La mondialisation permet-elle le respect de l’homme ?

Les femmes et les hommes du 21ème siècle souhaitent-ils vraiment corriger les tares de notre société ? Dans nos pays d’économie marchande –dite société industrielle avancée-, ce sont les médias et les faux besoins (générés notamment par la publicité) qui éloignent les citoyens d’une compréhension critique des causes et des effets de leur aliénation. Une pensée et une morale conventionnelles, qui méprisent toute forme de contestation, qui stigmatisent en plus la détresse des marginaux, se développent en effet progressivement et l’économie impose souvent aveuglément l’austérité aux plus démunis  comme solution de partage !

Avec tous les moyens dont il dispose et notamment l’argent qui le nourrit, le discours libéral présente notre vie atrophiée comme enviable à condition que rien  ne vienne faire signe que « ça ne va pas », comme l’ennui profond ou la dépression, la demande insatiable ou l’appétit du vide et ses addictions, l’angoisse poignante par la non maitrise de situations  trop compliquées …  Aussi, lorsque des évènements funestes se produisent, ils sont discrédités comme des « inadaptations, incompétences, pathologies ou même délinquances » ! Lorsque les employés, les ouvriers, les agriculteurs, les artisans, les fonctionnaires souffrent de conditions indécentes de travail, manifestent leur désarroi ou leur impossibilité de faire face, on reconnait assez facilement leurs situations comme difficiles mais seulement transitoires parce qu’ils n’ont pas su accepter les nécessaires évolutions préalables indispensables. Leur malaise est toujours présenté comme un passage obligé pour une invitation à un nouveau bond en avant, un nouveau saut périlleux en réalité !

Pourtant, l’infirmière dans l’hôpital ou l’EPAHD ne dispose que de quelques minutes par malade ; l’employé doit être plus performant même quand il sombre dans un burn’out ; l’artisan consciencieux se mesure aux pratiques ignobles mais voilées de groupes internationaux qui trompent les régulations; l’agriculteur ne dispose jamais suffisamment de terres ou de machines compétitives …  Mais, au risque de passer pour rétrograde, inadapté, suranné, ni l’un ni l’autre ne doivent évoquer le passé. Quand un paysan subsistait avec quelques hectares de terre seulement ; quand un instituteur dans un village avait parfois moins de 10 élèves dans une classe unique aux cours multiples …  Pourtant les valeurs défendues  quand on prenait le temps de s’intéresser à chaque situation locale, à chaque individu, quand la solidarité invitait à s’entraider, à se mutualiser, ne s’imposent-elles pas avec encore davantage de fermeté maintenant que nos moyens sont décuplés ?

Mais, aujourd’hui il ne sert à rien de regretter le passé en oubliant toutes les souffrances qui l’ont endolori. Aujourd’hui, il ne s’agit pas non plus d’accepter sans notre participation et à n’importe quel prix la mondialisation ou globalisation qui écrase. Aujourd’hui, producteurs honnêtes et consommateurs conscients doivent apprendre à collaborer, à coordonner leurs forces, à distinguer l’essentiel du superflu, à protéger nos ressources et la planète. Aujourd’hui il est plus important que jamais de favoriser les circuits courts pour éviter les contrôles couteux et les dégâts écologiques. Aujourd’hui il est fondamental de se soucier de tous, des fragiles et des laissés pour compte aussi … Aujourd’hui, l’échelle mondiale nous ouvre des horizons et s’enfermer pour se protéger ou se cloisonner dans des frontières serait une illusion. Le droit de chacun à avoir « un travail, un toit, une terre»[1] suppose que chaque personne soit reconnue, puisse vivre dignement avec courage et que le partage soit stimulé, favorisé. Sans négliger, dénigrer ou enterrer les valeurs universelles de tout homme et de toute vie.

Pascal JACQUOT


[1] Le pape François réaffirme le droit des pauvres aux trois « T », un travail, un toit, une terre.

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