L’obésité, mauvaise pour l’homme, excellente pour les affaires
Par Rodolphe Bacquet
Il commence à paraître loin ce temps où les Américains débarquant en France s’étonnaient de rencontrer une population si svelte. L’épidémie d’obésité, que l’on sait conjointement liée à une mauvaise nutrition (nourriture trop riche et surtout industrialisée) et à une trop faible activité physique, a commencé à gagner la France, avec son cortège de risques accrus de diabète, de maladies cardio-vasculaires et articulaires. Mais ce qui est mauvais pour la santé humaine serait excellent pour celle des plantes, d’après des chercheurs chinois et américains. Chez l’être humain, on sait qu’un gène en particulier augmente le risque d’être obèse et de souffrir du diabète : il s’agit du FTO (« Fat mass and obesity-associated protein »).
Ce gène est absent du règne végétal. Qu’à cela ne tienne ! Des apprentis sorciers ont décidé d’en doter certains végétaux. En l’occurrence : des pommes de terre et des plants de riz. Le résultat, publié dans Nature Biotechnology, est spectaculaire : un rendement supérieur de 50 %. Les pommes de terre et les plants de riz « augmentés » par le gène humain de l’obésité sont plus gros, ont des racines plus longues, améliorent leur capacité de photosynthèse et résistent mieux au stress hydrique1. Des patates plus grosses, des plants produisant plus de grains de riz et résistant à la sécheresse : une aubaine, vraiment, à l’heure où la population mondiale croît, et où la planète se réchauffe ! Tout cela, grâce à l’ajout de matériel génétique humain à une plante. On appelle ça, ordinairement, une chimère.
Nos génies de l’agronomie génétique prévoient déjà d’appliquer la formule au maïs, au blé et à différentes espèces de plantes fournissant des molécules à l’industrie pharmaceutique. Certains appelleront ça le progrès, sans aucun doute. Et c’est en effet fascinant. Mais on peut aussi trouver inquiétant qu’au dérèglement de la santé de l’humanité ainsi qu’à celui du climat de notre planète on réponde par le dérèglement du matériel génétique de notre alimentation, présenté comme solution miracle. Le miracle, du reste, sera avant tout économique si ces plantes OGM nouvelle génération se développent : car la mutation ne manquera pas d’être brevetée, et les semences, vendues très cher. Si vous avez une impression de déjà-vu, c’est normal.
Rodolphe Bacquet, rédacteur en chef
www.alternatif-bien-etre.com
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