qui pataugent dans les méandres de leur fleuve non tranquille ; me laisser interpeller par ma conscience intérieure et par mes compagnons qui sont eux-mêmes interpellés ; aimer, chercher à m’aimer d’abord moi-même comme je suis et pas seulement comme je voudrais être, accepter d’être aimé sans masque avec mes valeurs et mes fragilités ; me sentir membre à part entière d’un réseau solidaire tout en restant totalement libre de mes convictions ; être partie prenante dans un groupe où j’ai ma place, où je suis reconnu, un groupe qui se cherche sans se replier, sans s’isoler, un groupe qui est en lien avec la vie, le monde, ses interpellations, ses avancées, ses aberrations … Voilà ce que je peux découvrir et vivre avec le groupe Écoute et Partage. Et en cette rentrée, c’est à moi, à moi seul, de choisir pour dire si c’est important, essentiel… ou secondaire dans ma vie.
Pascal JACQUOT