Le “Tout Autre” ou “Dieu est nous”

  De qui ou de quoi parle-t-on quand le nom de Dieu est prononcé ou invoqué ? Quand on oppose croyants et incroyants, chrétiens et agnostiques, quand on dresse catholiques et musulmans ou protestants ?  

Il me semble être croyant mais parfois plus proche d’incroyants que de certains croyants, plus à l’aise avec des agnostiques humanistes que des chrétiens dogmatiques, plus frère de musulmans ouverts que de catholiques intégristes… Et pourquoi ?  

Le Dieu que l’on invoque pour obtenir la pluie pendant la sécheresse, que l’on prie pour guérir, réussir un examen, à qui l’on allume un cierge pour réussir son couple me semble le jumeau du dieu Jupiter ou de la déesse Vénus; le Dieu Tout puissant qui créa le ciel et la terre, qui envoie les mauvais à la damnation éternelle, noie ou foudroie de son sceptre miraculeux ceux qui désobéissent, le Dieu que l’on représente sur des images tantôt autoritaire, tantôt bienveillant et qui semble né de textes bibliques, ce Dieu de beaucoup de catholiques, orthodoxes ou juifs m’apparaît comme un dieu tout à fait imaginaire, tout à fait simpliste et caricatural.

Le Dieu auquel je crois est tout autre et il est si étranger au Dieu de la plupart des croyants que je me demande parfois si je suis vraiment croyant et si Dieu existe réellement !   Le Dieu auquel je crois est absolument impuissant car Dieu est nous … Il n’existe pas comme je peux l’imaginer, car il n’est ni Père, ni Mère, car il ne peut s’imaginer. L’homme que je suis, même sans se sous estimer, avec son esprit, son corps, son cœur, son intuition, sa sagesse ne peut se Le représenter puisqu’Il est “Le Tout autre”, et que “nul ne l’a jamais vu” Jn 1 18 et 6.46. Il est aussi totalement impuissant parce qu’Il est à la fois une peu de chacun de nous (la parcelle aimante et positive de chaque homme qui aspire au respect, à  la solidarité, à la fraternité, à l’épanouissement), qu’Il est en nous avec une totale confiance et constitue le lien, le réseau, l’évolution de tout ce qui est, vit ou comme l’écrit Marcel Légaut (Devenir Soi P 153) :  “…ce qui est de nous, ne pourrait être sans nous, mais qui est plus que de nous…”.  

Ce père qui se réjouit du retour de son fils prodigue (Lc 15.11-32), qui ne veut pas qu’un seul de ses petits se perde (Mt 18.12-14), nourrit les oiseaux et les fleurs (Mt 6.25-30), se soucie des passereaux (Mt 10.29-31), s’occupe des méchants comme des bons (Mt 5 43-45), ce père illustre celui qui nous appelle à être un peu plus nous-mêmes, c’est ce qui en nous veut s’épanouir pour mieux correspondre à ce que sommes appelés à être vraiment… C’est Dieu en nous, c’est nous en Dieu. Et nous, les hommes d’aujourd’hui comme ceux d’hier, les hommes pris individuellement comme les hommes dans leur mouvance en peuple, nous sommes en devenir… Quand un homme (une femme) participe à la vie de la cité ou donne sa vie pour tenter d’en sauver une autre ;  quand il (elle) prend sa place, toute sa place … 

Pascal JACQUOT

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