Le repas du jeudi soir ; le partage du pain …

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Le repas du jeudi soir, Pâque 30

Le premier problème a été celui de trouver un lieu susceptible d’accueillir Jésus et les disciples qui l’accompagnent : il doit être assez vaste pour la préparation de l’agneau de Pâques et l’accueil d’un groupe assez important, 50, 100 personnes … ? Un signal a été convenu pour guider les premiers disciples sur les lieux : à leur arrivée, un homme brandira à bout de bras une jarre d’eau …

Nous sommes clairement dans une atmosphère de complot mais ce n’était pas la première fois que Jésus tentait une telle opération !

Un passage de l’Évangile apocryphe de Pierre précise d’ailleurs qu’après la mort de Jésus, lui et ses disciples se terrent car ils sont poursuivis par les autorités pour avoir voulu mettre le feu au temple … Jésus voulait mettre fin aux sacrifices, c’est-à-dire au rôle des sacrificateurs du Temple, donc à la mission et aux revenus des prêtres de Jérusalem.

Jésus et les disciples célèbrent cette Pâque 30 non à la date commune aux juifs de ce temps-là, mais la veille, le jeudi soir. Pourquoi ? Pour pouvoir, le vendredi soir où l’on égorgeait les agneaux, mettre en œuvre le plan préparé pour renverser le pouvoir des prêtres de Jérusalem et mettre fin aux sacrifices du temple. Ce repas de Pâques consommé par anticipation doit aussi servir à la mise au point des derniers détails de l’opération …

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L’objectif de Jésus

Jésus est las de voir que la nourriture de chaque jour, donnée à l’homme par Dieu en même temps que la vie, est confisquée par des prédateurs, et de plus, en son Nom. Il rêve de sortir les gens du peuple, une fois pour toutes, de cette servitude et de cette exploitation qui est celle du clergé de Jérusalem sur les ressources produites par les gens qui travaillent. Il appelle cette sortie de la servitude des prêtres du temple et la construction d’une société ouverte à l’épanouissement de chacun : le Règne de Dieu. Ce Règne de Dieu n’a pour lui rien à voir avec un au-delà mais comme une libération …

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Transformation du rite

Au lieu de commencer par la coupe de sang que l’on présente à Dieu puis que l’on partage entre les convives, Jésus commence par l’agneau pour donner aux juifs de son temps la force de vivre quelque chose de nouveau et de libre, de sortir du pays de la servitude. Ainsi, le sang qui valide, qui cautionne le lien entre Dieu et son peuple, « il est là » et n’a pas été répandu en sacrifice. Il n’a pu être offert parce que Jésus ne veut plus de cette Alliance-là ! Le sang de l’Alliance, le sang du contrat entre l’homme et Dieu lui-même est remplacé par le jus de la grappe, signe de la joie des hommes, des hommes désormais délivrés des extorsions des religieux qui vivaient sur la bête jusqu’alors !

Le jus de la grappe n’est en rien le sang d’une nouvelle Alliance puisqu’avec Jésus il n’est plus question d’Alliance ! L’humain et son Dieu ne pouvant être, pour lui, que dans des rapports de générosité, de don, d’offre gratuite …

Le partage du pain traduit un ajout tardif au rite initial, bien après la mort de Jésus, et apparait au plus tôt à la fin des années 80. Et, sans ambiguïté, « ce n’est pas le pain qui est la chair ou l’Annonce de Jésus » mais c’est le partage du pain ! Ou pour éviter toute confusion : « C’est partager qui rend l’annonce vivante ! »

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Le projet de Jésus invitait ses disciples à un changement si grand dans le judaïsme de son époque qu’ils allaient devoir s’organiser entre eux pour le gérer.

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Retour du Sacrificiel

Quelle honte de faire dire à Jésus de Nazareth, lors du rite eucharistique, qu’il allait payer de sa vie pour solder on ne sait quelle dette sur notre ardoise divine !

L’Alliance cache en réalité une réalité morbide, celle du contrat entre Dieu et les hommes que Jésus refusait de façon catégorique et qu’il voulait absolument mettre à bas. Et cette Alliance nouvelle scelle à jamais la culpabilité des hommes vis-à-vis du Dieu donateur généreux de la vie à l’humanité !

Comment a-t-on fait pour en arriver à cela ? Et à fossiliser le souvenir dans un rite liturgique que les fidèles voient passivement se dérouler, tous les dimanches au moins, sous la la présidence d’un sacrificateur (ou prêtre) sur un autel (‘Mizbéakh’ en hébreu, c’est-à-dire ‘égorgeoir’, l’outil des sacrifices justement !) …

La reprise en main des assemblées de disciples par des prêtres esséniens après la guerre avec Rome, dans le courant des années 90, permet seule d’expliquer ce retour du Sacrificiel, des Sacrificateurs et de l’Alliance.

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Et maintenant ?

Si les Églises ont fait du repas du Jeudi de Pâque 30 un moment capital pour l’approche de la vie de Jésus, il s’agit de célébrer ce repas sans être trop infidèle au Maitre qui en a été l’initiateur.

Or, jusqu’au cœur de cette liturgie, des choses ont été faussées (comme dans le verset sur la coupe – Lc 22,20). Il appartient donc aux responsables des Églises d’abord de comprendre vraiment, ensuite de corriger au plus tôt. Car, quels devraient être leur souci et leur hardiesse à retrouver dans la liturgie plus de fidélité à la vie et à l’enseignement du Nazaréen !

Le plus grand n’est pas celui à qui un grand pouvoir est confié mais celui qui fait circuler la nourriture ! Il ne s’agit pas de présider, mais de nourrir !

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Pascal JACQUOT

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