Me prendre par la main ou me tirer dessus ?

.

.

.

Quand on parle de bienveillance, on peut penser à quelque chose de doux, voire de mou, une forme d’indulgence passive qui serait le contraire de l’efficacité. L’efficacité, elle, est associée à la réussite, à l’action qui fait avancer. 

Dans le domaine de la croissance personnelle – cet objectif de développement de nos ressources et de nos potentialités, de déploiement de notre identité profonde -, nous faisons au contraire l’expérience que c’est justement la bienveillance envers soi qui est l’une des attitudes les plus efficaces. 

Pour changer, pour nous transformer, nous avons deux options : le volontarisme ou une écoute plus douce de notre conscience. Pour le dire autrement : « nous tirer dessus » ou « nous prendre par la main ». Certains d’entre nous connaissent bien la première manière : la trique ! Insatisfaits de nous, nous nous jugeons et décidons de « corriger » ce qui ne va pas chez nous. Notre mental fixe alors des objectifs ambitieux et, pour les atteindre, nous déployons notre volonté dans une forme d’exigence sèche sans prise en compte de tout notre réel. « Mon corps est flasque, je vais me mettre au jogging tous les matins. ». C’est la tête qui juge le corps et choisit le jogging quotidien comme solution radicale. Le problème, c’est qu’une telle attitude ne tient généralement pas dans la durée. Au bout de quelques jours, on jette l’éponge. Nous jugeons alors encore plus durement, non seulement de l’état de notre corps mais également notre manque de discipline, notre incapacité à tenir… Nous culpabilisons, et notre estime de nous n’en ressort pas gagnante. 

Choisir la bienveillance envers soi, c’est vivre l’attitude inverse. Prenons un petit enfant qui apprend à marcher : vous imagineriez le gronder quand il tombe ? Au contraire, vous tendez la main, vous l’aidez à se relever, vous le félicitez et l’encouragez à recommencer. « C’est bien ! tu as fait quelques pas, je suis si fière de toi ! Tu vas recommencer, et tu vas y arriver ! » Cette attitude, que nous vivons naturellement avec les bébés, est aussi celle qui est la plus efficace pour notre croissance personnelle. Parce que finalement, prendre le risque d’être soi, de laisser vivre des aspects de nous inédits, n’est-ce pas similaire aux premiers pas d’un enfant ? A PRH, on parle d’ailleurs de « pas d’existence ».

Pour oser prendre le risque d’exister, nous avons vivre cette bienveillance envers nous-mêmes. Nous avons besoin d’y aller progressivement, à notre rythme. Nous avons aussi besoin de beaucoup de douceur et d’indulgence. Et en cas d’échec, au lieu de nous juger, essayons plutôt de comprendre pourquoi cela n’a pas fonctionné. Et osons recommencer, patiemment, pas après pas, avec une détermination douce bien différente du volontarisme. Ce regard d’amour et d’émerveillement que nous portons sur l’enfant qui balbutie ses premiers pas, osons le poser sur nos propres balbutiements. 

.

Marie-Pierre Ledru
Formatrice agréée PRH

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *