Nous avons toute la vie pour
cheminer, progresser, deviner ce qui est bon pour nous,
découvrir ce qui nous attend et peut-être,
progressivement, notre rôle sur cette terre, notre
destin …
Les étapes de notre parcours ne
sont guère un long fleuve tranquille sur lequel nous
pouvons voguer en toute quiétude ! Les difficultés
rencontrées, les obstacles qu’il nous faut surmonter
(épreuves de santé, peines sentimentales, échecs
professionnels, …), les carrefours où il est
indispensable de choisir (orientation, mariage, choix
politique, …), toute la vie nous invite à constamment
remettre sur le chantier nos décisions et
parfois
nos choix
…
Nos grains de vie qui sont des
espoirs de renouveau et de progrès sont aussi parfois
entravés par des grains de sable qui enrayent notre
sillon et compliquent notre évolution.
Sur cette page, je livre quelques
réflexions disparates que je rédige pour le seul plaisir
de partager ce qui me tient à cœur.
P.J
.
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Le "respect de la vie"
du docteur Schweitzer
2021 04
Si vous n’êtes pas de ma génération, vous ne pouvez
guère deviner l’admiration qu’un ado du milieu du siècle
dernier pouvait porter au Docteur Schweitzer. Ce docteur
à la fois pasteur, écrivain, philosophe, artiste était
en effet alors connu dans tout l’occident. Il avait créé
un hôpital dans la forêt vierge au Gabon, à Lambaréné,
sur les bords du fleuve Ogooué. Pour ma part, le film « Il
est minuit, docteur Schweitzer », et le livre « A
l’orée de la forêt vierge »
avaient en effet soulevé émotion et enthousiasme.
Aussi
quand, une décennie plus tard, je me suis retrouvé
pendant quatre années au Gabon, en pleine
forêt vierge, à quelques 250 km du
célèbre docteur et de son hôpital, j’ai évidemment
recherché l’occasion d’aller jusque Lambaréné. Et en
avril 1965 je n’ai pas hésité à dépasser tous les
obstacles, toutes les difficultés du déplacement en
camions-stop (et pirogue-stop) pour franchir les étapes
(3 jours pour
relier les deux postes !) et rencontrer « le grand
docteur ». Il m’a reçu dans son hôpital,
m’a dédicacé un de ses livres et m’a même accueilli à sa
propre table comme invité ; quel honneur pour moi !
C’était quelques mois avant sa mort ! … Et, trois années plus tard, avec
ma femme et ma fille de deux ans, j’y suis retourné
une fois encore pour me recueillir
sur sa tombe et partager un peu avec mes
proches la vie de l’hôpital et son village des lépreux …
Quand en 1905, devenu pasteur, Schweitzer a décidé de
partir en Afrique, il atteint la trentaine et commence
pourtant à étudier la médecine pour soigner les démunis
en faisant observer : « Dans le premier
commandement que le Seigneur a donné sur terre apparait
le mot
״homme״.
Il ne parle pas de religion, de foi, de l’âme ou d’autre
chose mais seulement de l’homme ».
Et il ajoute : « C’est comme s’il disait à toutes les
générations futures : En premier lieu, faites
attention à ce que l’homme ne périsse pas. Suivez-le
comme
je l’ai suivi, et trouvez-le là où les autres ne le
trouvent plus : dans la boue, la bestialité et le
mépris ; allez à lui et venez-lui en aide jusqu’à ce qu’il redevienne un
״homme״. »
Préoccupé dès son enfance par le problème du mal et de
la souffrance, Schweitzer s’est « attaché à l’idée
qu’il
était donné à chacun de nous de
faire cesser un peu de cette souffrance » (livre
״Ma
vie et ma pensée״).
Il a pris sa
part de cette tâche, en paroles comme en actes : il
s’est rendu en Afrique pour soulager les souffrances
morales et physiques, mais aussi pour expier les méfaits
du colonialisme et pour éduquer - objectif qui, souvent,
avait justifié … la colonisation ! Sans cesse, il prôna
une relation de fraternité
entre les blancs et les noirs, tout en soulignant,
jusqu’à la seconde guerre mondiale, que les premiers
étaient des frères ainés : le frère ainé n’est pas
supérieur à son cadet, mais, parce qu’il en sait un peu
plus que lui, il peut lui transmettre des connaissances
(techniques, médicales, éthiques) et le conduire vers le
״mieux-être״.
Aujourd’hui, Schweitzer semble appartenir à un passé
lointain,
en tout cas révolu. Pourtant, sans doute aurions-nous
beaucoup à apprendre de son action humanitaire qui relie
sa compassion à sa foi, qui traduit son souci de
respecter toute vie sans dénigrer pour autant l’être
humain. Son plaidoyer pour « le respect de la vie »
se pose en effet comme un principe
essentiel et sans compromis qui n’a d’ailleurs pas
toujours été bien compris. Il est pourtant un signe
d’espérance quand, à notre époque, le trafic des êtres
humains et des espèces menacées constitue souvent enjeu
et source de profit !
Alors que Schweitzer a été célébré comme un héros, voire
comme un saint, dans les années 1950, il devint ensuite
l’objet de vives critiques touchant à son œuvre médicale
et humanitaire : n’était-elle pas empreinte en effet de
paternalisme et l’état de son hôpital ne reflétait-il
pas le peu de considération qu’il avait pour les
Africains ? Au cours des dernières décennies, son œuvre
a heureusement été plus justement réévaluée à la hausse,
notamment par des auteurs
gabonais et par des spécialistes de la médecine. Sa
correspondance avec des médecins, des pharmaciens et des
laboratoires montrent combien il a tenu à en faire
bénéficier ses patients. L’examen des dossiers médicaux
de Lambaréné met d’ailleurs en évidence le pourcentage
important de guérison, ainsi que la préférence accordée
par les Africains à l’hôpital Schweitzer au détriment de
l’établissement concurrent de Libreville.
Si le docteur a fondé un « hôpital-village », ce fut
dans le dessein
de pratiquer une médecine de proximité et surtout de ne
pas ajouter de la souffrance aux malades africains en
les arrachant à leur cadre de vie. Plus largement, il
lui importait de vivre sobrement, en harmonie avec la
nature environnante. Aussi Lambaréné était-il pour les
malades un endroit où il faisait bon vivre, d'autant
plus que Schweitzer se préoccupait constamment du
ravitaillement de l'hôpital dont il avait fait un lieu
rassurant. Les malades étaient à l'abri des
empoisonnements, fréquents dans leurs villages, tandis
que les enfants des femmes décédées en couches, les
aliénés mentaux et les lépreux n'étaient plus voués à la
mort. Ainsi à Lambaréné, les préoccupations écologiques
n'étaient pas incompatibles avec la sécurité des biens
et des personnes.
Albert Schweitzer met ainsi l'accent sur le caractère
irremplaçable de tout être vivant et sur la
responsabilité qui en découle pour l'être humain. Il
cite en exemple le « respect de la vie que le
matérialiste le plus convaincu éprouve lui aussi
lorsqu'il évite de piétiner le ver sur la chaussée ou de
cueillir les fleurs sans raison !». Les effroyables
hécatombes de la 1ère guerre mondiale ne sont évidemment
pas indifférentes à son cheminement. C’est également au
nom du respect de la vie que Schweitzer s’est fort
engagé contre la course aux armes atomiques et contre
les essais nucléaires, en mettant en avant le « droit
international » des gens : à la différence des armes
traditionnelles, les armes atomiques détruisent aussi
ceux qui sont éloignés des combats et leur action
néfaste perdure …
Pascal JACQUOT
(A
partir de l’article de M. Arnold, paru dans Evangile et
Liberté de janvier 2021 n°345)
www.evangile-et-liberte.net
Les deux photos ci-dessus présentent l'hôpital-village
tel que je l'ai vu en 1965. 1ère :
principale rue avec son caniveau central et différentes
activités de préparation des repas; 2ème
: une rue voisine avec l'abri de stérilisation des
ustensiles médicaux.
On connaît Schweitzer théologien, philosophe et
spécialiste de Bach, mais on ignore souvent qu’il fut un
grand prédicateur et que prêcher était pour lui un
besoin vital. Parmi les centaines de sermons qu’il a
laissés, rédigés in extenso et prononcés en allemand
lorsqu’il prêchait en Europe, seule une infime partie a
été traduite en français. Le sermon qu’il a prononcé le
24 novembre 1918 à l’occasion du souvenir des défunts,
quelques jours après l’entrée des troupes françaises
dans Strasbourg, est la première prédication dans
laquelle apparaît l’idée du « respect de la vie (Ehrfurcht
vor dem Leben) ». Schweitzer en développera les
différentes implications dès 1919 dans une série de
seize prédications éthiques, mais cette première
prédication est remarquable : elle prend le contre-pied
des prédications nationalistes, revanchardes et
associant Dieu à la guerre qui étaient prononcées à
l’automne1918 en France comme en Allemagne.
Je suis toujours médusé par
les spectacles colorés qui s’offrent gracieusement à moi
au fil des jours : un panorama plongeant d’un sommet sur
des collines déchiquetées, un paysage de prairies plein
de verts nuancés et parsemé de coquelicots, un coucher
de soleil se noyant dans les nuages … Et le concert des
oiseaux me fascine aussi : la trille du rossignol qui
répond la nuit au ululement de la chouette ... Sans
parler du festin des champs avec fruits et légumes si
divers et variés. Ainsi la nature m’offre-t-elle un
cocktail ininterrompu et toujours renouvelé avec son
concert spontané !
Il me suffit de savoir
observer, écouter, goûter pour être rassasié
gracieusement ! Avec toute cette vie animale, végétale …
et humaine qui grouille dans notre monde frétillant
ouvert sur un univers infini ! Cette riche existence
m’est offerte et je la reçois comme un cadeau. Avec une
reconnaissance inouïe ! De la fourmi avec son art de
l’organisation à l’hirondelle qui m’annonce le
printemps, du vermisseau qui travaille le sol à
l’abeille qui m’offre son miel, de la brebis dont je
bois le lait du fromage à l’agneau qui me donne son
gigot, tous partagent spontanément mon destin et il me
suffit de respecter ce qu’ils sont pour apprécier leur
concours.
La fragilité inhérente des
êtres qui m’entourent est aussi leur spécificité, leur
richesse ! Ce que je sais, ce que j’ai appris me permet
de mieux collaborer, de vivre
confiant
à côté ou avec … Mais je
sais en réalité si peu de choses que mes petites
intuitions se confondent souvent avec l’aveuglement
collectif ! Les plus grands savants, les plus
grands spécialistes avouent en général leur ignorance,
leur incompétence et leur sagesse est de le reconnaître
au soir de leur vie. Les Einstein, Pasteur, Galilée,
Darwin … ont expérimenté des notions essentielles qui
nous permettent de bénéficier de leurs talents mais ils
restent toujours modestes et craignent que leurs
découvertes soient mal exploitées … Et, de toute façon,
ils ne sauraient jamais imposer leur point de vue …
Si nous pouvons nous
réjouir d’une meilleure connaissance du monde et des
éléments qui nous permettent de mieux sérier les
phénomènes que nous devons surmonter, le progrès ne peut
pourtant jamais se confondre avec une obligation quand
il s’agit de choix personnels, d’options fondamentales !
Chacun doit conserver sa liberté de détermination comme
le bien le plus précieux et personne, pas même le pape
ou le professeur le plus compétent, ne peut se
substituer à quiconque en ce qui concerne sa propre vie
et sa conscience.
Bien sûr « ma liberté
s’arrête où commence celle des autres » …. Comme la
fourmi dans la fourmilière ou l’abeille dans la ruche,
l’homme est un être dans la société et il ne peut
s’isoler. Aussi chacun doit accepter l'autre dans sa
diversité et son originalité. Chacun doit se sentir beau
en effet dans sa
vulnérabilité. Comment pourrait-on admirer
les êtres qui nous entourent sans être conscient
soi-même de sa propre merveille ? Chacun a donc droit à
son ilot vital et peut se protéger comme il préfère. Il
peut se piquer, se droguer s’il l’estime juste mais il
ne peut cependant jamais imposer aussi à l’autre de se
piquer, de se droguer, de s’altérer …
C’est évidemment le désir
de tous de préserver sa santé le plus possible. Et c’est
le choix de beaucoup aujourd’hui de prolonger leur vie
le plus longtemps possible en utilisant tous les moyens
offerts (quitte ensuite à désirer l’interrompre
volontairement par l’euthanasie pour y mettre fin !). Je
comprends ces réflexes et je les respecte. Ce n’est
pourtant pas mon souhait, ni de prolonger l’existence à
tout prix, ni de l’interrompre artificiellement. Je sais
les méandres de mon chemin et je préfère accepter mes
propres fragilités physiques ou psychiques même si
j’essaie de les maîtriser de mon mieux. Je sens que je
suis maintenant au crépuscule de mon séjour ici-bas et
je me prépare sereinement au passage duStyx pour les Champs
Elysées des morts. Colmater dignement encore les brèches
de mon vaisseau, oui peut-être, mais sans repousser les
choix de son capitaine qui refuse toute obligation
servile car il souhaite une vieillesse la moins
artificielle possible et considère la mort comme encore
un instant de vie ...
A cause de la
situation sanitaire engendrée par le Covid, plusieurs étudiants de Lyon mais
aussi d’autres jeunes dans d’autres villes ont tenté directement ou
indirectement de se suicider en se défénestrant ou en avalant abusivement des
médicaments …
Une jeune
fille de 18 ans s’est donné la mort en se jetant sous un train. Qu’a-t-elle pu
vivre d’affreux, d’atroce pour vouloir ainsi en finir ? Et l’on apprend en plus
qu’elle a prévenu ses amis de son geste, qu’elle s’est filmée jusqu’à la
dernière extrémité …
Des chefs
d’entreprise n’arrivent plus à régler leurs charges financières. Ils préfèrent
parfois s’effacer plutôt que de perdre la fierté de leur travail ...
C’est le
découragement, la perte de confiance, l’isolement, la souffrance qui poussent
ces désespérés à fuir le monde. Ces situations nous secouent et nous
interpellent douloureusement !
Or,
aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde encore, bien des enfants qui ont
pourtant toutes les aptitudes vitales, et aussi des adultes, meurent trop
rapidement malgré eux. Simplement parce qu’ils ont faim et ne peuvent manger
suffisamment … Ou parce qu’ils ne reçoivent pas les premiers soins
indispensables … De nombreux journaux, bien des télés nous le rappellent
régulièrement
Il semble
commun et presque banal de vouloir préserver la vie, sa vie, le plus longtemps
possible. Les progrès scientifiques et médicaux semblent travailler dans ce sens
et nous y inciter. Même si certains mouvements ou sectes renversent cet ordre de
valeur ! (Lors des suicides collectifs par exemple : Moon, Djihadistes). Pour
ces derniers, la mort n’apparait pas en effet comme une extrémité dont il ne
nous appartient pas de fixer l’échéance mais comme un passage ouvrant au
contraire de nouveaux horizons libérateurs ... La bible elle-même ne
rappelle-t-elle aussi qu’« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa
vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13) et des Jean Moulin, Maximilien Kolbe,
Arnaud Beltrame, Samuel Paty ne l’ont–ils pas exprimé à leur façon ?
Que l’on
croie ou non que la mort ne soit pas la « fin » de toute vie, comment se
préparer de la meilleure façon à ce « passage » ? Est-ce en acceptant seulement
ce que la vie nous offre tant qu’elle nous sourit ?… Mais, à notre époque,
beaucoup de nantis ne font-ils pas davantage confiance aux magies trompeuses que
l’argent permet d’acquérir ? Pour essayer de vivre coûte que coûte, même lorsque
le corps fatigué ou usé appelle peut-être au repos perpétuel ... Faut-il alors
se laisser séduire par des propositions que le trans humanisme propose ? Et
vivre plus longtemps, très longtemps, pourquoi pas jusqu’à deux siècles, en
utilisant tous les moyens de greffe, de transplantation, les procédés de
robotisation, de puces, de chimères … Et chercher ainsi de plus en plus à
prolonger sa vie en comptant uniquement sur les progrès techniques ?…
Lecteurs de
cette page, que nous soyons membres d’un groupe Ecoute et Partage ou simples
abonnés à ce « Mot », nous sommes tous interpellés par le sens de la vie ! Pour
apprécier bien sûr jusqu’au bout ce qui nous est offert, goûter les plaisirs
qui se présentent et partager nos satisfactions et nos espoirs. Mais apprendre à
gérer sa vie n’est pas facile. Accepter la fin de sa vie quand elle se présente,
n’est pas simple ; sans la précipiter ni la repousser par peur ! Comment
apprécier en effet sa propre vie, lui donner un sens, sans ignorer les besoins
essentiels de nos frères humains du village Terre … C’est le sort de chacun et
personne ne peut s’en exempter. Le contexte actuel nous invite encore davantage
à ce questionnement !
C’est avec beaucoup de
réserves que j’essaie d’exprimer ce que je crois ! Car
ce que je crois aujourd’hui ne sera peut-être pas tout à
fait ce que je croirai demain. Et ce que je crois n’est
de toute façon pas une certitude mais seulement une
conviction … C’est le « Tenir pour véritable, pour
possible » du dictionnaire et non le « Tenir pour
certain, pour indubitable » ! Loin du « Je crois
en Dieu, le père tout puissant, créateur du ciel … »
proclamé encore aujourd’hui dans les églises. Que j’ai
moi-même formulé quand j’étais plus jeune, certainement
davantage par fidélité et confiance envers ma famille ou
mes maitres. Et que je ne renie d’ailleurs pas du tout
car il m’
a
éveillé à un essentiel profond qui me
semble toujours fondamental.
Maintenant, je crois en
effet plutôt enuneSource de la Vie, de
la Beauté, de l'Amour, de la Vérité. Et j’accepte de
l'appeler Dieu. Cette Source inépuisable, enfouie en
notre tréfonds humain, nous offre le goût et le souci de
vivre vrai. Dieu, c'est alors le souffle du vent dans
une feuille, c'est le sourire de ma fille, c'est cette
merveilleuse orchidée devant nous, c'est vous, c'est moi
en potentiel, en devenir … La respiration discrète au
plus intime de nos vies, le ferment enfoui en nos
profondeurs, la parole secrète qui se murmure en nos
cœurs, la lumière ténue qui brille en nos ténèbres sont
cette Source cachée qui se faufile dans nos terres
toujours trop arides ...
Je crois en cette Source
qui anime la vie et le monde et me nourrit ou irradie.
Elle m’a offert cette vie et cette terre comme à tout un
chacun. Comme à tous ceux qui m’ont précédé et à ceux
qui me prolongeront. Elle m’a offert le cadre,
l’héritage d’une famille, d’un milieu avec ses richesses
et ses fragilités. Elle m’a permis de découvrir un
village, un pays, le monde, de cheminer à travers mes
apprentissages, mes expériences, mes recherches, mes
choix ... Et la mort me permettra d’accepter mon
itinéraire tortueux, inachevé, partiel … La vie
continuera de toute façon, peut-être avec moi, de toute
façon par les autres. Les autres ? Toutes les femmes et
tous les hommes bien sûr que j’aime, admire, imite ou
dénigre, déteste, combats et qui, comme moi, assument
leur destin. Mais aussi toute la nature, tout le monde
végétal et animal. Tous de merveilleux compagnons de
route, appréciés, utilisés, exploités, trop souvent
aussi malmenés et non respectés …
En tenant ma modeste place
ici-bas. En partageant ma chance avec mes proches. En
appréciant le verre de l’amitié avec mes compagnons, le
plat du partage avec ceux qui ont faim, le toit du
réconfort avec ceux qui attendent le geste d’entraide,
je suis heureux de goûter moi-même déjà un peu le nid
chaleureux auquel tous aspirent … Ni saint, ni diable
mais humblement homme, fils de paysans,
instituteur-éducateur pendant une carrière, compagnon,
frère et père d’une destinée …
Je suis dans cet univers un
élément parmi tant d’autres, en cheminement, en
gestation, après et avant tant d’autres encore. Et
certains qui ont laissé leurs traces positives sont des
guides exemplaires qui me montrent le passage. Ils
rejoignent certainement ou participent déjà à la source
de Vie éternelle en devenant eux-mêmes enfants du salut
… Ainsi l’homme Jésus dont je reconnais et admire les
talents, les capacités, l’engagement jusqu’au don de sa
vie, la justesse avec son rôle de berger, et qui est
uniquement, simplement, magnifiquement homme mais
fontaine de divinité … Ainsi peut-être Bouddha ,
Krishna, Mahomet …, le courage, la générosité de
certains prophètes, chrétiens ou non, des Martin Luther
King, Nelson Mandela, Yitzhak Rabin ..., la bonté, la
patience, la droiture de certains Maximilien Kolbe, abbé
Pierre, Arnaud Beltrame ... Et aussi les exemples
simples mais généreux de mes proches, ma grand-mère
Reine, mon frère François, mon ami Joseph … Je pense
que, si le corps de tous s’est putréfié, est devenu
humus, a muté, leur vie à chacun se prolonge encore mais
différemment dans l’éternité … Comme la mienne est donc
aussi appelée à se prolonger !
« Est-il possible que je te parle d'un fait me concernant ?
Je suis temporairement indisponible au tel mais j'attends
ton message. A bientôt »
je suppose que, comme moi, vous lui répondrez immédiatement
sans hésiter :
« Bien sûr ! D’ailleurs, ce matin, je pensais à toi à propos
de …».
Or, le lendemain, vous recevez un nouveau mail avec ces
précisions :
« Merci pour ta réponse, cela me donne un sentiment de honte
de te parler de ma situation. Depuis une semaine, on m'a
découvert une tumeur au larynx avancé 4 dont je n'ai voulu
parler à personne. Cependant je souhaite que tu gardes pour
l'instant cette nouvelle confidentielle. Je fais la navette
entre l'hôpital et la maison pour divers examens et analyses
plus poussées chez un spécialiste (carcinologie) d'où j'ai
reçu différentes échographies. J'ai seulement besoin que tu
me rendes un service : accepterais-tu de trouver un tabac
presse, un supermarché ou une station-service où tu
pourras-tu te rendre facilement ?… Tu peux me répondre par
mail, car je vais en salle d'observation pour d'autres
examens et les téléphones ne sont pas autorisés à l’hôpital
… Je laisse ma tablette connectée en attendant ta réponse. »
Si alors, comme pour moi, ces précisions éveillent aussi
votre surprise, car son auteur ne semble pas celui que vous
imaginiez, la méfiance s’amplifie encore quand vous
constatez que sous l’identité réelle de votre sœur l'adresse
mail a bien changé ! Un rapide échange téléphonique (concret
cette fois !) avec ma sœur confirme en effet qu’elle n’a
rien à voir avec cela et que je suis victime comme tous ses
contacts puisque son ordinateur a été piraté ! On a bien
cherché à me piéger !… C'est paraît-il une technique
courante utilisée qu'il faut apprendre à détecter mais qui
m'arrive pour la première fois. L' histoire pourrait donc se
terminer là.
Pourtant, deux jours plus tard, alors que j’utilise mon
ordinateur pour tout autre chose, l’écran est brutalement
envahi par un encart précisant :
« Attention, votre ordinateur est piégé ! Ne l’éteignez
surtout pas car vous vous exposez à de graves ennuis mais
appelez le n° de téléphone en surbrillance en précisant
cette référence : «AAT271 ».
Puis tout l’écran se trouve brutalement figé en bleu avec la
présentation et le logo de Windows pour confirmer la même
obligation avec le même numéro de téléphone et la même
référence …
Je suis bouleversé par cet incident brutal et surtout, pris
au dépourvu car je n’établis spontanément aucun lien avec le
spam reçu la veille. J’hésite, mais puisque le système
d’exploitation Windows, mon opérateur et mon antivirus me le
conseillent, je téléphone au numéro indiqué et précise la
référence signalée. Je suis alors aimablement reçu par une
personne bienveillante qui me rassure, comprend la situation
et m’invite à suivre un processus de remise en état …
Pas de plateforme informatique donc ! Malgré ma méfiance
habituelle, c’est à partir de là que commence ma plus grande
erreur sans que j’en prenne alors réellement conscience …
Alors que je devrais arrêter immédiatement l’ordinateur, je
fais confiance à une personne très professionnelle aussi
compréhensive que compétente, un infortuné sauveur ! : je
permets ainsi sans le savoir une arnaque en favorisant
alors une application d'accès à distance qui permet cette
fois à un malotru d'entrer vraiment dans ma machine !
L’opératrice me fait découvrir alors tous les fichiers
infectés de mon ordinateur. Après de nombreuses opérations,
elle me précise les ennuis auxquels je m’expose si je ne
réagis pas sur le champ. Elle propose enfin différentes
formules possibles de réparation avec une garantie plus ou
moins longue : 550 € pour 4 ans, 450 € pour 1 an … et
finalement, avec une faveur toute particulière, 250 € …
Heureusement que, sous prétexte de recevoir un autre avis,
celui d’un ami sûr, je ne réponds pas à la proposition
offerte ! Quand je prends conscience –mais un peu tard- de
ma légèreté, je consulte aussitôt un informaticien sérieux
qui corrige alors la situation en effaçant l’historique, les
traces et les liens enregistrés dans mon ordi … Je suis
rassuré mais je préfère toutefois signaler aussi la
situation à ma banque !
L’assistante perfide qui m’a conseillé fait certainement
partie de la même équipe ou est la même personne
apparemment niaise qui m’a envoyé un mail la veille pour me
tromper … et qui a cherché avec son réseau à manipuler mon
ordinateur pour ravir indûment des données et me soulager
financièrement !
Prolongeant ma réflexion, je me rappelle avec émotion le
petit voleur de pommes de mon enfance embarqué par les
gendarmes pour essayer de mieux cerner le nouveau gavroche
des temps modernes … Celui qui ment par téléphone ou
publicité interposés, celui qui traque par falkes news et
réseaux sociaux anonymes, celui qui propose de vous aider
pour mieux vous dérober et qui entre invisible chez vous
quand vous croyez lui fermer la porte ! Le piège dans lequel
je suis tombé prouve certainement ma naïveté. Je préfère
cependant vous prévenir pour vous éviter la même erreur.
J’ai découvert en effet à mes dépens que, dans de telles
situations, pareille contrariété qui n’arrive pas qu’aux
autres est éprouvante !
Accepter l’individu que je suis, c’est apprécier
toutes ses capacités et reconnaitre aussi ses limites sans
ni les réduire, ni les survaloriser.
Notre corps est une
merveille d’auto fonctionnement qui obéit à des règles et
que nous devons respecter. L’exercice physique, la
modération alimentaire, la chaleur affective, l’ouverture
spirituelle, la sagesse de clairvoyance ou de discernement
ne sont pas des pratiques facultatives mais des nécessités
indispensables pour quérir un équilibre … Que celui-ci reste
précaire et toujours à améliorer est bien sûr une
préoccupation. Encore faut-il s’émerveiller déjà de ce que
nous sommes, de ce que nous pouvons être sans jamais nous
lasser de cheminer, de progresser. Et sans abdiquer devant
notre fabuleux potentiel …
Comme la
montre nous précise l’heure, le bracelet connecté
podomètre, cardio-fréquencemètre
peut nous apporter des informations sur notre rythme
cardiaque ou nos performances physiques. Mais en
confiant à une machine un automatisme que nous savons
mal mesurer, n’est-ce pas renoncer en même temps à une
disposition instinctive ? Il semble que nos
compétences sont toujours insuffisamment exploitées.
Parce que l’aveugle ne peut utiliser la vue, il
développe davantage son toucher et son audition. Parce
que le sourd ne peut entendre les sons, il observe
davantage et lit sur les lèvres de ses interlocuteurs …
Sans être ni sourds, ni aveugles, utilisons de toute
façon au mieux toutes nos capacités ! Nos organes
internes, nos réactions psychiques réagissent
spontanément aux circonstances qui leurs sont imposées !
A condition qu’elles ne soient pas outrancières et qu’on
leur laisse la possibilité de les maitriser !
Comment ne pas s’émerveiller devant une petite graine
qui, grâce à l’humus rassemblé entre deux pierres, grâce à
l’humidité ambiante et malgré les chaleurs caniculaires, se
développe, s’épanouit et nous offre une fleur odorante et
colorée … Pourquoi notre organisme qui rassemble tant de
petites « graines » diverses ne saurait-il pas surmonter les
principales épreuves qui se présentent au cours de notre
vie ? A la condition toutefois de respecter les bases de
cette vie ?
L’homme qui s’appuie sur ses compétences mais manque souvent
de confiance ou d’humilité devant ses ignorances cherche
parfois à se protéger à l’avance … Comme si un emplâtre dans
un pneu pouvait éviter une crevaison sans provoquer en
réalité un déséquilibre ! Un exemple. Plus de 10 % de la
population française est aujourd’hui obèse. 16 % des enfants
ont un excès pondéral. Cela nous invite-t-il à des
précautions alimentaires accrues, à des exercices physiques
réguliers ou à des expériences chirurgicales hasardeuses,
voiredangereuses ? Le malaise sociétal actuel favorise-t-il
la responsabilisation individuelle ou ne manifeste-t-il pas
au contraire un fatalisme et un abandon d’impuissance ?
L’instruction peut élargir la connaissance mais l’intuition,
le bon sens, la sensibilité, l’instinct sont aussi des
atouts essentiels dont chacun dispose et que l’on doit
exploiter pour s’épanouir. Or, de plus en plus semble-t-il,
on compte sur la rustine, la greffe, le pacemaker, la
vaccination, le médicament … qui apportent automatiquement
des effets secondaires, souvent indésirables, parfois
néfastes, voire dangereux !
Où
est le fabuleux pouvoir d'auto-réparation, la
régénération du corps, l’auto-guérison,les cellules souches capables de se multiplier ….
Ne grève-ton pas souvent une complication
supplémentaire pour l’organisme qui essaie de se
défendre, de se protéger spontanément ? Ne joue-ton pas
à l’apprenti sorcier en suppléant dangereusement un
organe, en le manipulant ? Car la perte de cet
équilibre est à la base du développement des maladies.
Le scientifique Itzhak Bentov* écrit : « Nous pouvons
considérer qu’une maladie provient du comportement
déréglé de l’un ou l’autre des organes de notre corps.
Lorsqu’on y applique un puissant rythme d’harmonisation,
le système d’interférence des ondes qu’est l’organe,
peut se mettre de nouveau à battre à l’unisson. » Et
Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS
précise : « Le Covid-19, c’est très simple : c’est le
résultat d’une biodiversité maltraitée. … Dans la
nature, tout est question d’équilibre ».
Quel individu souhaitons-nous devenir ?
Quelle créature préparons-nous pour l’avenir ? De
quel homme rêvons-nous ? Un être riche de ses
compétences malgré ses faiblesses ou un automate
robotisé qui devra obéir à des programmes humains que de
nouvelles forces intéressées, financières notamment,
s’ingénient à mettre en place ?
Après avoir découvert avec les
sciences quelques bases des lois naturelles qui
permettent de mieux nous connaitre et de nous adapter,
après avoir repoussé les gourous religieux qui
cherchaient à nous dominer pour nous écraser par la peur
d’une toute puissance divine, après avoir remplacé les
pouvoirs dynastiques, qui nous spoliaient, et élu
des représentants chargés de veiller sur leurs
compatriotes, nous devons surtout et toujours
apprécier les merveilleuses dispositions qui nous
habitent et apprendre à nous protéger, à nous construire
pour valoriser ce qui est vraiment essentiel pour chacun
de nous !
Aussi est-il certainement
utile de rappeler
quelques mots d'Henri Bergson* :
«
Il y a des choses que l’intelligence seule est capable
de chercher, mais que, par elle-même, elle ne trouvera
jamais. Ces choses, l’instinct seul les trouverait ;
mais il ne les cherchera jamais. »
Pascal JACQUOT
·
Itzhak Bentov, né en 1923 et décédé le 25 mai 1979 dans un
accident d’avion, est un inventeur, un mystique, un auteur,
un scientifique :
« Nos corps sont des miroirs de l’univers entier à tous les
niveaux »
« La vibration imprègne toutes choses et toutes matières »
« Nos cerveaux sont des récepteurs, des amplificateurs, des
émetteurs et non la source de la pensée »
Permettez que je m’adresse à vous pour soulever quelques
questions qui me tiennent à cœur mais qui nous
concernent tous. Surtout en cette période de pandémie
qui ne facilite pas les échanges directs.
Comment se fait-il qu’une personne guérisse et qu’une
autre pas ?
Comment se fait-il que l’une survive vingt ans à un
cancer alors que l’autre est emportée en quelques mois ?
Quel est cet élan coordinateur qui rassemble les
ressources de notre organisme pour que s’opère la
guérison ?
C’est tout l’objet du livre que je vous propose de
lire : explorer le pouvoir de l’esprit sur le corps.
Patrick Clervoy, médecin psychiatre, professeur agrégé
du Val-de-Grâce en est l’auteur. Boris Cyrulnik soutient
cet ouvrage.
Les expériences du passé, les guérisons miraculeuses et
l’éclairage des découvertes les plus récentes permettent
de mieux comprendre le rôle des puissants facteurs
psychiques qui peuvent agir sur le corps.
C’est une plongée passionnante, guidée par un médecin
psychiatre, au cœur des phénomènes étranges de guérison.
C’est un plaidoyer pour une médecine plus ouverte qui
prenne en compte cette dimension inexplorée de la
guérison : la force vitale de l’être humain.
Pascal JACQUOT
PS Pour vous permettre d’avoir un aperçu de ce livre qui
compte 350 pages, écrites avec une impression en gros
caractères et un vocabulaire clair et simple,
La pandémie du coronavirus et les excès qu’il a suscités peuvent-ils
nous mettre en garde contre la puissance des chefs qui se sentent
indirectement
investis d’un nouveau pouvoir ? Que n’ont-ils pas dit, et
souvent imposé sous couvert de préserver la santé de leurs ouailles ? En
s’appuyant sur la science soit disant incontournable des professeurs de
médecine pour justifier leurs décisions …
Protéger la vie de ceux qui nous sont confiés n’est certainement pas
choisir à leur place. De quel droit peut-on décider en effet pour une
autre personne, majeure, équilibrée, courageuse, fût-elle âgée ?
Je connais une personne, appelons-la " l’Ainée ", qui vivait seule dans
un foyer résidence. Pendant la période de confinement, elle avait besoin
de l’aide mise en place depuis plusieurs mois pour la préparation des
repas, le ménage et son assistance sanitaire. Elle avait besoin de « se
déambuler » dans les couloirs et passer du temps avec sa grande amie et
voisine. Or, voici les réponses qu’elle a obtenues :
Parce que " l’Ainée " avait négligé de baisser sa plaque chauffante, on
a débranché le circuit électrique et elle a dû se contenter de repas
froids sans même avoir la possibilité d’obtenir un thé chaud !
Parce qu’elle souhaitait sortir de temps en temps de son studio, on a
placé une lourde table derrière sa porte d’entrée ainsi que devant la
porte fenêtre de son jardinet. Toute visite extérieure était interdite :
linge, approvisionnement, soins paramédicaux, etc. supprimés. Le
prétexte : elle avait contracté le virus en se rendant chez la voisine.
Un médecin
, qui est
venu visiter l'amie,
l'avait - parait-il – testée positive
!!!
(les tests n'étaient alors pas disponibles !).
Après plusieurs semaines de ce régime, révolte et désespoir se sont
traduits par une crise. Y a-t-il eu - elle l'affirme – intervention d'un
membre du personnel qui l'aurait fait tomber en voulant la maîtriser ?
C'est très plausible. Les pompiers sont intervenus et ont décidé le
transfert aux urgences.
Dénutrie et déshydratée, elle a été prise en charge en service
hospitalier pendant deux mois puis transférée en clinique. Là, toujours
à l'isolement, pour éviter qu’elle ne se manifeste ou se déplace, on l’a
« entravée », c’est à dire attachée à son siège,
à
son lit. Sans espoir ou
possibilité de visite.
Après avoir été interpellé par sa sœur, le médecin responsable ayant
demandé l’arrêt de ce traitement indécent, " l’Ainée " ne fut pas
immédiatement libérée. Il fallut une nouvelle intervention de sa sœur
qui n’était qu’indirectement au courant par téléphone puisqu’elle ne
pouvait pas la rencontrer … C'est alors que le test a été fait et il
s'est révélé totalement négatif.
En présentant de tels faits, nul doute que l’indignation, la réprobation
vont certainement s’exprimer. Encore ne faudrait-il pas reprocher au
simple lampiste ou à l’aide-soignante d’avoir dû trouver une solution
qu’elle savait elle-même certainement inappropriée. Ainsi les
conséquences des choix réalisés pour " l’Ainée ", sont bien plus
néfastes que la pandémie elle-même.
Le respect de la personne suppose sa liberté, quel que soit son âge.
Dans le domaine de la santé aussi bien sûr. En aucun cas et pour aucune
raison, on ne devrait pouvoir infliger à un patient un traitement qu’il
ne souhaite pas ! Même si son propre désir a pour conséquence indirecte
d’abréger sa vie …
Pour s’appuyer sur le fondamental comme nous le souhaitons,
ne faut-il pas dépasser le secondaire qui apparait inutile ?
Quelles valeurs, quelles convictions communes et
essentielles peuvent réunir tous les hommes (et femmes) de
bonne volonté qui au moins, en ce 21ème siècle,
« ne souhaitent pas pour les autres ce qu’ils ne désirent
pas pour eux-mêmes » ?
Par-delà les pratiques diverses et respectables des
religions, par-delà les valeurs des militants divers, dans
des domaines variés, quelles divergences secondaires
nous faut-il apprendre à dépasser et accepter pour vivre
ensemble et nous respecter ?
En plus des indispensables besoins matériels pour vivre et
subsister, en plus des essentielles et légitimes
identifications de tout être humain, les principes de
liberté, égalité, fraternité ne sont-ils pas une base
incontournable ?
-La reconnaissance de l’inconditionnelle dignité de
tous, par-delà les races, les sexes, les fonctions ...
-La recherche de justice universelle, manifestée en
solidarité ...
-La primauté du bien commun ...
Pourtant certains engagés s’opposent à de telles concessions
et affirment qu’ils ont la certitude de dire la vérité, que,
seule, leur doctrine est vraie, qu’en dehors d’eux, il n’y a
qu’erreur …
« Si vous cherchez un doctrine, soyez certain qu’il n’y a de
doctrine vraie que catholique ». Maurras
«Il n’y a qu’une seule bonne raison de croire au Christ,
c’est la certitude que le Christianisme dit la vérité»Bellamy
...
Alors, ces leaders suivent-ils vraiment les règles
fondamentales, essentielles et incontournables du message de
leur maitre spirituel ?
Pour sa part, Abdellatif Laâbi,
poète, écrivain et traducteur marocain, affirme « qu’il
n'y a d'être humain que celui qui considère que la Vie est
encore plus sacrée que ses croyances et ses divinités ... ».
A chacun en effet de retenir vraiment l’essentiel …
Faut-il s’étonner de ce qui nous
arrive avec le Covid-19 ? De sa rapidité, de sa
brutalité, peut-être mais certainement pas de la forte
interpellation, de la lourde semonce qui nous est adressée
pour que l’on comprenne enfin la gravité de la situation (adressée
à nous bien sûr mais aussi à tous les hommes
et femmes, surtout à
tous les responsables, les décideurs, et même les systèmes
que les puissants ont mis en place avec des algorithmes et
qu’ils ne maitrisent peut-être déjà plus complètement …)
Ce qui nous arrive n’est pas une
crise mais une catastrophe qu’aucun jeu, ni « 1,2,3
soleil », ni « pas vu, pas pris » ne peut estomper . Ce qui
nous arrive a été annoncé depuis fort longtemps par de
nombreux sages mais on préfère tourner en ridicule ceux qui
semblent ne pas avoir raison ! Car ceux qui s’imposent alors
sont apparemment les plus forts (quels que soient les moyens
utilisés). Et ce qui me semble le plus grave, c’est qu’ils
vont encore vouloir s’imposer cette fois malgré l’échec
flagrant de la situation !
S’il n’est pas trop tard, si enfin
les hommes acceptent vraiment de se remettre en cause, de
reconnaitre les causes du dérèglement climatique,
l’aggravation des inégalités entre les plus riches et les
plus pauvres, la surexploitation de la planète, la
surconsommation aveuglante qui est le contraire
d’équilibre…, peut-être pourra-t-on rechercher les vrais
problèmes et poser les vraies questions ! Sans se limiter au
sort des occidentaux souvent encore privilégiés et qui
profitent indirectement de la fragilité du plus grand
nombre !
L’agriculture préfère utiliser le glyphosate, les produits
chimiques, favoriser les élevages industriels dans des
conditions aberrantes avec des bêtes
'machinisées'
aux rendements insolents … Bovins, porcs, volailles,
poissons ne sont plus respectés dans des fermes mais
robotisés dans des usines rurales …
Les exploitations ne sont jamais assez
performantes, jamais assez rentables parce qu’elles sont
toujours trop petites, trop inefficaces !
Et le paysan n’arrive pas à vivre
… (un paysan se suicide chaque jour en France
!) …
Des logements, du travail, de la
nourriture pour tous ? Oui, bien sûr.
Mais quels logements, quels travaux,
quelle nourriture ? …
Pour éviter la tragédie des disettes,
le drame du chômage, nous participons à la fabrication
d’objets superflus, parfois inutiles, parfois dangereux, et
des plastiques de pacotilles, et des armes de destruction …
Mais devenir paysan, c’est à dire
gardien du pays; produire des matériaux, des aliments qui
respectent la nature, les animaux, les hommes, nous pouvons
et savons le faire mais nous y renonçons parce que ce n’est
pas rentable, ce n’est pas assez lucratif …
La vie de chacun est le bien le plus
précieux. La protéger, la préserver est
certainement notre premier rôle … Confier sans contrôle
notre santé aux nouveaux prêtres de la médecine est
dangereux car les abus sont non
seulement possibles mais parfois
irréversibles.
Croire que l’on peut changer ses
organes comme les pièces d’une voiture est un leurre ;
Croire qu’un vaccin miraculeux se
substitue à notre propre démarche est dangereux;
Croire que l’homme est « homo deus »
est absurde.
Qu’une pharmacienne, ancienne ministre
de la santé, Madame Bachelot, puisse reconnaitre
publiquement que « tout médicament efficace est toxique »
est un aveu révélateur ! Surtout quand on
bannit encore officiellement des soins pourtant inoffensifs,
sécurisés et actifs.
Nous savons que l’hygiène, la
connaissance, la sobriété ont permis et
apportent des
améliorations.
Que la durée de la vie a progressé. Mais la qualité de vie
s’est maintenant stabilisée en occident et
peut même se dégrader …
Si, aujourd’hui, les modifications
climatiques de notre
planète, le phénomène de
l’obésité qui touche de
plus en plus de jeunes,
la surconsommation régulière et banalisée de molécules
prodiges, la dépendance des populations aux produits
importés de première
nécessité, l’invasion du superflu qui éloigne
l’indispensable, continuent à dissiper la fierté de l’homme
…
alors ce n’est pas la vache qui est
folle[i],
mais c’est
l'homme qui est
devenu fou. Et peut-il longtemps refuser encore de prendre
conscience des causes profondes de ce qui lui
arrive ?
[i]
L’encéphalopathie
spongiforme bovine (ESB) dont souffre la vache est
provoquée par la folie de l’homme qui a le culot de
l’appeler « maladie de la vache folle » !
La caricature présentée ci-contre
a été publiée par l’association
Lorraine “Nature et Survie” en
août 1980 (il y a 40 ans
exactement !)
Commentaires :
Merci pour cet article. Je
pense que tu touches du doigt ce que nous
devrions comprendre depuis longtemps et que nous
avons encore du mal à intégrer.
Ce que le coronavirus nous propose, c’est la
preuve que le confinement de quelques jours
suffisent pour dépolluer suffisamment
l’atmosphère pour que les oiseaux et les
insectes puissent réapparaître, pour que Venise
retrouve de l’eau claire et les bans de poisson
qui vont avec, que l’air de Paris soit à nouveau
respirable…
La nature fait des miracles, ne l’empêchons pas…
Bernard
Très juste, espérons donc que
tout le monde en tire des leçons profitables à tous!
Le déconfinement pour certains me semble peu
raisonnable
: achats en masse d'écrans géants dans les grandes
surfaces, foule des samedis en plein centre ville,
pas assez de masques portés. Effet temporaire?
Devant un coucher de soleil
où les nuances de lumières et de couleurs se mélangent
dans les nuages à l’horizon, je suis souvent béat
d’admiration. Du haut d’une montagne où le panorama
environnant rassemble des monts majestueux avec des
glaces blanches et des vallées vertes et vivantes avec
des filets d’eau bleue qui courent, je suis invité à la
méditation …
Les merveilles qui
s’offrent à notre vue, les images admirables qui nous
sont transmises par les satellites, les découvertes qui
permettent de mieux comprendre l’univers, ouvrent notre
espace sur l’infiniment grand, l’infiniment prodigieux,
l’infiniment petit aussi. Conscient de subir ces infinis
mais heureux de pouvoir les partager en les maitrisant
un peu, en les dominant parfois, l’homme conserve-t-il
cependant l’humilité indispensable de ses limites et de
ses grandes ignorances ?
La nature sait s’adapter et
corriger un peu les erreurs pour surmonter les épreuves.
Elle le fait certainement d’autant plus spontanément et
rapidement que l’homme ne dresse pas des obstacles
inutiles ou maladroits ! Les déforestations, les
barrages gigantesques, les transports inconsidérés, les
exploitations minières, les pollutions diverses et mal
contrôlées bouleversent notre climat … Mais certaines
pratiques médicales controversées ne génèrent-elles pas
également des risques lourds ?… Si la science fait des
progrès, elle doit cependant laisser à chaque individu
la liberté et le choix de ses décisions personnelles. Le
souci du plus grand nombre, la responsabilité des chefs
peuvent-ils justifier des contraintes ? Oui bien sûr
quand celles-ci permettent une amélioration qui ne
trompe pas ou ne dégrade en rien la vie. Rien de
fondamentalement gênant par exemple d’imposer des
mesures d’hygiène ou de sécurité, des règles de conduite
…
Mais créer une obligation
qui contraint un objecteur à accepter malgré lui une
injection de bactéries dans son propre corps, n’est-ce
pas usurper l’intégrité et le respect d’autrui ? Pour se
protéger de porteurs de virus, peut-on imposer
automatiquement un traitement ? Il faudrait d’abord que
l’efficacité de ce traitement soit totalement et
unanimement reconnu. Il faut aussi de toute façon que le
patient le souhaite car si la médication imposée protège
réellement les bénéficiaires, que peuvent craindre en
réalité pour eux-mêmes ces derniers de la part d’un
récalcitrant ?
L’épidémie du coronavirus
soulève des questions fondamentales qu’il ne faut pas
éclipser. Pourquoi une maladie aussi grave, aussi
contagieuse s’est-elle manifestée ? N’y-a-t-il pas
d’autres interrogations plus importantes que l’attente
d’un nouveau vaccin ? Quand on respecte la vie et que
l’on s’émerveille réellement devant elle, l’avenir ne
doit de toute façon pas faire peur !
Quand j’écoute un interlocuteur, j’essaie de comprendre ce
qu’il souhaite exprimer et cette attention qui mobilise
toute ma concentration, ne m’autorise pas à soulever
automatiquement un autre point de vue sur le champ.
Quand je partage ce qui me tient à cœur, j’utilise des mots
qui traduisent peut-être maladroitement ma pensée et
j’apprécie les questions qui me sont adressées pour essayer
de la formuler autrement et peut-être plus clairement …
C’est pourquoi Ecoute et Partage invite à un silence après
l’intervention d’un ami dans un groupe de réflexion. Pour
permettre à l’émetteur d’accepter les limites de son point
de vue et au récepteur à la fois de bien comprendre
l’argument présenté et de proposer éventuellement à son tour
un argument personnel sur un autre thème.
Pour illustrer cette démarche ECO (Ecoute à Cœur Ouvert)
d’Ecoute et Partage, voici un exemple :
Dans un groupe un participant essaie de relativiser la
culpabilité d’une maman dont l’enfant (jeune adulte) s’est
suicidé. Pour préciser son point de vue, il signale qu’aucune
éducation n’est parfaite, que, même avec la meilleure bonne
volonté et le plus grand amour, la maman a eu aussi le droit
de se tromper. Et qu’un enfant, devenu majeur et adulte doit
progressivement apprendre à relativiser les situations
vécues pour se prendre en charge, à accepter les adversités
pour les surmonter, à solliciter de l’aide pour être
accompagné …
L’intervenant ne nie pas la responsabilité éventuelle des
adultes, du milieu éducatif ou social du jeune désemparé
mais il souhaite seulement la relativiser ! Après son
expression un silence permet de bien sentir ce partage des
rôles et des responsabilités de chacun. Et aucun débat n’est
engagé car si le thème du suicide n’est pas l’objet de la
rencontre du jour, il pourra être choisi et retenu une
prochaine fois.
Quand l’homme assure ses
besoins essentiels de survie, le vivre, l’abri, la sécurité,
il cherche aussi à satisfaire son sentiment de
l’interconnexion à tout ce qui existe. Son sens du Mystère
et son admiration envers ce qui le dépasse l’invitent
souvent à solliciter les forces qu’il ne maitrise pas ou à
se lier avec elles …
Qu’au fil du temps il ait
imaginé des dieux ou un Dieu pour se protéger ou solliciter
de l’aide ne surprend pas, qu’il ait installé des religions
pour essayer de répondre de son mieux à ses appels de
transcendance s’explique facilement. Encore faut-il que les
institutions établies évoluent pour s’accorder avec les
découvertes réalisées successives ...
On a longtemps cru par exemple
que la femme accueillait le sperme de l’homme comme la terre
qui permet de développer la semence. Sans apporter sa part
spécifique de co-créatrice avec un ovule ! * Il suffisait
dans ce cas que le « Ciel couvre » une femme pour qu’elle
engendre un être divin. Aussi, pour assimiler la science,
l’Eglise catholique a-t-elle déclaré seulement au 19ème
siècle que la mère de Jésus, était elle-même née sans péché,
ou de « conception immaculée », pour pouvoir ainsi donner
naissance à un enfant considéré comme Dieu !
Aujourd’hui, de nombreuses
vérités de foi ne semblent plus crédibles. Que signifient en
effet pour beaucoup ces expressions « Créateur du ciel et
de la terre »,
« Conçu du
Saint-Esprit », « Homme à l’image et à la ressemblance de
Dieu », « Christ consolateur de nos misères et mort pour
moi »,
« La résurrection
de la chair » … Alors que seulement 7 % de la population
mondiale, mais déjà 50 % des Européens s’appuient sur des
analyses scientifiques reconnues, les religions
traditionnelles ne peuvent que ou disparaître
progressivement, ou se transformer profondément pour
répondre simplement aux questions essentielles que l’homme
se pose**
.
A chacun donc de cheminer en
apprenant à écouter vraiment et en travaillant le plus
possible avec d’autres … En refusant de toute façon
l’hypocrisie qui est certainement pire que l’erreur !
Pascal 2020 02
* Il a fallu plusieurs
siècles avant que la science occidentale ne confirme
l’existence d’ovules contenant les gênes de la femme. Cette
découverte une fois confirmée, toutes les histoires de
naissance virginale ont cessé d’être des possibilités
biologiques ; en fait toutes ces histoires sont mortes »
John Spong (Pour un christianisme d’avenir)
«Enfant je t'avais dit " merci d'être venu". Tu
m'avais répondu : "Merci d'être ..." Tu avais
hésité, cherché un participe passé qui pourrait répondre
à mon "venu", et puis tu t'étais repris, tu avais
répété : "Merci d'être." Il n'y avait pas besoin
de complément. "Merci d'être." Pas besoin de
justification. "Merci d'être." Merci d'être ce
que tu es. Avoir 12 ou 13 ans et recevoir l'offrande
d'une telle parole, comme ça, sans préalable, sans
demande de caution, dans le cours ordinaire de la vie !
Tu te disais agnostique. Mais ce n'est pas le sujet. Le
sujet, le seul, est l'amour donné. Et tu as donné le
tien sans compter »1.
Voici le
résumé du souvenir qu’Emmanuel Godo évoque.
Que de fois, comme la réponse de l’ami d’Emmanuel, je
murmure moi-même en quittant une personne rencontrée ou
un membre de ma famille, "Merci d’être". Je le
murmure intérieurement, dans mon cœur, par peur de
surprendre ou de n’être pas compris. J’exprime dans le
silence toute mon admiration, toute ma reconnaissance,
toute ma chance d’avoir un tel ami, un enfant aussi
sensible, un compagnon si aidant, ou un proche si
interpellant ! Avec son caractère, sa générosité, sa
droiture, son humour, son originalité … et aussi ses
fragilités, ses faiblesses et même ses médiocrités !
Parce que la vie est courte, parce que chacun est
unique, parce que « l’extraordinaire est dans la
profondeur de l’ordinaire2 », parce que « au
fond de chaque homme il y a un ciel enterré qui attend
que des artisans de lumière lui rendent son aurore3 »,
je garde confiance. Oui, "Merci d’être". Tout
simplement "Merci d’être". Merci d’être vrai,
merci d’être ce que tu es ; Merci à toi en effet d’être
toi. Sur le chemin, en marche ou en repos …
Mais ne
dois-je pas apprendre encore à être
aussivraiment
moi ?… Pour pouvoir me dire également "Merci d’être"
!
Si les anciens se rappellent peut-être avec nostalgie
les longues processions populaires pour célébrer
certains moments liturgiques, les plus jeunes peuvent
venir encore début décembre à Saint Nicolas fêter le
patron lorrain dans la grande basilique qui lui est
dédiée. Ils seront portés par une foule enthousiaste et
chanteront à gorge déployée « le crédit d’âge en âge »
qu’ils attendent encore du saint …
Mais si St Nicolas apportait dans sa hotte quelques
jouets aux enfants sages, il offrait surtout à tous en
même temps l’espoir de la chaleur familiale et le désir
d’un partage réel avec ceux qui souffrent ou qui n’ont
pas le nécessaire. Et il était accompagné du père
fouettard qui le déchargeait de la besogne ingrate en
fustigeant avec ses verges les paresseux ou les menteurs
car il poursuivait le Mal, la perfidie.
Les fêtes d’aujourd’hui peuvent rassembler les mêmes
objectifs et manifester la joie, le plaisir de partager
des valeurs communes qui sont si nécessaires à la vie
collective. Mais les cadeaux représentent-ils encore la
récompense, l’encouragement, la satisfaction du
partage ? Peut-être. Pourtant le monstre du profit qui
cultive en priorité ses intérêts cherche uniquement à
plaire, à tenter … par son commerce séducteur. La
méfiance n’est donc pas superflue. Puissions-nous en
effet offrir des cadeaux utiles, modestes et qui,
surtout, valorisent tous les autres cadeaux qui ne
s’achètent pas mais se savourent dans le bonheur d’être
ensemble, d’exploiter ses propres compétences et
d’apprécier ce que la vie nous donne généreusement et
spontanément !
Le progrès est toujours désiré. Qui peut le
refuser quand il s’agit de progresser réellement, de
réaliser vraiment des progrès ? … Mais on confond
souvent le progrès avec l’évolution matérielle que des
techniques, des appareils peuvent apporter mais qui
impose souvent une adaptation indispensable et ajoute
aussi parfois de nouvelles contraintes lourdes et
inutiles.
Le confort, la facilité des voyages,
l’abondance, la mécanisation sont-ils en effet toujours
un progrès ? Est-ce réellement un progrès de cultiver la
terre, de produire des aliments avec des pesticides qui
tuent, de soigner avec des médicaments aux effets
secondaires lourds, de se déplacer plus vite en polluant
davantage, de vivre plus longtemps en souffrant sans
apprécier les jours qui passent ?
Il ne s’agit pas de rejeter les améliorations
concrètes qui facilitent la vie, généralisent des
avantages et offrent plus de moments agréables. Mais les
réels progrès ne sont-ils pas ceux qui proposent ou
favorisent vraiment l’équilibre, l’écoute,
l’épanouissement, le bonheur et généralisent la
confiance, l’espoir, le goût du partage, du vrai, du
beau, du sincère !
Car nos ainés, nos anciens, nos parents qui
travaillaient dur, qui s’entraidaient parfois dans les
difficultés malgré les épreuves savaient aussi profiter
de la vie. Ils savaient d’ailleurs prendre du temps et
le temps nécessaire peut-être plus naturellement
qu’aujourd’hui ; ils admiraient la nature et les
saisons, ils aimaient les veillées de bavardage …
Alors apprenons à accueillir le progrès
moderne avec enthousiasme s’il permet réellement de nous
développer, de cheminer, de grandir en maturité
individuellement … et collectivement !
Réussir dans la vie, gagner
sa vie ; avoir un métier, disposer d’une maison, être
reconnu … c’est déjà un vaste programme !
Mais réussir sa vie ;
respecter ses valeurs, vivre avec dignité en fonction
des cadres qui conditionnent notre destin … N’est-ce pas
plus ambitieux et peut-être encore plus valorisant ?
Pour vivre aujourd’hui,
bien sûr ; confiant dans l’adversité ; conscient d’être
utile ; heureux malgré les inévitables difficultés …
Et vivre au-delà de la vie
terrestre, pourquoi pas ! … Pour ceux qui espèrent en
une vie après la vie ou en un au-delà qui se prolonge
autrement après la mort, un horizon s’ouvre en effet !
Car réussir sa vie n’est plus réussir uniquement la vie
terrestre qui n’est qu’un moment de la vie bien limité.
Réussir sa vie s’inscrit alors dans un parcours plus
vaste qui prolonge non seulement notre cheminement
personnel mais réunit aussi le cheminement de ceux qui
nous ont précédés, de ceux qui nous entourent et de ceux
qui nous succèderont ...
A chacun donc d’écrire sa
vie comme il peut ; jour après jour ; année après année
… en appréciant le verre à demi-plein !
Pascal 2019 10
Vivre sans fuir ni la vie ni la mort -
"Vivre nos humaines vies mortelles, tout simplement,
pleinement, en vérité, sans fuir ni la vie, ni la mort,
sans culpabiliser.
Manger, grandir, jouir en savourant si possible
jusqu’à la dernière goutte cette vie où l’esprit et le
corps, les nôtres et ceux des autres, sont intimement
liés, où le ciel et ce que nous appelons peut-être dieu
sont au cœur de l’humain et nulle part ailleurs.
Jacques Bufquin
(Merci à lui de continuer à nous parler dans le secret)
Ne suis-je pas riche de toutes les expériences vécues,
de toutes les épreuves rencontrées, de toutes les
déceptions acceptées !
Pourtant j’ai l’impression d’avoir beaucoup oublié de ce
que j’ai déjà vécu et constaté. Dans d’autres circonstances, j’ai en
effet déjà découvert telle situation, telle réaction
semblable mais j’en ai souvent oublié le sel qui
pourrait m’éviter le goût de la répétition ! Et je reste
toujours un apprenti, un ‘bleu’ qui continue à apprendre
sans exploiter suffisamment ce qu’il sait déjà ...
Ma fierté en est-elle secouée ? J’accepte mal cette mémoire
si étroite qui néglige fréquemment ses apprentissages !
Mais je me console
cependant
en évitant
maintenant
la dernière goutte qui remplit mon vase et le ferait
déborder !
Le monde va cahin-caha et moi-même, je suis bien limité
dans sa mouvance …
Pourtant, malgré les années qui passent et qui devraient
faire de moi un « sage » prudent, je reste
volontairement confiant. Trop confiant et un peu naïf ?
Peut-être. Et malgré les bouleversements, les horreurs,
les drames auxquels il faut faire face, je reste émerveillé
aussi... Emerveillé par les capacités de la nature, le
potentiel des êtres vivants à se renouveler, à se
régénérer, à survivre spontanément ...
Pourquoi notre propre vie ne serait-elle pas, elle
aussi, merveilleuse malgré nos maladresses, nos
difficultés, nos erreurs ? La nature vit et se
renouvelle. Elle meurt et renait. L’automne et le
printemps sont là pour nous le rappeler. Ne sommes-nous
pas aussi de passage dans ce monde, sur cette terre à la
fois laborieuse et prodigieuse ... Et les voisins, les
amis qui partagent (une partie) de notre destin ne
sont-ils pas à la fois notre chemin et notre tremplin ?
Si une recette est un moyen pratique de réussir un plat,
une activité, existe-t-il une recette du bonheur ? Car,
on le sait, le bonheur est de toute façon très relatif
pour quantité de raisons ! Il est souvent fuyant mais ne
se cultive-t- il pas, ne se nourrit-il pas aussi de mon
attitude positive ? ...
Comment être satisfait de ce que l’on a, de ce que l’on
vit, de ce que l’on bénéficie sans désirer ce que l’on a
pas, ce que l’on ne vit pas, ce dont on ne bénéficie pas
spontanément ? Comment apprécier ce qui nous est
offert ? Comment solliciter ce qui est essentiel et un
droit ? Il semble que chacun doive concocter sa propre
recette !
Si, par exemple, je suis en vacances, si j’ai de la
disponibilité, si je vis avec des êtres chers, si je
bénéficie d’un cadre enchanteur …; mais il pleut, les
enfants sont énervés, les préparatifs des repas sont
contraignants …; que faire pour apprécier alors le
verre à moitié plein sans regretter la moitié vide ?
Pour les gens du commun ou la foi du
charbonnier, ressusciter, c’est revivre avec son propre
corps, c’est retrouver les capacités de vie que la mort
a anéanties. Pour les chrétiens, si Jésus est
ressuscité, c’est donc qu’il a retrouvé la vie avec son
corps originel puisqu’il « est sorti du tombeau » !
Les textes des évangiles le laissent croire en
l’affirmant clairement de cette façon.
Or, cette « résurrection » est de moins en
moins crédible : les textes précisent d’ailleurs que
même les disciples de Jésus ne reconnaissent pas le
« ressuscité » ! Ne serait-il plus alors avec le même
corps ? « Ce n’est ni une réincarnation, ni la
réanimation d’un cadavre », signalent aujourd’hui
certains théologiens ; « Jésus ne revient en réalité
pas à la vie d’avant ! ». La résurrection devient
donc une autre vie, une nouvelle naissance. Si l’on
emploie toujours le même mot « résurrection » pour ne
pas se contredire, on ne lui donne alors plus le même
sens mais c’est certainement le pauvre croyant et sa foi
de charbonnier qui ne comprennent pas les finesses
théologiques !
Parce que j’aimais mes parents et aussi parce qu’enfant,
je faisais confiance à mes éducateurs, j’ai longtemps eu
de nombreuses certitudes. Aujourd’hui, je n’en ai plus
guère qu’une seule, une seule bien étriquée, c’est que
je mourrai ! Et cette certitude, que je préfère regarder
en face pour éviter la détresse, implique pourtant une
conséquence : je vis encore et suis un « grain de
sable » unique dans l’univers. Appelé que je suis à être
le mieux intégré et le plus harmonieux possible avec
tous ceux qui m’entourent dans le cadre qui m’est offert
...
Je peux ajouter cependant que je partage la conviction
du Président François Mitterrand qui, dans notre pays
laïc, lors de ses derniers vœux, a pu déclarer à tous
les Français « Je crois aux forces de l’Esprit ». Si je
pense en effet que nous pouvons garder un lien ténu avec
tous ceux qui nous ont précédés ou qui comptent beaucoup
pour nous, je me demande souvent si eux-mêmes ont encore
un échange avec nous ou ont une
quelconque
conscience de ce
que nous vivons ou devenons ...
Pour moi et pour bien d’autres, Dieu n’est pas le Tout
puissant que l’on se représente souvent mais il est en
réalité bien plus riche dans son impuissance. Il ne peut
en effet nous confier réellement tout son Amour sans
nous faire entière confiance et sans abdiquer
automatiquement sa propre puissance ! Car Il n’est que
l’Amour qu’il nous a donné. Et qu’il nous invite à
vivre, à partager avec nos compatriotes de croisière sur
cette terre dont chaque élément comme chaque être peut
être un joyau !
Pourtant, bien que de culture chrétienne et, parce que
je suis occidental, interpellé par le message de Jésus,
je ne peux croire que celui-ci est lui-même Dieu. Quels
que soient ses intuitions, ses charismes, il est et
reste un homme. Un prophète, un être évolué, un
thaumaturge exceptionnel, oui, mais quand même un homme
avec ses talents et ses fragilités, un homme intègre,
courageux comme nous sommes tous appelés à le désirer.
Pourquoi les chrétiens des premiers siècles de l’Eglise
ont-ils alors préféré le déifier ? Parce qu’à l’époque,
les personnages importants étaient déifiés après leur
mort et parfois même de leur vivant. Peut-être aussi –y
compris de manière inconsciente- pour pouvoir, plus
facilement, négliger l’essentiel, oublier le
fondamental et même quelquefois trahir son message non
sectaire d’accueil, d’entraide, d’amour, de refus des
préjugés et des idolâtries ... A chacun de nous et à
nous tous ensemble d’essayer pourtant de vivre ce
message en traduisant simplement dans nos comportements,
dans nos choix, dans nos actes la construction d’un
monde plus juste, plus respectueux, plus chaleureux ...
Aussi, je me sens souvent plus proche des travailleurs
humbles et discrets que de certains pasteurs prétentieux
et parfois hypocrites avec leur « chapeau pointu » ;
et plus proche aussi des sagesses orientales ou même
des attitudes chamaniques primaires mais sincères que
des fanatismes religieux davantage attachés à la lettre
qu’à l’esprit de la Bible, du Coran ou des Sûtras.
La vie est certainement notre meilleure école. Les
épreuves que nous rencontrons en sont de véritables
examens ! Mais si nous avons toute la vie pour
apprendre, l’apprentissage de nos premières années et
notre formation initiale sont essentiels pour donner
vraiment le goût et le plaisir de continuer à découvrir
pendant toute notre vie.
Malgré l’éducation exigeante, rude et rigoureuse qui fut
mienne, je n’envie nullement les écoliers actuels, ni
les libertés, ni les facilités qui leur sont offertes.
Car la vie qui peut être une aventure riche est loin
d’être simple et elle se présente aujourd’hui avec plus
d’embuches qu’hier. Si les jeunes ne sont en général
plus préoccupés par la faim, le froid ou le gîte, ils
sont par contre livrés à des difficultés nouvelles dans
un cadre beaucoup plus pervers. Pour deviner le cadre
éducatif actuel, il suffit d’évoquer la puissance des
écrans, la critique facile de l’autorité, les infox (ou
fake news), les autonomies trop rapides ou mal
contrôlées, les dus requis et les contraintes peu
acceptées, le cynisme du dominant qui devient valeur, le
culte de la réussite par l’argent, par l’image (beauté,
force) … Aussi, les années scolaires offrent-elles à
tous les élèves une étape fondamentale non seulement
pour acquérir un savoir, mais aussi pour se forger des
réflexes avec une lucidité et une volonté à surmonter
les contraintes futures.
Il me semble qu’en plus du climat de sérénité,
d’ouverture, de confiance nécessaire dans le cadre de
toutes les écoles, en plus des matières traditionnelles,
français, maths, langues, arts plastiques, EPS …, en
plus des apprentissages à l’hygiène, au code la route,
au numérique, une formation de type méditation laïque ou
communication verbale serait la bienvenue pour entrer
profondément en contact avec soi-même et retrouver du
discernement, pour améliorer la connaissance de ce qui
se passe, pour apprendre à ‘écouter’ vraiment, pour
permettre le libre-partage et la fraternité dans la
liberté de conscience. Sous quelles formes, par quels
éducateurs, cela doit être étudié. Dans le tourbillon de
la vie, pour surmonter les épreuves inévitables, pour
prévenir les pièges nombreux et souvent perfides,
‘écouter’ son corps, ‘écouter’ ses besoins, ses
capacités, ses aspirations profondes, ‘écouter’ l’autre,
son voisin, l’étranger, blanc ou black, ‘écouter’ la
richesse de la diversité et de la différence ne peut
être facultatif mais est indispensable. Et est encore
bien plus nécessaire aujourd’hui qu’hier car les valeurs
d’entraide, de solidarité, de confiance sont beaucoup
moins spontanées dans le monde plus permissif, ouvert
et moins contraignant qui est le nôtre maintenant que
dans le contexte éducatif autoritaire, assez rigide et
fermé d’autrefois (à dominance rurale d’ailleurs).
Mon itinéraire personnel illustre les conditions de
l’ascenseur social dont j’ai bénéficié. Je suis né
pendant la 2ème guerre mondiale dans un petit
village lorrain. A quatre ans et demi, à l’arrivée des
américains dans la région, j’ai subi avec ma famille
l’évacuation sur un chariot pour fuir les combats. A
huit ans et pendant un an de ma scolarité, je me suis
rendu chaque jour à pied avec la musette au dos à
l’école du village voisin où je faisais réchauffer mon
repas de midi sur le poêle. A douze ans, dès mon entrée
dans le secondaire, je rejoignais seul à 50 km de la
maison familiale, avec deux trains et un autobus,
l’internat que je ne pouvais quitter qu’une fois par
trimestre, où j’emportais quelques vivres pour améliorer
un peu le déjeuner et le goûter … et où, après un lever
à
6 heures, les cours et études se succédaient jusqu’à 21
heures, tous les jours sauf le jeudi après-midi et le
dimanche …
De nos jours, des dispositions matérielles plus
séduisantes
dissimulent quantité de leurres qui aggravent le
tourbillon de la vie. L’obligation scolaire qui est une
chance donnée à tous n’est plus appréciée, l’exemplarité
familiale est plus diversifiée et les outils
relationnels avec le numérique notamment sont souvent
plus amoraux. Les déplacements multipliés, l’exigence de
ses droits et la négligence de ses devoirs, le besoin de
confort et de
changement ne facilitent pas la pondération et le souci
de l’autre. Aussi, connaitre quelques règles du vivre
ensemble, apprendre à communiquer par-delà les mots,
analyser les bases psychologiques de l’élan ou échange
amoureux, respecter son corps et l’intégrité de l’autre
ne peut plus être facultatif et devrait être découvert
moins dans l’improvisation entre copains, dans la
recherche inappropriée par internet, dans
l’expérimentation hasardeuse qu’avec des analyses
étayées, sérieuses et approfondies présentées par des
professionnels … Ce qui est déjà offert à des gamins de
familles privilégiées hors du temps scolaire, ce que de
nombreux stages de formation personnelle m’ont permis
d’apprécier trop tardivement doit être proposé à toute
la jeunesse pour qu’elle puisse appréhender assurément
la vie avec tous ses pièges. C’est en tout cas mon
souhait et c’est celui de beaucoup de parents confrontés
avec leurs enfants à des problèmes qui leur échappent.
C’est surtout l’espoir que l’école facilite davantage la
mise en place de ces échanges attendus par beaucoup de
jeunes et leurs responsables.
Qui
n’a pas été ‘secoué’ par les conséquences dramatiques
d’un tremblement de terre ? Ou ému par un ouragan
dévastateur ? Ou interpellé par une épidémie mortifère ?
C’est une centrale nucléaire balayée par un raz de marée
qui contamine toute une région ; une famine qui supprime
les plus faibles ; une incendie qui raye de la carte
tout un terroir … La nature se cabre : ouragans,
tsunamis, pandémies, sécheresses …. Les hommes se
fracassent : guerres, camps de concentration, attentats,
otages … Tyrans, dictateurs, terroristes, kamikazes,
fanatiques, islamistes, mages … Hitler, Pol-Pot,
Coulibaly …
Mais
ces phénomènes effrayants, même s’ils laissent exsangue
un coin de la terre, s’ils martyrisent une génération,
un pays ou même un continent, ne brisent pas l’espoir
d’une évolution positive et d’une amélioration possible.
Par contre, des données plus sournoises, des éléments
plus insidieux risquent de détruire encore plus sûrement
et plus irrémédiablement toute notre planète ! Et si des
prophètes honnêtes et courageux ne se lassent pas de les
annoncer, de les signaler, ce sont les intérêts
financiers des puissants, l’hypocrisie veule des
dirigeants qui, hélas, s’imposent le plus souvent : eaux
contaminées, terres dilapidées, air infecté … Car
l’industriel a besoin du plastique pour ses emballages,
le paysan du glyphosate pour ses cultures, le médecin de
la chimie pour ses patients, le consommateur du
gas-oil pour ses déplacements ! Tous sont ainsi
complices plus ou moins consciemment ou volontairement !
Et ce sont les pays les plus industrialisés qui, avec le
pétrole, le charbon, les armes polluent le plus alors
que ce sont les habitants des pays les moins développés
qui cherchent à survivre en émigrant chez ceux qu’ils
devinent plus favorisés ....
Comme beaucoup, je m’indigne devant le manque de civisme
des voyageurs qui abandonnent leurs détritus sur le bord
des routes ou sur la plage. Mais je suis encore
davantage irrité par les promesses hypocrites de
recyclage des emballages par Coca-Cola ou les contrats
d’innocuité des recettes de Bayer/Monsanto car ceux-ci
ne pourront qu’être insuffisants pour satisfaire les
besoins (souvent superflus ?) qui se démultiplient sans
cesse. Ainsi les mers sont-elles envahies, en surface
comme en profondeur par des déchets mortifères de toutes
sortes. Si un nettoyage s’impose, il ne suffira jamais à
supprimer les conséquences des imprévoyances et
imprudences commises. Tous les produits chimiques de
traitement, les médicaments absorbés
finissent en partie au moins dans les égouts, les
rivières et les mers avec nos épandages, nos déchets,
nos rejets et même nos
urines. Même filtrées, aseptisées, les eaux
recueillies pour être consommées contiennent
automatiquement des éléments encore dangereux,
microscopiques ou indécelables. Si la nature est capable
d’absorber ou réparer une partie de nos dégâts, elle
mérite attention et respect car elle ne peut cautionner
nos excès et nos fantaisies. Les
additifs,
colorants,
conservateurs,
solvants,
adjuvants,
anti inflammables, anti odorants, anti
oxydants … qui se lovent sournoisement dans les
microparticules des détritus ne peuvent disparaitre
totalement et nous en absorbons involontairement et
automatiquement, directement dans nos boissons ou l’air
que nous respirons, mais surtout indirectement par la
chaine alimentaire avec les plantes ou les animaux que
nous consommons … Et les souffrances de cancers qui se
banalisent ne sont-ils pas au moins partiellement une
conséquence indirecte de cette légèreté coupable ?
L’escalade de montagnes escarpées ou l’ascension
d’arbres élevés ne me font pas peur. Par contre, j’ai un
réel vertige devant les épreuves qui nous attendent et
que les prochaines générations devront affronter. Quand,
dans les années 70, avec l’association Nature et Survie
(ci-dessus couverture de la
revue n°23 en Février 1980 : "La montée
des périls"),
j’espérais une véritable révolution de notre
consommation, je pensais que c’était encore possible. Je
le crois de moins en moins, non pas parce que ce n’est
plus possible mais parce que les enjeux actuels sont
devenus trop cruciaux et que l’on refuse de les prendre
réellement en compte. La démission du ministre de
l’environnement Nicolas Hulot et ses larmes
prémonitoires ne seront en effet bientôt qu’une
péripétie vite oubliée mais puisse l’indignation qu’il a
exprimée balayer et interpeller toutes les
dissimulations et soulever au moins notre exaspération
!
Les femmes et les hommes du 21ème siècle
souhaitent-ils vraiment corriger les tares de notre
société ? Dans nos pays d’économie marchande –dite
société industrielle avancée-, ce sont les médias et les
faux besoins (générés notamment par la publicité) qui
éloignent les citoyens d’une compréhension critique des
causes et des effets de leur aliénation. Une pensée et
une morale conventionnelles, qui méprisent toute forme
de contestation, qui stigmatisent en plus la détresse
des marginaux, se développent en effet progressivement
et l’économie impose souvent aveuglément l’austérité aux
plus démunis comme solution de partage !
Avec tous les moyens dont il dispose et notamment
l’argent qui le nourrit, le discours libéral présente
notre vie atrophiée comme enviable à condition que rien
ne vienne faire signe que "ça ne va pas", comme
l’ennui profond ou la dépression, la demande insatiable
ou l’appétit du vide et ses addictions, l’angoisse
poignante par la non maitrise de situations trop
compliquées … Aussi, lorsque des évènements funestes se
produisent, ils sont discrédités comme des
"inadaptations, incompétences, pathologies ou même
délinquances" ! Lorsque les employés, les ouvriers,
les agriculteurs, les artisans, les fonctionnaires
souffrent de conditions indécentes de travail,
manifestent leur désarroi ou leur impossibilité de faire
face, on reconnait assez facilement leurs situations
comme difficiles mais seulement transitoires parce
qu’ils n’ont pas su accepter les nécessaires évolutions
préalables indispensables. Leur malaise est toujours
présenté comme un passage obligé pour une invitation à
un nouveau bond en avant, un nouveau saut périlleux en
réalité !
Pourtant, l’infirmière dans l’hôpital ou l’EPAHD ne
dispose que de quelques minutes par malade ; l’employé
doit être plus performant même quand il sombre dans un
burn’out ; l’artisan consciencieux se mesure aux
pratiques ignobles mais voilées de groupes
internationaux qui trompent les régulations;
l’agriculteur ne dispose jamais suffisamment de terres
ou de machines compétitives … Mais, au risque de passer
pour rétrograde, inadapté, suranné, ni l’un ni l’autre
ne doivent évoquer le passé. Quand un paysan subsistait
avec quelques hectares de terre seulement ; quand un
instituteur dans un village avait parfois moins de 10
élèves dans une classe unique aux cours multiples …
Pourtant les valeurs défendues quand on prenait le
temps de s’intéresser à chaque situation locale, à
chaque individu, quand la solidarité invitait à
s’entraider, à se mutualiser, ne s’imposent-elles pas
avec encore davantage de fermeté maintenant que nos
moyens sont décuplés ?
Mais, aujourd’hui il ne sert à
rien de regretter le passé en oubliant toutes les
souffrances qui l’ont endolori. Aujourd’hui, il ne
s’agit pas non plus d’accepter sans notre participation
et à n’importe quel prix la mondialisation ou
globalisation qui écrase. Aujourd’hui, producteurs
honnêtes et consommateurs conscients doivent apprendre à
collaborer, à coordonner leurs forces, à distinguer
l’essentiel du superflu, à protéger nos ressources et la
planète. Aujourd’hui il est plus important que jamais de
favoriser les circuits courts pour éviter les contrôles
couteux et les dégâts écologiques. Aujourd’hui il est
fondamental de se soucier de tous, des fragiles et des
laissés pour compte aussi … Aujourd’hui, l’échelle
mondiale nous ouvre des horizons et s’enfermer pour se
protéger ou se cloisonner dans des frontières serait une
illusion. Le droit de chacun à avoir « un travail, un
toit, une terre»[1]
suppose que chaque personne soit reconnue, puisse vivre
dignement avec courage et que le partage soit stimulé,
favorisé. Sans négliger, dénigrer ou enterrer les
valeurs universelles de tout homme et de toute vie.
P.
J. 03.2018
[1] Le pape François réaffirme
le droit des pauvres aux trois « T », un
travail, un toit, une terre.
Sans l’espoir de voir sa semence
lever, le paysan « jetterait-il la moisson future aux
sillons » comme l’écrit Victor Hugo dans « Saison
des semailles
»[1]?
Sans la confiance de découvrir un
poussin déchirer sa coquille 21 jours après,
placerait-on un œuf sous une couveuse ?
Sans la certitude que le scion
replanté deviendra un grand arbre quelques années plus
tard, construirions-nous une perspective pour l’avenir ?
Ainsi la banalité de gestes
anodins, d’un poulet insignifiant ou d’un scion fragile
nourrit notre émerveillement car l’espoir, la confiance,
la certitude sont essentiels pour chacun de nous. Ils
nous invitent à la fois à l’abandon et à la
détermination …
Si je sais semer de petites
graines de salades, j’apprécie automatiquement la
récolte potentielle. Et si j’ai la modestie d’apprendre
les actes essentiels pour me nourrir, j’apprends aussi
les lois de la vie, j’en devine leurs contraintes et je
les accepte pour subsister et vivre !
Mais ce qui était commun hier
encore est de plus en plus rare aujourd’hui. L’enfant ne
voit plus son père, son grand-père ou son voisin semer,
planter, s’inquiéter d’une sécheresse, d’une gelée,
s’émerveiller d’une récolte protégée … Le monde
mécanisé, internationalisé a réduit le nombre de bras
nécessaires pour la production et caché ses exigences au
plus grand nombre … Il reste cependant à présent tout
aussi important d’apprendre à se nourrir qu’à … lire et
écrire. Et si l’apprentissage intellectuel peut
faciliter l’apprentissage manuel, les deux doivent
toujours se compléter, se solidariser et ne jamais se
jalouser ou s’opposer par une quelconque supériorité.
Il ne faut en effet pas oublier
que le véritable paysan, le vénérable paysan,
est le gardien du pays, celui qui protège et
alimente le territoire … Le titre de paysan, loin d’être
un reproche comme cela a été souvent le cas, est en
réalité une charge de fierté, de noblesse. Tout individu
doit apprendre à progressivement le porter … pour
vraiment sentir « la fuite utile des jours »,
apprécier le cadeau de la terre et respecter notre
berceau !
C'est le moment
crépusculaire.
…
Je contemple, ému, les haillons
D'un vieillard qui jette à poignées La moisson
future aux sillons.
…
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.
…
Et je médite, obscur témoin,
… Le geste
auguste du semeur.
Malgré toutes les épreuves, tous les drames actuels,
pouvons-nous accepter et reconnaitre notre fortune de vivre
une période singulière et particulièrement riche ? Jamais en
effet jusqu’à ce jour, les infos, les connaissances, les
circonstances ne nous ont permis d’avoir un horizon aussi
transparent !
J’ai eu pour ma part la chance de naitre et de passer mon
enfance dans une famille et un milieu catholiques. Une
chance non pas pour la profession de foi affichée mais pour
les valeurs spirituelles et républicaines vécues :
intégrité, solidarité, droiture, justice, entraide … Par
exemple, mon père a su accueillir dignement, dans sa ferme,
un ouvrier polonais alcoolique, et, après la guerre, des
prisonniers allemands qui étaient blanchis à la maison et
mangeaient à notre table; et ma mère a aussi su ouvrir cette
même table familiale à un colporteur algérien qui, pendant
les douloureux évènements de nos départements d’outre-mer,
vendait des tapis et passait à pied régulièrement à la
maison le dimanche à midi …
J’aurais certainement pu découvrir des valeurs semblables
dans d’autres milieux, en France ou dans le monde ; par
exemple dans un milieu protestant en Ardèche, un milieu
musulman ou soufi en Algérie, un milieu bouddhiste en Inde …
Pendant ma jeunesse, j’ai vécu quatre ans au Gabon en pleine
forêt équatoriale d’Afrique et j’allais parfois à pied sur
une piste souvent non carrossable dans des villages reculés
à l’accès difficile. Je ne comprenais pas le dialecte. Je
savais la primarité de certaines des pratiques de ce milieu
animiste, les sévices humains lourds comme l’excision, le
mariage d’enfants ou de bébés. Mais j’y ai apprécié –oh
combien- leur hospitalité généreuse : ces indigènes qui
vivaient dans le dénuement, sous une paillotte sans confort,
offraient en effet spontanément à l’inconnu que j’étais, au
"blanc" symbole du riche, représentant leur colonisateur et
pilleur du pays, le seul ananas mûr ou disponible de leur
jardin ou le dernier œuf de leur seule poule pondeuse !
Mes déplacements et voyages successifs m’ont ensuite fait
aussi découvrir des civilisations particulièrement
florissantes : les Bamilékés au Cameroun, les Aztèques au
Mexique, les Inuits au Canada, l’ancienne Rome, la cité
grecque d’Athènes, Split avec sa cathédrale sur le temple de
Jupiter. Partout j’ai admiré des bâtiments prestigieux dont
on visite les ruines, amphithéâtres, temples, colonnes,
pyramides ; des édifices aux merveilles architecturales
calculées avec précision, aux statues sculptées, décorées,
au sol de mosaïques colorées … Et je ne peux imaginer que
les génies, les bâtisseurs qui ont réalisé de telles
prouesses, qui ont voulu honorer un esprit, maitriser la
foudre ou le tonnerre, peu importe que ce soit Apollon,
Zeus, Vénus, des dieux ou un Dieu, Allah, Bouddha … ,
-fussent-ils des esclaves, des illettrés, des primitifs-,
n’aient pas aussi parallèlement le sens de l’entraide, le
souci de protéger le frère, la tribu, de nourrir la famille,
de soigner le voisin … Et je suis ébahi, subjugué par tant
de capacités humaines, par la grandeur innée altruiste de
ces êtres car l’homme porte en lui le désir de connaître,
d’aimer, de donner et d’agir de façon exaltante ; et
certainement aussi une aspiration à l’infini, à l’éternité,
à l’absolu !
Les cultures successives se sont développées dans différents
milieux et des êtres de valeur, fascinants, uniques, se sont
manifestés au cours des temps : Bouddha, Jésus, Mahomet et
bien d’autres, sans parler des ignorés ou oubliés … En
Orient, au Moyen Orient, en occident, en Afrique, ces êtres
ont donné parfois jusqu’à leur vie pour améliorer le sort de
leurs congénères. Jésus est un juif qui a voulu corriger les
préceptes trop rigides de sa tradition en valorisant l’homme
et la femme en détresse ; Mahomet est une personnalité d’une
intelligence, d’une habileté et d’une ténacité remarquables,
avec un sens très fin des hommes et des situations … Ils
n’ont pas souhaité une nouvelle religion mais leurs adeptes,
tentés par le pouvoir, ont utilisé la caution de leur maitre
spirituel pour imposer leur propre autorité : Jésus est
devenu un « Dieu », Mahomet un « prophète intouchable» …
Plusieurs siècles plus tard, les occidentaux avec leur
civilisation chrétienne, croyant découvrir l’Inde dans le
Nouveau Monde, ont alors déconsidéré les messagers Incas,
n’ont pas retenu leurs découvertes, et ont voulu écraser
leurs valeurs en construisant des cathédrales sur leurs
temples pour détruire leurs cultes … Comme, dernièrement,
les Djihadistes avec les vestiges mésopotamiens ou les
basiliques cooptes !
Loin de moi de sombrer dans un syncrétisme religieux
simpliste et facile. Je ne voudrais surtout pas laisser
croire une naïveté car je sais que l’homme peut être
pervers et est aussi capable du pire. L’histoire nous
enseigne bien des évènements horribles d’hommes ou de
religieux célèbres : les raids musulmans dans la conquête de
l’Espagne, les princes catholiques qui oublient leurs
martyrs chrétiens pour mener inquisition ou croisades …
Hier, Hitler, Franco, Pinochet ont chloroformé les
responsables religieux catholiques …; aujourd’hui, les
dictateurs Poutine en Russie, Erdogan en Turquie, cajolent
l’un les orthodoxes, l’autre les musulmans… Pour éviter de
renouveler les erreurs du passé, il ne faut jamais oublier
les tragédies de l’histoire !
Oui, le pouvoir centralisé est dangereux et il est
essentiel que pouvoir politique et pouvoir religieux ne
soient pas liés ; Le concept de la laïcité dont la France a
la chance de bénéficier, peut éviter des abus pour que les
valeurs reconnues des différentes communautés rassemblent
alors que les pouvoirs absolus divisent et opposent … Comme
nous le rappelle l’actualité : le peuple juif qui a tant
souffert devient en Israël lui-même un oppresseur et des
descendants de musulmans malmenés en Afrique sèment la
terreur …
Comment alors vivre nos propres valeurs sans nous séparer
automatiquement des autres convictions, sans ignorer les
bonnes volontés que nous côtoyons ? Comment profiter des
valeurs communes des différentes cultures sans alléguer les
différends théologiques qui y sont liés ? Pour ma part,
croyant en un Eternel ou un Infini qui est Amour, je ne peux
cependant me résoudre aujourd’hui à entrer dans le rempart
cloisonnant d’une religion qui impose ses certitudes et je
me sens donc agnostique … Pourtant, dans ma culture, je
devine l’étincelle du « Abba(1) »
de Jésus comme l’Amour en marche de notre monde, ce père si
chaleureux qui accueille sans réserve son fils égaré, cet
employeur si juste qui reconnait l’ouvrier de la 11ème
heure. Aussi j’essaie de ne pas m’isoler, je chemine et
participe humainement avec une communauté ouverte … et
fragile ! Mais je me refuse de déifier ce Jésus, si
exemplaire certes, mais qui ne me semble que le témoin actif
et prodigieux d’une culture.
Pour clore cette page en souriant, puisque l’immensité
sidérale nous permet d’évoquer maintenant de nouveaux
« êtres » conscients et clairvoyants sur une planète encore
inconnue, j’imagine que l’Eternel nous fasse un véritable
pied de nez et nous offre déjà dans cet autre "nouveau monde
" un 2ème "Jésus" ! Ce prophète, appelé X, Y ou
Z et tourné vers le même "Abba", renouvelle spontanément
les valeurs universelles en faisant sien tout ce qui est
positif et qui est à la fois juif, chrétien, musulman,
bouddhiste, confucianiste, chamanique, ésotérique
(2)
! Et il nous appelle encore
à le suivre !
P.J. Le
03 12 2017
[1]
Jésus s’adresse à son Dieu par ce terme
que l’on peut traduire par « petit papa chéri ».
[2]
C’est-à-dire en un mot, « pré-nicéen ».
C’est en effet au concile de Nicée, en 323, que
l'Empereur païen Constantin 1er, qui s’est converti au
Christianisme, impose sa volonté aux Eglises. Différents
"dogmes" qui jugent, condamnent, excluent,
anathématisent et divisent ont alors été ensuite
promulgués successivement !
'été
est assez banal. Découvrir, derrière un sourire, tout un
chemin de vie, toute une expérience et même une amitié,
est par contre suffisamment original pour qu’on souhaite
le partager ! Un dimanche après-midi de 2012, mon épouse
et moi-même, nous partons à bicyclette sur la route qui
longe le canal de la Marne au Rhin, de Saint Nicolas de
Port à Maixe. A un arrêt à Varangéville, nous échangeons
quelques salutations avec un matelot sur sa péniche
ancrée et son épouse nous invite à boire une bière sur
le bateau.
Nous
apprenons alors que, d’origine Malaisienne, notre hôte a
appris un peu le français à Paris et habite maintenant
aux Pays Bas ; qu’il a acquis cette ancienne péniche
aménagée avec plusieurs membres de sa famille ; qu’après
un déplacement sur différents canaux jusque
Varangéville, il rejoint les Pays Bas dès le lendemain
avec la voiture de son beau-frère qui prolonge à son
tour la tournée en bateau …
Nous
lui signalons alors la proximité de la magnifique
basilique de St Nicolas et l’invitons vivement à la
découvrir avant de quitter la Lorraine. Ravis par cet
échange spontané, nous nous séparons pour rejoindre
notre demeure.
Vues extérieure et intérieure de la basilique de St
Nicolas de port :
Dans la soirée, la sonnette de la maison nous avertit
d’un
visiteur. C’est notre batelier qui se présente. Quelle
surprise ! Il a visité « la belle basilique » et
rapporte la casquette que j’avais oubliée dans son
embarcation !! Mais comment a-t-il pu nous retrouver ?
Dans notre discussion de l’après-midi, il avait entendu
parler d’un viaduc et mon épouse m’appeler
« Pascal ». Aussi a-t-il rejoint ce « viaduc »
sans savoir qu’il s’agissait de la rue St Charles et
a-t-il sollicité un habitant dans ce quartier pour
localiser "Monsieur Pascal".
Peu
après ces retrouvailles inattendues et grâce à internet,
des photos (ci-jointes) nous prouvent que la basilique a
su séduire ses visiteurs ; aux « Monsieur » se
substituent les prénoms Pierre et Pascal ; des
courriels courts et sympathiques se jouent des
kilomètres et des pays différents pour alimenter le Mot
d’Ecoute et Partage par des dessins originaux et
personnalisés.
Chers amis d’Ecoute et Partage, je me devais de vous
préciser en quelques mots comment j’ai connu Pierre et
pourquoi des images pleines de charme du "Mot mensuel"
sont régulièrement signées
"Pierre Pourchez"
! C’est peut-être l’aventure banale d’une rencontre mais
c’est surtout la féérie de la naissance d’une amitié
pour le plaisir de rendre service. Merci la vie, merci
Pierre.
Pascal le 12 12 2017
Et voici la
réponse
spontanée et
intégrale de Pierre :
« Chers
amis,
Je suis très honoré lisant notre petite histoire
depuis 2012. Et même vous avez mis quelques photos
j’ai pris pendant notre visite! Conservé pendant 5
ans!
Peut-être vous pensez j’ai appris votre belle langue
à Paris? C’est pas juste Pascal, je suis commencé
apprendre la langue Français parce que je m’appelle
Pierre. Mon nom m’a convaincu d’embrasser tous ce
que c’est Français. Et à l’âge de 11 ans je visitais
Paris pendant une weekend. C’est là je découvrais
que tout le monde parlait et chantait une langue
mystérieuse. Ensuite je rencontrais les chansons
d’Adamo (Amour Perdu) et Edith Piaf (Non, je ne
regrette rien). Et en entendant je découvrait
c’était impossible pour moi comprendre ce qu’ils
chantaient. Et la France, moins que deux heures de
ma maison et pas comprendre que plus de 30 millions
peuple disaient, parlaient et chantaient!
Impossible et voilà mon mission: apprendre votre
langue. Je commençais avec Marcel Pagnol ( La gloire
de mon père) et ensuite Molière ( Jean-Baptiste de
Pocquelin). J’étais étonné (jalouzie?) que vous
aviez une femme fatale dans votre histoire nommé
Jeanne d’Arc et nous dans Les Pays Bas? Nous avions
rien du tout! Vous aviez un Roi Soleil!
Et enfin: vous avez un coin qui me racontait quelque
chose de la Liberté-Egalité et Fraternité. Voilà mes
amis, peut-être c’était ce petit coin est devenu mon
philosophy personelle.
Pendant 2015 j’ai traversé votre pays à pied du nord
jusqu’à Les Pyrénées. Et marchant pendant 51 jours
j’ai senti le bonheur de parler votre langue.
Comme dans tous les villages à cette époque, à Reillon,
les enfants entraient à l’école primaire dès 5 ans pour
suppléer la « maternelle » inexistante. Et, dans les
années 1940, pendant et après la 2ème guerre mondiale,
les instituteurs étaient invités à utiliser les
éventuels cours de plein air en rendant localement des
services utiles. Par exemple, en automne, en ramassant
des glands dans la forêt pour améliorer la pitance des
cochons des fermes …
En
1945, certainement en juin ou juillet, j’avais tout
juste 5 ans comme mes cousins Annie et Jean-Pierre et je
me souviens très bien être allé avec toute la classe et
son institutrice, dans un champ de pommes de terre au
lieu-dit « Sur le chemin de Vého », à mi-chemin environ
entre les deux villages. Nous avions chacun une boite de
conserve vide pour recueillir les doryphores qui se
multipliaient sur les plants et nous engagions ainsi une
ligne particulière de culture pour accomplir notre tâche
…
Soudain
l'institutrice, qui
était courbée comme nous pour prélever larves,
doryphores ou grappe de petits œufs jaunes sur les
feuilles de pommes de terre, se redressa et s’écria :
-« Annie, ton papa arrive … » et elle invita ma
cousine à le rejoindre. La silhouette de cet inconnu au
loin sur la route avec sa casaque avachie, ses godillots
et son sac sur le dos m’apparait encore clairement
aujourd’hui …
C’était en effet Henri, le père
d’Annie, mon oncle, qui venait à pied depuis la gare,
après un séjour de 5 ans en Allemagne ! Prisonnier de
guerre dès 1940, il n’avait alors jamais vu sa fille …
Je n’ai plus en mémoire le cliché visuel des
retrouvailles certainement chaleureuses qui ont suivi ;
je ne sais plus si Annie est partie enthousiaste,
craintive ou peureuse[1]
à la rencontre de ce père qu’elle n’avait jamais
rencontrée mais je devine facilement toute l’émotion qui
a dû envahir cet homme en redécouvrant sa famille, ses
proches, son village après 5 ans d’absence dans des
conditions particulièrement éprouvantes ...
A
cette époque-là, on ne dissertait guère sur les
conséquences psychologiques ou psychanalytiques de ces
situations qui, pour être nombreuses et jamais communes,
ne devaient pas engendrer de traumatismes. Remercier le
ciel était même l’unique consolation légitime ! La seule
joie de se revoir pouvait-elle cependant dissiper les
souffrances passées et ouvrir un horizon enfin
éclairci ? Comment ne pas imaginer toutes les
difficultés nouvelles et imprévues que tous durent alors
surmonter ; celles d’un enfant qui doit adopter un
inconnu comme son propre géniteur, celles d’une jeune
épouse qui a dû assumer seule à la tête d’une ferme une
double responsabilité pendant cinq ans, celles d’un mari
qui ne retrouve certainement pas totalement ce qu’il
avait généreusement imaginé pendant son isolement ?…
Plus
de 70 ans plus tard, je remémore ces moments de ma
jeunesse pour mieux en mesurer la pesanteur, mais aussi
en savourer toute la générosité et la richesse. Les
drames rencontrés dans une vie, inattendus souvent,
forgent les personnalités. Ceux vécus par nos parents,
nos grands-parents, pendant les guerres successives, à
travers les difficultés deleur métier et les
contraintes de survie m’invitent à admirer encore
davantage maintenant leur courage et leur dignité. Je ne
doute pas que nos enfants, nos petits-enfants devront
aussi surmonter les leurs, bien différents mais
peut-être aussi lourds malgré des apparences peut-être
trompeuses … J’espère seulement qu’ils sauront alors
reconnaitre et apprécier ceux de leurs ancêtres pour
relativiser un peu les leurs …
Pascal
[1]
Annie m’a confié dernièrement : « Ce jour-là,
j’ai dit "Bonjour Monsieur" à ce père
inconnu ! »
il
s’émerveille, s’émancipe … Il a le potentiel qui permet
d’essayer, de modifier, de construire mais ne sait rien de
la période de vie qu’on appelle vieillesse puisqu’il ne l’a
pas encore traversée !
Le vieux a d’abord été jeune, puis il
a pénétré l’âge mûr, enfin il se mesure à l’ultime partie de
sa destinée terrestre … Il peut donc évoquer tout ce qu’il
connait ; de la jeunesse qu’il a vécue, qui l’a façonné et
dont il se souvient évidemment, comme de la vieillesse qu’il
a le privilège de côtoyer !
Le jeune et le vieux sont bien sûr
l’un et l’autre
"admirables"
dans leurs différences et
"respectables"
dans leurs capacités spécifiques complémentaires. Mais ils
ne sont pas « égaux » ! Le jeune est encore pauvre de son
inexpérience tandis que le vieux est riche de toutes ses
découvertes. D’autant plus riche d’ailleurs qu’il reste
modeste, devient fragile physiquement et s’insinue
progressivement dans les lois éternelles du monde qui
l’entoure.
Pour devenir « sage », l’homme –ou la
femme- est invité à apprécier son expérience ; en exploitant
les étapes de son cheminement avec les différentes
situations qu’il a connues, les multiples épreuves qu’il a
surmontées … C’est donc souvent le privilège du vieux, loin
de la sénilité dans laquelle la jeunesse cherche parfois à
l’enfermer !
La beauté du jeune est tout autre ;
elle est dans son dynamisme, sa force, son enthousiasme, sa
capacité de réalisation ; elle est dans son ouverture, sa
générosité possibles, sa soif du neuf. Mais la beauté -du
jeune comme du vieux -n’est jamais dans une supériorité
écrasante ou méprisante !
....
Or, avec l’évolution rapide des
techniques et des découvertes actuelles, l’opposition entre
les générations semble s’accélérer. Par exemple, tandis que
le jeune manipule avec facilité les écrans informatisés, le
vieux semble souvent
"déconnecté", ou réservé (volontairement
ou malgré lui !) par les nouveaux moyens de communication.
Si l’on peut être heureux que le jeune s’adapte plus
facilement et puisse ainsi s’insérer dans la vie notamment
relationnelle, l’objectivité ne devrait-elle pas inviter
aussi à apprécier la prudence ou le discernement que le
vieux a appris pendant toute sa vie et n’a pas
automatiquement perdu en quittant son activité
professionnelle ?
Pourquoi alors, aujourd’hui,
surestime-t-on trop souvent la jeunesse active avec sa forme
d’efficacité au détriment de la vieillesse usée, parfois
dépassée mais dont le trésor caché est souvent méconnu ?
Alors qu’il était conditionné hier par une éducation
rigoriste et usait d’une liberté très limitée, le jeune
d’aujourd’hui ne se sent-il pas survalorisé par une
éducation qui favorise l’affirmation de soi au détriment du
respect de l’autre ? Pourquoi, par exemple pour être
concret, ne se pousse-t-il plus spontanément pour laisser
passer une personne âgée sur le trottoir ou ne lui cède-t-il
plus sa place assise dans un bus ?
Pourquoi prise-t-il l’éphémère et déconsidère-t-il
certains procédés ancestraux qui ont pourtant
fait leurs preuves ?
Le proverbe « Si jeunesse savait, si
vieillesse pouvait !» est encore souvent cité mais si la
sagesse du jeune est certainement d’accepter de continuer à
apprendre, celle du vieux est certainement d’accepter de
s’effacer avec humilité tout en revendiquant certaines
valeurs et en continuant peut-être à prodiguer quelques
conseils ! Mais qu’on se rassure, jeunes ou vieux, « le
temps ne fait rien à l’affaire, comme le dit Georges
Brassens». Et je m’interroge seulement sur le phénomène qui
pare la jeunesse de toutes les vertus et qui par contrecoup,
impute à la vieillesse la stagnation supposée de notre
société ...
Alors que le scandale
s'étend en Europe après
la
découverte d'œufs pollués au fipronil,
le ministère de l'Agriculture de France lance la traque
aux œufs contaminés. Une opération qui vise d'ailleurs
autant à rassurer qu'à expliciter les causes
fondamentales et à modifier l'injustifiable !
Les conséquences des
cultures et élevages industrialisés, favorisés par la
dérégulation / mondialisation de l’alimentation animale
sont catastrophiques pour les consommateurs et les
paysans eux-mêmes ... Les drames successifs du monde
agricole et de l’industrie agro-alimentaire ne
suffisent-ils pas encore à nous interpeller et à nous
inviter à corriger nos erreurs ? Rappelons seulement
quelques crises passées; celles de la vache folle ou ESB
(Encéphalopathie
Spongiforme Bovine),
à cause des farines animales, de la grippe aviaire H1N1,
des milliers de bêtes abattues (vaches, oies, canards,
porcs ...), de la dioxine ou des polluants organiques
persistants dans l’environnement, et plus généralement
de l’élevage intensif en batterie (avec
antibiotiques, activateurs de croissance,…). Sans parler
des pollutions des sols par des fertilisants chimiques
ou des produits phytosanitaires pour barder les cultures
des parasites, de certains insectes, de champignons ou
de mauvaises herbes ; et sans oublier bien d’autres
scandales, notamment celui de la viande de cheval de
Roumanie vendue comme de la viande de bœuf …
Pourtant, il y a presque
40 ans déjà, en juin 1980
exactement,
l'association Lorraine Nature et Survie,
présentait le dessin ci-contre sur sa revue
bimestrielle et posait une question de fond ...
"Le petit élevage ... !!? Oui, mais comment ?"
Comment l'agriculture
d’aujourd’hui qui s’industrialise toujours davantage
pourrait-elle vraiment répondre aux valeurs d'un monde
rural vivant ? Ne faudrait-il pas dans des exploitations
durables de taille familiale des paysans nombreux,
heureux dans leurs tâches et fiers de leurs produits ?;
avec la reconnaissance économique de leur travail à
travers la vente de leurs marchandises qui doit
constituer l'essentiel de leur revenu ; avec des modes
de production respectant la qualité, la sûreté des
aliments et l'environnement ; avec une juste répartition
des aides publiques indispensables entre les
exploitations, entre les secteurs de productions et
entre les régions ...
Peut-on alors
imaginer une réelle prise
de conscience pour un vrai changement ? On peut bien sûr
toujours l'espérer … Car producteurs et consommateurs ne
doivent plus tolérer l'insupportable. Pour ma part, je
ne pourrai plus attendre encore 40 ans pour le constater
enfin !
Aujourd’hui, dans la plupart des
familles de notre pays, les jeunes mangent
à leur faim, fréquentent longuement l’école, participent
régulièrement à des loisirs et pianotent naturellement sur
leurs écrans … Leur vie, qui semble douce, est apparemment
au moins délivrée des privations ou des lourdes servitudes
de leurs aïeuls. Pourtant, « 80 % des troubles psy
arrivent entre 15 et 30 ans » affirme David Gourion,
psychiatre, et « ces 40 dernières années, le nombre de
suicides a augmenté de 25 % ».
J'ai en effet constaté
dans mon entourage avec
beaucoup d’émoi que plusieurs
jeunes se sentaient en profond mal-être psychique. Les
parents et les éducateurs ont d’ailleurs souvent du mal à
percevoir leurs difficultés pour pouvoir les aider. Les
suicides de jeunes gens de milieux plutôt favorisés nous
interpellent fortement. Des étudiants brillants, promis à un
avenir professionnel garanti, et qui ont apparemment eu un
parcours sans histoire, sombrent dans le désarroi. A la
veille de porter des responsabilités d’adultes, ils ne
parviennent pas à surmonter les épreuves qui les assaillent.
Pourquoi ?
Je laisse au docteur Gourion le soin
de développer dans son livre[1]
tous ces phénomènes. Il y a des comportements qui devraient
nous interpeller : il ne faut pas confondre en effet le
mal-être « ordinaire » adolescent qui est temporaire et sans
conséquence au quotidien avec des signes objectifs plus
lourds : cassure scolaire, isolement social, repli sur soi,
arrêt d'activités de loisir sans raison, troubles du sommeil
... Troubles alimentaires, dépendance à l'alcool et au
cannabis, attitudes anxieuses invalidantes, schizophrénie
sont fréquents et plongent les jeunes dans un désarroi qui
s’aggravent avec le temps.L'agrégation de facteurs comme
les bouleversements socio-économiques, la modification des
structures familiales et des réseaux de socialisation, la
modification des rythmes biologiques veille-sommeil, le
manque d'exposition à la lumière du jour, les changements
alimentaires, la pression à la réussite jouent sans aucun
doute un rôle important.
Je me permets seulement d’ajouter une
simple énumération : Une enfance facile, sans contrainte
sévère, avec peu d’obligations pour obtenir l’indispensable,
c’est à dire l’alimentaire, l’habillement, les besoins
courants … Des loisirs libres qui n’imposent pas de
prévisions, pas de régularité et peu d’effort … Ou, au
contraire, des études ou des loisirs trop exigeants, qui
sollicitent une résistance à toute épreuve et une tension
exacerbée pour franchir le seuil des concours ou dépasser
ses propres capacités … Une confrontation à des chocs trop
agressifs (d’ordre moral, affectif, sexuel) et perturbants
pour des êtres non aguerris … Des écrans pervers avec
pornographie et violence qui, le jour et souvent même le
soir, envahissent les cerveaux en construction … Des drogues
censurées mais banalisées comme le cannabis, ou
médicamenteuses dès qu’un léger symptôme mesquin apparait …
Des repas sans heure, avec un menu à la carte et le frigo à
la disposition individuelle, des boissons gazéifiées,
sucrées, alcoolisées … Des nuits sans sommeil …
Voici quelques pistes que l’on peut
facilement soulever. Elles cernent certainement,
partiellement au moins, les causes de ces drames que nous
déplorons. Certains de ces constats dépendent de nous et
nous pouvons essayer de les corriger, d’autres sont
sociétaux et il vaut mieux en être conscient. Si nous ne
savons les maitriser totalement, ils nous invitent de toute
façon à revenir aux sources de l’équilibre humain et à nous
appuyer davantage sur le bon sens traditionnel ; avec, comme
le disait déjà Montaigne, au 16ème siècle,« une
tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine » mais
aussi : Un corps respecté plutôt qu’un corps séducteur ou
travesti … Un esprit ouvert plutôt qu’un esprit brillant ou
superficiel … Un cœur sensible mais prudent plutôt qu’un
cœur éponge …
P.J.
[1]La Fragilité psychique des jeunes adultes. 15-30
ans : prévenir, aider et accompagner de David
Gourion, Odile Jacob, 24,90
€
Nos fêtes de tradition chrétienne ne sont-elles plus
qu’un moment de surconsommation disculpée ?
Pourtant, si le besoin de merveilleux, le plaisir de la surprise,
de l’inattendu, de la récompense après l’effort
s’expliquent facilement et peuvent se justifier,
l’illusion, la tromperie, le mensonge ne peuvent que
décevoir !
« Or Noël n’est pas la fête des enfants. C’est la fête
des cadeaux et des marchands de jouets, de l’égoïsme
familial, de l’avidité, de la convoitise. À peu près le
contraire de ce qu’il faudrait enseigner à nos
enfants. »
[1]
Que Jésus soit Dieu, c’est ce que j’ai cru durant mon
enfance. Comme j’ai cru à St Nicolas qui venait pendant
la nuit du 6 décembre avec son âne et pour qui je
préparais un bol d’avoine que je retrouvais vide le
lendemain. Je présumais qu’il déposait un cadeau pour
chaque enfant à la maison pendant la nuit ; un maigre
cadeau mais un cadeau utile : des crayons de couleur
pour dessiner, une chemise ou des chaussettes pour
s’habiller,
quelques dat
tes pour compléter le repas
familial, et parfois un jeu collectif comme
celui des petits
chevaux.
Enfant, je n’ai par contre jamais cru au père Noël qui
n’était même pas évoqué dans mon milieu familial. Car
ceux qui m’enseignaient la divinité de Jésus me
transmettaient quelque chose qu’ils tenaient eux-mêmes
pour une vérité essentielle, qui éclairait leur vie et
leur cœur. Aucun mensonge, aucune hypocrisie ne les
habitait !
« Le contraire du Père Noël, c’est quoi ? Un enfant
plutôt qu’un vieillard. Pauvre plutôt que riche. Caché
plutôt qu’exposé. Nu plutôt que déguisé. Enfin qui n’a
rien à vendre, ni même rien à donner, en tout cas rien
de matériel – rien d’autre, plus tard, que sa vie et son
amour. Le contraire du Père Noël, c’est Jésus-Christ :
l’enfant nu, entre le bœuf et l’âne ; l’innocent qui est
crucifié, entre deux voleurs, parce qu’il a annoncé
publiquement un message d’amour … La Crèche et le
Calvaire. Ces deux images sont légitimement les plus
fameuses de cette belle histoire »
[1]
.
Fils de Marie et de Joseph, Jésus a comme tout un chacun
un vrai père et une mère dévirginisée. Jésus, enfant de
Dieu ? Pourquoi pas ! Mais comme tous les enfants du
monde qui sont aussi appelés à partager une éternité !
Cet espoir me donne en effet un modèle et une
perspective.
Pour moi, Noël, c’est simplement –à l’occasion du
solstice d’hiver- s’incliner devant un enfant sans
puissance aucune; et c’est aussi reconnaitre l’humble
humanité en marche. Les Rois mages ne s’y trompent
d’ailleurs pas : tout leur or, tous leurs diamants sont
sans valeur aucune, s’ils ne se mettent au service de
cette faiblesse-là, de cet amour-là, qui sont le vrai
Dieu.
Car Dieu n’est pas un être barbu à la forme humaine.
Dieu, c’est l’amour, c’est l’inimaginable ou alors,
comme le chante Lara Fabian :
« Dieu, c'est le souffle du vent dans une feuille,
c'est le sourire de ma fille,
c'est cette merveilleuse orchidée devant nous sur cette
table
Dieu, c'est vous, c'est moi,
c'est chaque homme et chaque femme sur cette terre ».
Et Pâques, c’est au printemps, la vie qui renait, qui
continue après l’hiver sous une autre forme. Jésus
ressuscité ? Non pas puisque même ses disciples ne le
reconnaissent pas. Mais simplement renouvelé et encore
vivant car en réalité pas vraiment « mort »! Un espoir
pour moi, pour nous, car comme Jésus, si notre corps
meurt, notre chemin ne s’arrête pas …
Alors siJésus n’est pas Dieu, ni fils de Dieu,
ni ressuscité…,je ne l’en
apprécie
que davantage.
Fils de l’homme, comme il se disait lui-même, Jésus a
été engendré, est né d’une femme, comme nous tous, est
mortel, comme chacun de nous et continue à vivre
autrement par-delà la mort comme je l’espère pour moi,
pour vous, pour tous ceux que j’aime. C’est en quoi il
est vraiment notre frère et nous offre un chemin. En
marmonnant
sur la croix« Mon Dieu, mon Dieu,pourquoi
m’as-tu abandonné ? », il partage ainsi notre
détresse, notre souffrance, notre angoisse, notre
désespoir peut-être.
Si Noël marque la faiblesse, la fragilité, l’humanité de
Jésus, Pâques marque la victoire, la toute-puissance
par-delà la mort. Jésus a une famille, a d’abord été
aimé, et a ainsi pu apprendre à aimer. La grâce d’être
aimé précède la grâce d’aimer, et la rend possible. Ce
que Jésus symbolise ? La primauté de l’amour, même
faible, même vaincu, même humilié, même supplicié.
Nos crèches et nos calvaires sont donc peut-être plus
vrais que nos catéchismes !
Un camion-monstre a fauché 85
personnes à Nice le 14 juillet, jour de fête nationale ; des
hommes, des femmes, des enfants, de simples touristes et des
badauds, des chrétiens, des musulmans ou des agnostiques
sont morts … Quelques jours plus tard, un prêtre de 86 ans a
été assassiné à l’arme blanche dans son église près de
Rouen, pendant une "petite" messe de la semaine … Les drames
successifs qui secouent la France et le monde nous jettent
dans l’effroi, la stupeur et la consternation. Des actes
ignobles qui laisseront des traces indélébiles dans
certaines familles et dans nos consciences.
Il faut bien sûr tout faire pour
éviter que de telles barbaries ne se renouvellent … Mais si
on peut clamer « Plus jamais ça », on ne pourra
jamais surveiller et empêcher tout acte délictueux
imprévisible commis par un compatriote et même un voisin
apparemment discret et respectueux des autres ! Faut-il
alors placer en détention toute personne susceptible un jour
de "péter les plombs" ? Encore le ferions-nous que la
solution ne serait pas efficace !
On peut cependant constater que les
meurtriers sont souvent de jeunes délinquants dont les
familles ont émigré en France, qui ont connu l’échec
scolaire et ne se sont pas intégrés dans la société. Proies
faciles des djihadistes qui leur promettent dignité et
sainteté, ils acceptent alors certaines contraintes et
croient ainsi se valoriser en commettant des actes abjects.
Tout être aspire à être reconnu. Celui
qui ne cultive pas spontanément des valeurs profondes et se
laisse aller à la facilité ne peut être satisfait et fier de
lui. Est-ce alors surprenant que certains veuillent se
racheter et se glorifier auprès de leur mouvance amicale ou
religieuse en répondant par des gestes "héroïques" ? Si ces
fous tuent atrocement, ils sont aussi capables de donner
leur propre vie ! Et ne devons-nous pas relativiser notre
jugement, car nous avons nous-mêmes souvent dit qu’ « il
n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux
qu’on aime » ?
Tant que nous prétendrons maîtriser
le terrorisme actuel uniquement par la répression et les
armes, nous ne surmonterons pas la période troublée que nous
vivons. Notre monde a besoin d’affirmer clairement ses
valeurs nobles de respect, d’égalité, de fraternité.
L’argent roi, la consommation effrénée et le confort égoïste
ne suscitent pas l’équilibre ! Les enfants d’aujourd’hui ne
sont ni meilleurs ni pires que ceux d’hier, mais ils ont
besoin de valeurs sûres pour se mesurer à l’adversité.
Si nous n’avons pas su deviner hier ce
qui se tramait dans certaines cités, si nous ne savons pas
répondre aujourd’hui à l’indignation des crimes atroces
perpétrés par des déséquilibrés au nom de l’Islam, nous ne
saurons pas davantage comprendre une partie de la jeunesse
actuelle qui nous interpelle parfois par sa déliquescence
parce qu’elle sombre dans la frivolité. La vie n’est pas un
long fleuve tranquille et croire que l’indifférence, la
satiété individualiste peuvent combler, c’est se tromper.
Seuls, l’attention, le partage, l’effort peuvent permettre
équilibre, épanouissement et confiance … Notre société doit
se nourrir de valeurs non pas factices mais indispensables
et savoir les imposer par convictions autant que par
discipline …
Les « réclames », la publicité ou la
« pub » comme on dit aujourd’hui, essaient,
pour nous tenter,
de nous vanter les produits dont l’apparence comme le coût
sont les plus attrayants possibles. Et les associations de
consommateurs, pour éviter que nous soyons piégés, analysent
à la fois leurs qualités et leurs prix pour nous présenter
les produits dont le rapport « qualité-prix » est le
meilleur.
Par ailleurs il suffit de regarder un
peu les journaux locaux ou de voyager pour constater que les
« vides-greniers », les dépôts-ventes, les occasions
exceptionnelles fleurissent un peu partout et se multiplient
pour satisfaire autant les vendeurs encombrés de leurs
objets inutiles que les acheteurs avides de payer encore
moins cher …
La décence de la rémunération de ceux
qui ont fabriqué un produit, le confort des conditions
matérielles des élevages, le souci de surproduction ou de
gâchis des matériaux ne viennent guère préoccuper vendeurs
ou acheteurs. Le respect des travailleurs, le respect des
consommateurs mais aussi le respect des matières, le respect
de notre planète ne pèsent guère dans ce système
« qualité-prix » …
Et pourtant, les paysans qui se
suicident parce qu’ils ne peuvent vivre
dignement de leur travail, les petites mains étrangères qui
fabriquent dans des conditions épouvantables des objets à
bas coût[1]et parfois superflus, les gadgets inutiles, les
produits frelatés, chargés de colorants, conservateurs,
antioxydants, additifs et vitamines chimiques de synthèse,
pesticides, toxiques….et neurotoxiques (tous ces "E"
délicatement précisés sur les emballages !), ne
devraient-ils pas nous interpeller davantage ? Mais
comment ?
Nous disposons tous d’une arme
personnelle qui est incontournable et non-violente : sans
notre consommation, la « pub » n’a aucune influence ! Si,
effectivement, nous sommes parmi les dépourvus qui, pour
boucler leurs fins de mois, comptons les centimes pour nous
alimenter, nous habiller, avoir un toit, les mots qui
suivent ne nous concernent pas. Mais si nous empruntons
l’avion pour rechercher un coin de plage au soleil, si nous
remisons des meubles parce qu’ils ne correspondent plus aux
derniers critères de la mode, si nous sommes envahis –et
encombrés- de fantaisies inutiles, le respect des hommes
avec ses travailleurs, le respect de la planète avec ses
constituants, le respect de la vie avec notre santé ne
doivent-ils pas dépasser le seul rapport « qualité –
prix » ? ….
Si notre système économique est
aveugle, alors ne soyons pas nous-mêmes borgnes en refusant
de favoriser le « respect » indispensable et vraiment
essentiel.
"Respect"
pour notre planète,
"respect"pour tous les hommes mais en
premier, et surtout en même temps,
"respect"pour nous aussi !
P.
J.
[1]
« Sur la vente
d’un maillot de l’équipe d’Allemagne, vendu 85
€uros, 60 centimes
d'un €uro seulement reviennent aux ouvriers
chargés de le confectionner. Idem pour les baskets
Air Jordan de Nike, commercialisées 140 euros, dont
2,40 euros pour les travailleurs. »
(Le rapport est accessible sur
www.ethique-sur-etiquette.org/antijeu )
Des systèmes de sécurité très
sophistiqués protègent de plus en plus nos maisons, les
magasins, les lieux publics. Notre société pense ainsi
maitriser les problèmes de vols ou d’agressions qui se
développent.
[i]Pourtant
quand, dans un immeuble bourgeois sur-sécurisé par des
grilles, des caméras, des codes, des alarmes dans les
entrées multipliées
et
les ascenseurs, les pompiers ou le
Samu doivent franchir toutes les barrières avec des codes,
des numéros, des interphones, le patient d’un milieu
privilégié accablé d’un AVC risque gravement de pâtir du
retard involontaire des secours … Le clochard, quant à lui,
qui fait un arrêt cardiaque sur l’asphalte de la rue, peut,
bénéficier immédiatement d’un massage par le premier
secouriste averti ! Personne ne va pourtant envier ce
dernier mais si nous sommes perplexes, pouvons-nous nous
laisser au moins interroger par les faits ?
Cette situation
est la faute de
personne et de tout le monde. Une société basée sur la peur
fait que les gens restent terrés chez eux et ferment leur
porte. Une fois seuls chez eux, personne ne peut les
secourir rapidement et spontanément !
En nous protégeant de cette façon avec
des systèmes de sécurité de plus en plus complexes,
agissons-nous alors avec réalisme ou égoïsme ? Se protéger
est bien sûr une réaction spontanée, logique et même
indispensable. Réalisme donc. Mais elle ne répond en fait
qu’aux conséquences du problème sans en soigner la cause
profonde ! Pourquoi le manque de respect, les vols, le
banditisme, qui incitent à ces systèmes de sécurité toujours
plus sophistiqués, se développent-ils aussi parallèlement ?
Seule une réponse courageuse à cette situation complexe peut
permettre une inversion progressive du phénomène.
En perdant le sens des relations
humaines, en oubliant les valeurs d’entraide et de
fraternité, en supprimant les postes d’employés,
de concierges,
en
s’asservissant aux dictats des puissants et de la finance,
notre monde de riches paie parfois indirectement son égoïsme
et croit se protéger avec ses intérêts à moindre prix.
Brassens peut alors résumer
brutalement
la
situation et continuer à chanter :
« Quand on est con, on est con ».
Toutefois, ce sont uniquement les victimes qui paient
l’indifférence, la négligence ou la cupidité des autres !
P. J.
[i]
Source :
Livre de Patrice PELLOUX, Médecin urgentiste
Cet article du
journal Réforme
(voir ci-dessus)
a été publié dans le N° 3652 du
6 avril 2016, page 14, sous la rubrique
"Témoignage" :
CENTENAIRE DE VERDUN.
L’auteur, Pascal
Jacquot, lecteur de Réforme, petit-enfant d’un
poilu mort en octobre 1914, nous livre un texte
émouvant sur la vie quotidienne dans une
Lorraine meurtrie.
« À Reillon, cette contrée sent la mort qui rôde
encore »
Depuis 2014, avec la commémoration du
centenaire de la 1ère guerre mondiale, et
particulièrement en 2016, avec notamment la célébration des
combats à Verdun de 1916, je prends conscience du passé
particulièrement douloureux qui a touché ma famille et dont
j’étais bien sûr informé mais pas totalement lucide
sur la gravité du traumatisme.
Ma
grand-mère maternelle a vu en effet sa vie basculer avec la
mort de son mari Léon sur le front en octobre 1914. Elle
n’avait alors que 24 ans mais déjà trois jeunes garçons de
5, 4, 3 ans et une petite fille de 1 an, Hélène, qui est
devenue ma mère. Léon est mort à Aix-Noulette dans le
Nord-Pas de Calais après deux mois seulement sur le champ de
batailles : comme papa de quatre enfants, il avait été
mobilisé à tort et espérait seulement rentrer rapidement
chez les siens dès que l’administration aurait régularisé sa
situation militaire …
De son côté, mon grand-père paternel,
réquisitionné lui aussi, qui avait deux enfants, a pour sa
part participé aux terribles luttes de Verdun mais il a pu
rejoindre sa famille après la guerre. Je ne l’ai cependant
pas davantage connu car il est mort, quelques années après,
écrasé par un taureau dans sa stalle.
La famille de ma mère et celle de mon
père habitaient le même village lorrain, Reillon, qui fut de
1914 à 1918, le théâtre de lourds combats et devint ce qu’on
a appelé la « zone rouge ». Pendant cinq ans le terroir fut
percé de tranchées et tunnels, couvert de barbelés et
d’abris rustiques et bouleversé de trous d’obus … Pendant
cinq ans les deux familles ont été « évacuées », l’une à St
Clément, l’autre à Hériménil, à 20 kilomètres environ du
front … Elles sont parties avec quelques bêtes et un chariot
chargé de l’essentiel, trainé par deux chevaux. Après la
guerre, elles n’ont retrouvé dans leur village que ruines et
paysage apocalyptique mais les bras vaillants des rescapés
ont, progressivement et sans se lasser, déblayé,
reconstruit, labouré en rassemblant les obus non explosés …
En 1939, vingt ans plus tard, mon père
fut à son tour appelé sous les drapeaux pour une nouvelle
guerre. Avec trois enfants (trois garçons de 5,3 et 2 ans)
il ne put prétendre à une exemption bien que sa femme soit à
nouveau enceinte mais il rentra indemne à la maison dès ma
naissance ! Et fin 1944, pendant deux mois, toute la famille
fut encore « évacuée » pour s’éloigner des combats : je
n’avais alors que quatre ans mais je me souviens de ces
attelages avec vieillards et enfants juchés sur des objets
disparates. Durant toute mon enfance, mes frères et moi
avons joué avec des balles qui trainaient dans la campagne.
Dans un bois de sapin qui couvrait partiellement la « zone
rouge » et conservait les affres des tranchées et abris,
j’ai même récupéré un crâne dont une balle avait perforé son
front et, par réalisme ou fatalisme, je l’ai spontanément
placé sur ma table de nuit.
Après la guerre, le travail
sollicitait les efforts de tous ; à la maison, pas de
machine à laver le linge, pas de salle de bain ni wc ; la
pierre à eau de la cuisine était le seul lavabo pour toute
la famille et il fallait chercher l’eau avec un seau près de
l’auge du bétail. Dans ce contexte particulièrement sombre
et difficile, je n’ai jamais entendu ou vu mes parents ou ma
grand-mère maternelle se plaindre … Au contraire, cette
dernière, veuve toujours vêtue de noir, remerciait le ciel
avec son chapelet quotidien d'avoir préservé ses enfants qui, prisonniers en
Allemagne, ont tous pu revenir
à la maison. Et elle a fait transporter les restes de
son mari, 50 ans après sa mort, pour pouvoir être dignement
enterrée auprès de lui dans le village.
Quant à ma mère, gaie et généreuse, qui aimait chanter,
danser, elle accueillait spontanément les familles éplorées
qui venaient se recueillir sur les tombes locales … L’une et
l’autre parlaient souvent de Léon, leur mari, leur père,
pour évoquer son absence ou rappeler sa bravoure, son
courage mais ni l’une, ni l’autre ne savaient geindre.
Jamais, elles n’ont souhaité visiter Verdun qui rappelait
trop de souvenirs douloureux et elles ne m’ont jamais incité
à réaliser le pèlerinage de l’ossuaire du Douaumont. M’en
ont-elles même dissuadé indirectement ? Je n’ai en effet
découvert ce lieu avec émoi que récemment, à 75 ans, et ce
constat m’interpelle …
Maintenant, à Reillon, la plupart des
terres ont retrouvé leur vocation agricole. Deux cimetières,
l’un français, l’autre allemand, alignent pourtant toujours
côte à côte leurs milliers de tombes et un ami qui visitait
dernièrement la campagne me confia : « cette contrée sent
la mort qui rôde encore ». En repensant à la dignité de
mes proches qui ont préféré construire l’avenir plutôt que
de ressasser le passé, je relis aujourd’huiavec beaucoup d’émotion l’original du courrier
d’un compagnon de Léon qui a précisé ainsi à ma grand-mère
les derniers moments de son mari : « Léon
fut blessé dans la matinée du 12 octobre vers 9h.. Une balle
lui a traversé le corps à la ceinture. Il resta jusque 4 h
derrière une meule de paille. Combien de fois a-t-il dit,
"ma femme, mes pauvres enfants, dites à ma femme que je suis
mort en chrétien". Il fut transporté en ambulance à Aix-Noulette
et est mort dans la soirée le même jour …».
Quand nous entendons le président de
la France préciser que notre pays est en guerre, comment
accueillons-nous cette affirmation et comment
réagissons-nous ? Pour tous ceux qui ont déjà vécu la
« guerre », ce seul mot jette l’effroi mais évitons une
querelle inutile sur un mot car la réalité des drames
affreux qui se vivent à Bruxelles en ce printemps 2016 nous
rappellent bien tristement ceux de Paris en 2015 sans
oublier tous les autres, ceux de Tunisie, Turquie, Egypte,
Yémen … et bien sûr Syrie, Irak !
Le monde vit actuellement des
contusions horribles avec un terrorisme aveugle qui va se
prolonger encore de nombreuses années. Pourtant les pays
occidentaux et ceux qui disent respecter le droit ou les
règles internationales semblent largement majoritaires. Il
est bien sûr indispensable qu’ils s’organisent, se défendent
et se protègent sans tergiverser sur des détails. Daech ou
les djihadistes Salafistes qui les attaquent sont
minoritaires mais ils s’infiltrent avec des procédés
ignobles et insoutenables qui doivent être condamnés et
écrasés.
Pourtant, dans une situation de
guerre, les obus peut-être nécessaires, les armes parfois
indispensables ne règleront jamais durablement un conflit.
Quand les puissants dominent les faibles, la force n’efface
pas le droit des fragiles. Une majorité ne peut
véritablement s’imposer sans respecter les valeurs des
minorités et la dignité des individus. Face à la dictature,
la démocratie est même menacée et reste toujours à
consolider. Les règles du vivre ensemble qui sont
indispensables, ne sont supportables qu’avec une écoute
réelle et une compréhension des besoins essentiels de
l’autre, des minorités.
Ces besoins essentiels sont le droit à
la vie, au travail, à la santé, à la dignité, à la liberté
des convictions, quels que soient sa race, son pays, sa
religion … et ils ne sont hélas pas actuellement accordés à
tous les hommes et femmes de la terre, loin de là. Cette
situation ne peut nous laisser indifférents et les nations
ont un rôle à tenir pour que la mondialisation en marche
permette à chacun de vivre dans la paix. Sur ce plan, oui,
une guerre est engagée. Et pas seulement une guerre contre
Daech et ses terroristes. Mais une guerre qui impose un
lucide examen de la situation générale pour mener un combat
global donnant de l’espoir et nourrissant des projets d’une
réelle entraide entre les peuples.
Notre terre, qui semblait inépuisable,
a ses limites et un véritable partage des ressources ne peut
être facultatif. Que certains gaspillent quand d’autres
n’ont même pas l’essentiel, que des revenus soient
exorbitants, des propriétés indécentes, c’est bien sûr
révoltant. Mais quand nous polluons par nos consommations
superflues, nos attitudes non respectueuses, nos
déplacements inutiles, nos vacances à l’autre bout du monde,
ne sommes-nous pas aussi nous-mêmes complices d’un système
qui marche sur sa tête ? Un système qui place le dieu argent
au centre du monde en écrasant notre frère ouvrier, en
méprisant notre sœur comme objet publicitaire, en
illusionnant nos enfants dans un confort factice, en
utilisant même les organes humains pour les commercialiser
dans des réseaux … Les migrants, les sans-papiers, les
réfugiés, les exploités ne sont-ils pas, en ce 21ème siècle,
les nouveaux visages du « Dieu affamé, souffrant, pauvre,
emprisonné[i]
… ».
Oui, une guerre mondiale est engagée.
Les révoltes profondes qui sourdent actuellement derrière
les conflits ne s’apaiseront ni avec des armes, ni même avec
de l’argent mais avec un autre regard, une autre analyse, un
autre partage et une véritable fraternité … Que tous les
pays démocratiques s’unissent, que tous les hommes de bonne
volonté se regroupent, que croyants et non croyants,
chrétiens et musulmans se respectent pour combattre les
fléaux de la pauvreté, du mépris, de l’injustice. C’est
urgent, c’est indispensable. C’est mobilisateur car chacun,
à sa place, dans son milieu, avec ses moyens peut participer
à cette nouvelle « guerre mondiale ». Et c’est un espoir qui
nous inspire la confiance et nourrit notre optimisme …
P.J.
[i]
Matthieu
Ch.25, Vers. 35 :
J'étais nu, et vous m'avez vêtu; j'étais infirme, et
vous m'avez visite; j'étais en prison, ... Car j'ai
eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu
soif, et vous …
Ils revenaient dans leur pays pour
fêter Pâques en famille. Ils étaient treize dans un minibus.
Douze sont morts sur le coup. Un seul survit, le chauffeur
âgé de 19 ans …
C’étaient des émigrés, des exilés, des
portugais qui travaillaient en Suisse. Le véhicule était non
pas un minibus équipé mais une camionnette avec quelques
sièges seulement. Le jeune conducteur n’avait pas le permis
de conduire indispensable pour transport en commun.
Ce drame de la route est passé
rapidement dans les informations comme un fait divers au
lendemain des terribles évènements de Bruxelles. Et
pourtant, en ce vendredi de la semaine sainte 2016, les 12
sont morts et le 13ème voit sa vie totalement
brisée ! Mais, justification ou consolation, la fatalité
écrase … et la résignation s’impose …
Pour survivre, ces portugais s’étaient
expatriés et avaient trouvé en Suisse de petits boulots aux
maigres rémunérations. Ils voyageaient sans confort comme
des pauvres. Ils sont donc indirectement des victimes de la
crise économique actuelle que l’on appelle
« mondialisation ».
Peut-on alors s’indigner sans
hypocrisie en partageant la détresse des familles ? Ces
morts accidentelles que l’on déplore symbolisent en réalité
bien d’autres victimes qui, de par le monde, sont confrontés
aux problèmes de l’emploi, des mutations spéculatives, des
dérèglements climatiques. Faudrait-il que ces victimes
utilisent des armes, commettent des attentats, deviennent
des « terroristes » pour être mieux comprises et entendues ?
Les millions de chômeurs qui ne demandent qu’à travailler
pour vivre ne sont-ils pas suffisamment courageux pour être
dignement considérés ?
Notre société occidentale, nos pays
démocratiques doivent réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Les décisions économiques de la mondialisation
considèrent-elles vraiment le respect des êtres humains
comme une valeur prioritaire ? On peut se poser la question
mais cela ne suffit certainement pas. Car nous avons, chacun
à notre place, un rôle à jouer pour ne pas être indifférents
et inviter nos responsables à en tenir compte. Par les choix
de notre vie, par nos mots ou notre silence critique et
peut-être aussi par notre vote …
Si l’on n’a jamais eu soif en
voyageant dans un milieu aride, on ne peut guère imaginer le
plaisir de découvrir et de boire un peu d’eau naturelle. En
marchant seul dans une forêt équatoriale dense où la chaleur
humide appelait moustiques et bestioles diverses, il
m’est arrivé de rechercher longuement cette eau. L’eau ne
manquait pas mais, partout, elle était stagnante et chargée
de déchets variés. Si les autochtones en buvaient
couramment, les services occidentaux d’hygiène invitaient
les européens à s’en méfier à cause des risques infectieux.
Aussi, pendant des kilomètres de marche, avec mon sac sur le
dos, j’ai
été en quête du
liquide rare et je me souviens encore du
bonheur éprouvé en découvrant enfin une source sûre.
Une eau claire, une eau pure que l’on
boit avec plaisir pour se désaltérer, c’est peut-être banal
mais c’est aussi tellement précieux. L’eau est indispensable
à la vie ; elle constitue même l’élément essentiel de toute
vie. Dans nos régions favorisées, nous ne savons souvent pas
l’apprécier suffisamment et les dérèglements climatiques
actuels nous interpellent sur les conditions de sa
protection et de son emploi.
Or, les facilités de transport,
l’évolution des procédés agricoles, la banalisation de
l’utilisation de pesticides ne semblent guère avoir pour
préoccupation essentielle la protection de cette eau
irremplaçable. Pour le montrer, je relève deux exemples
seulement :
En pleine campagne, à certains
endroits de France, à cause de pesticides maintenant
interdits mais utilisés dans les cultures il y a plus de 15
ans, l’eau n’est toujours pas potable et aujourd’hui une
ceinture de protection autour des écoles est encore
sollicitée pour que les produits vaporisés par des paysans
habillés en cosmonautes n’atteignent pas les enfants …
Dans chacune de nos maisons il faut
évacuer les urines, les selles, les rejets divers, les
médicaments. Même les hôpitaux ne disposent pas de bassins
de décantation ou de filtres. Ainsi les médicaments comme le
reste partent dans les égouts pour rejoindre les rivières.
Et en aval, dans notre ville, quand nous buvons l’eau au
robinet, il est impossible de les enlever totalement …
L’eau, qui n’est la propriété de
personne mais qui est absolument indispensable à tous,
sera-t-elle un jour vraiment considérée comme un bien
essentiel réellement protégé ? Si les découvertes, qui nous
permettent d’espérer des progrès ne savent pas respecter le
premier cadeau du ciel qu’est l’eau, nous ne pourrons guère
bénéficier de nos inventions car la vie dépend de cette eau
indispensable. Une eau peut-être commune mais pourtant
unique. Si précieuse.
Quand nous sommes confrontés à une
situation difficile, nous accusons souvent la dernière
goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! En général,
nous ne retenons en effet que le dernier aliment qui a
provoqué la maladie. Que le malaise, la dernière
altercation ou incompréhension qui ont soulevé le
différend ou le divorce et nous oublions toutes les
gouttes que nous avons négligées ou refusé de voir
et qui ont rempli le seau d’une dégradation progressive
!
La dernière goutte,
qui est la goutte de trop,
n’est qu’un révélateur presque innocent. Ce
sont en réalité toutes les gouttes successives que nous
avons acceptées, supportées au fil des jours et des
années qui ont fait le mal. Un mal qui s’est
progressivement enkysté
profondément sans être toujours apparent même
s’il était de plus en plus évident. Et qui, comme un
abcès, a éclaté avec la dernière goutte.
Dans les domaines de la santé, de
la vie affective ou relationnelle, nous devinons qu’un
malaise, qu’une souffrance s’installent mais nous
essayons en général de les supporter, de les contenir
tant bien que mal."Ras le bol", "Y’en a marre", "plein le
dos", "burn out", les expressions sont nombreuses
qui manifestent notre saturation et notre peine. Il ne
faut cependant pas perdre confiance car il n’est jamais
trop tard pour réagir même s’il est déjà tard, bien tard
pour agir. Tant que la vie est là, il y a en effet
toujours de l’espoir. A condition toutefois de ne pas
tarder davantage et de prendre le taureau de notre
problème par les cornes d’une véritable écoute …
Si le combat ne concerne que
moi,
la décision m'appartient. Mais un antagonisme
concerne souvent plusieurs personnes, au moins deux et
on ne peut le régler en solitaire qu’à défaut de mieux
car l’échange, les efforts de compréhension
indispensables qui s’imposent ne peuvent être exigés et
dépendent d’une bonne volonté partagée. Pour se
préserver et se protéger, celui qui souffre le plus peut
toutefois refuser une prolongation d’attente. Ce n’est
en effet pas obligatoirement la meilleure solution de
repousser trop longtemps la résolution au moins
partielle d’un conflit. Pour garder son équilibre, et
parfois sa santé, il faut en effet savoir prendre une
décision courageuse qui engage notre avenir …
Apprendre à dire oui à ce que nous
attendons, apprendre à dire non à ce que nous refusons,
pour être vraiment soi-même, pour apprécier sa vie, même
si ce n’est pas automatiquement accepté par les autres,
nos proches, notre conjoint, nos collègues, n’est-ce pas
parfois essentiel ? Pour être vraiment vivant, pour nous
respecter nous-mêmes, pour exprimer notre propre
humanité.
Nous n’avons pas à prouver quoi
que ce soit. Nous n’avons qu’à « être » pour, peut-être,
accepter la divinité qui s’éveille en nous …
De jeunes
tourtereaux sont amoureux. Voilà un
sentiment à la fois commun et
merveilleux et nous nous en réjouissons.
Mais que ce jeune couple se marie « pour
la vie » et nous serons plus
circonspects car nous savons, surtout à
notre époque, toutes les difficultés de
la vie à deux dans la durée …
Un jeune très
ouvert et courageux souhaite s’investir
pour les autres. Nous admirons sa
générosité et son altruisme. Mais qu’il
s’engage dans la prêtrise « pour la
vie » et nous craindrons peut-être pour
sa témérité.
Des parents
conduisent leur enfant dans les fonds
baptismaux. S’il s’agit d’un engagement
des parents qui veulent partager leur
foi, nous nous associerons à leur fête.
Mais que, par ce baptême, l’Eglise
engage un bébé « pour la vie », nous
nous étonnons de cette mainmise … Même
si le bébé devenu adolescent renouvelle
par la suite les promesses de son
baptême. Quelles promesses ? Pas les
siennes évidemment.
Tous signent la
bonne foi de leur engagement sur des
registres … Mais ne faut-il pas être
présomptueux pour s’engager ainsi « pour
la vie » à 20, 25 ou même 30 ans ? Or
l’intuition spontanée des jeunes
générations qui repoussent cet
engagement n’est-elle pas plus sage que
les règles des institutions ancestrales
qui l’imposent « pour la vie » ? …
Il y a peu, un
fils de catholique était baptisé
catholique, un fils de protestant,
baptisé protestant, un fils de musulman,
baptisé musulman et personne ne peut
ignorer le contexte sociologique de la
naissance qui, tout à fait
naturellement, insère un nouveau-né dans
son milieu. S’il ne s’agit que d’une
coutume qui favorise ou facilite
l’adoption d’un enfant dans sa
communauté, nous l’apprécions bien
évidemment. Mais que cette communauté
utilise progressivement et au fur et à
mesure des siècles son installation
sociale pour s’imposer auprès d’une
rivale, nous le constatons alors pour le
déplorer. Par exemple quand elle
consolide son emprise en « récupérant »
par le baptême, peu après la naissance,
les enfants de ses membres … Quand elle
demande à un conjoint de se convertir
pour que ses enfants soient acceptés …
Quand elle impose le célibat à son
clergé pour éviter tout démembrement de
ses biens par héritage …
Il y a peu, un
fils de paysan devenait paysan, un fils
de médecin était orienté dans le monde
médical, un fils de famille nombreuse
dans une bonne famille chrétienne était
appelé à la voie sacerdotale ! Mais
l’amélioration des conditions de vie et
l’évolution de la culture, permettent
aujourd’hui à chacun d’élargir ses
choix. Il est maintenant à peu près
admis que la liberté et le respect des
choix de chacun sont essentiels pour
l’épanouissement individuel. On ne
s’étonne pas qu’un fils de médecin
devienne paysan, on ne s’offusque pas
qu’un fils de catholique devienne moine
bouddhiste. Et c’est heureux.
Mais des poches de
résistances se constituent dans les
milieux qui cherchent à conserver
–inconsciemment ?- leurs privilèges.
Pourquoi les parents sont-ils encore
encouragés à baptiser « pour la vie »
leur enfant très jeune ? Pourquoi un
divorcé remarié est-il encore exclus de
la communion « pour la vie » ? Pourquoi
un prêtre doit-il encore rester
célibataire « pour la vie » ? Sur ces
points et bien d’autres la position de
l’Eglise catholique est figée alors que
le message évangélique est, pour sa
part, très accueillant et très ouvert !
Pourquoi ne pas substituer à l’engagement dogmatique « pour
la vie » un engagement responsable, progressif, par
étapes et par contrats successifs ? Un engagement qui
éduque, qui permet de se construire petit à petit, en
fonction de son évolution, de ses difficultés, de ses
intérêts ou goûts ? Les amoureux pourraient se promettre
fidélité, trois ans d’abord par exemple, puis dix ans quand
ils accueillent le premier enfant pour
l’élever ensemble ; les parents
s’engageraient ainsi aussi longtemps
qu’ils le souhaitent mais ils
n’engageraient jamais leur enfant à sa
place; le prêtre renouvellerait son
choix de ministère tous les cinq ans …
Au terme de leur contrat, les uns et les
autres pourraient le reconduire, le
poursuivre, le consolider et le mûrir …
Ils pourraient aussi prendre une autre
voie sans se renier, sans rompre une
promesse, sans être des lâches, sans se
culpabiliser d’avoir évolué dans leur
cheminement parce qu’ils ne se veulent
pas hypocrites, parce qu’ils préfèrent
agir sans se cacher …
Que les Eglises
imposent leurs règles, on peut ne pas
les partager et souhaiter les faire
évoluer mais il nous revient aussi de
respecter les particularités des
différentes communautés. Par contre,
comment se fait-il que la société civile
laïque, au service du public en général,
ait copié aussi servilement les méthodes
religieuses ? Pourquoi le mariage civil
est-il aussi imposé légalement « pour la
vie » ? Actuellement, une fois sur deux
au moins, il se conclut par un divorce
qui est souvent difficile et toujours
douloureux non seulement pour les « ex »
mais aussi pour les enfants. Pourquoi ne
se consomme-t-il pas d’abord pour un
temps limité, avec une durée précisée à
l’avance, puis avec un autre temps, le
temps de se construire, le temps de
progresser, le temps de se respecter et
de respecter ses enfants ? Et dans la
liberté, dans l’harmonie, pour le
bonheur de tous. Et peut-être même,
pourquoi pas finalement, « pour le reste
de la vie », nous le souhaitons
vraiment.
La méditation a une tradition
orientale mais aujourd’hui, en
occident, elle s’offre à tous pour
apprendre à se connaître, à écouter
et pour rechercher la sérénité.
Le principe de base de la méditation
est d’augmenter son attention et sa
concentration. Le développement de
ces deux seules facultés peut avoir
des répercussions extraordinaires
sur toutes les dimensions de notre
vie.
1-
Intérêt de la méditation
Toute la journée, les pensées se
succèdent sans répit dans notre
esprit. Nous contrôlons très peu les
pensées qui nous passent par la
tête. Nous réagissons
instinctivement à ces pensées, par
automatisme la plupart du temps,
sans vraiment réfléchir ou
comprendre ce que nous faisons et
pourquoi nous le faisons.
Développer son attention et sa
concentration permet de contrôler ce
flot de pensées et de prendre du
recul par rapport à elles. Cela
permet également d'être plus présent
à ce que nous sommes en train de
faire, d'être davantage à l'écoute
de notre corps, de nos aspirations
plus profondes.
De plus, en libérant notre attention
de ce dialogue intérieur, nous
disposons de plus de concentration
pour écouter les autres. En
développant notre capacité d'écoute,
nous devenons plus tolérants, plus
compréhensifs, plus sociaux et plus
à l'aise avec les autres.
Développer notre attention et notre
concentration permet un
extraordinaire travail sur soi.
C'est la base de tout exercice de
développement intérieur. La
concentration permet de lever les
voiles, les incompréhensions, les
tensions internes, les
contradictions et les mensonges que
nous nous faisons à nous-même, sans
nous en rendre compte.
En pénétrant les mécanismes qui
nous habitent et qui nous animent,
nous apprenons à nous accepter tels
que nous sommes réellement, avec nos
qualités et nos défauts. C'est un
premier pas vers une paix intérieure
et une plus grande sagesse.
2-
Les types de méditation
Nous pouvons distinguer la
méditation Vipassana, la méditation
transcendantale, la méditation Zen
et la méditation en pleine
conscience :
La méditation Vipassana
Elle est basée principalement sur la
respiration et permet de développer
sa concentration et son attention
car sans concentration ni attention,
il est presqu'impossible de
progresser sur la voie de la
méditation.
La méditation transcendantale
Elle est une technique de relaxation
profonde et de développement de la
conscience. Elle se base notamment
sur l'utilisation de mantras
(phrases ou mots répétés de
nombreuses fois) et sa maîtrise
parfaite requiert une grande
expérience.
La méditation Zen
Basée sur l'expérience immédiate et
la compréhension de toute chose sur
le champ, cette méditation utilise
des techniques pour modifier la
vision que nous avons de la réalité.
Elle permet un changement radical de
point de vue sur le monde et
nous-même simplement par le biais de
l'observation et de la réflexion.
La méditation en pleine conscience
Elle permet de s'affranchir du flot
de pensées qui traverse sans cesse
notre esprit et d'être pleinement
éveillé à l'instant présent. Il
s'agit de prendre conscience de
chaque instant, de son corps, des
autres et de son environnement.
Parmi ces types de méditation, nous
ne développons ici que la « Méditation
en pleine conscience » pour,
dans un cadre laïc, essayer de la
présenter au moins partiellement.
3-
Les étapes de la méditation
Première étape :habiter
son corps
Prendre conscience de ses différents
membres et organes … Les accepter
comme ils sont ;
Ne pas "vouloir" mais accueillir,
laisser décanter le tumulte, lâcher
prise …
Deuxième étape :commencer
par être "présent"
Comprendre et assimiler ce que veut
dire "vivre dans l'instant présent".
N’être que présence, se "re-cueillir",
se "dépouiller" en sincérité …
Troisième étape :la
respiration au cœur de la méditation
Prêter attention à son souffle pour
vivre le présent …
Quatrième étape : écouter et
accueillir … les
sons, les pensées, les émotions …
sans juger, sans trier, sans
filtrer, sans rien attendre ou
espérer. Pour goûter simplement la
richesse de qui est vécu au
présent !
Progressivement, apprendre à méditer
partout et avec tout
Ne pas considérer la pratique de la
méditation comme une activité isolée
et (trop) sérieuse. Apprendre à
vivre sincèrement, à gérer sa peur,
à avoir du courage, à découvrir sa
sensibilité … Se familiariser avec
soi-même, avec son esprit.
Comprendre comment nous réagissons
aux choses, à l’inquiétude, à la
douleur ou encore à la souffrance, à
des sentiments désagréables,
douloureux mais aussi heureux.
4-
Les bienfaits de la méditation
Méditer avec son corps.
Dans la pratique de la méditation il
ne faut pas oublier la position et
le lien qui existe entre le corps et
l'esprit. Pour bien méditer il faut
être en contact avec la terre par
les pieds et être droit pour que
notre colonne vertébrale s'étende
vers le ciel. En aucun cas, pendant
les séances, le corps et l'esprit ne
doivent être séparés. La démarche
intérieure n'est possible que grâce
à une grande attention et une grande
concentration, quand notre flot de
pensées ne nous distrait plus.
Sinon, il est impossible d'aller au
fond des choses et de trouver les
vraies réponses à nos
interrogations.
Les bienfaits apportés par une
pratique régulière de la méditation
sont nombreux. En nous posant, en
prenant du recul, nous apprenons à
discerner, à relativiser, à
apprécier ce qui nous est donné. Nos
capacités mentales et notamment la
concentration et l'attention se
développent. Les personnes
pratiquant la méditation sont
–affirment les spécialistes- plus
douces, plus soucieuses des autres
et plus calmes. Les méditants sont
moins enclins à la colère et à la
violence. De nombreux
psychothérapeutes utilisent
d'ailleurs la méditation dans leurs
thérapies contre la dépression.
On remarque aussi des différences
physiques : selon Mathieu Ricard, de
formation scientifique, éminent
moine bouddhiste français, on
observe après trois mois de
méditation, un renforcement du
système immunitaire, une hausse de
20 à 30% des anticorps, une
augmentation des cellules souches
dans le sang. La méditation
contribue également à réduire le
taux de cholestérol dans le sang et
la tension artérielle.
Ne sont énumérés ici que
quelques-uns des principaux
bienfaits qu'apporte la pratique
régulière de la méditation, la
finalité ultime de cette dernière
étant la sérénité inébranlable face
aux aléas de l'existence. Mais cette
sérénité ne peut être atteinte que
par une compréhension et une
acceptation totale de nous-mêmes,
des autres et de notre environnement
au sens large. Aussi cet objectif
impose-t-il du temps avec à la fois
de la confiance et de la
persévérance.
Le
soleil est déjà levé. Ouvrir mes
volets ne fait pas lever le
soleil, cela permet seulement au
soleil d'entrer dans ma maison,
de la réchauffer, de
l'illuminer.
(François Varone)
Telle
est la première fonction de la
méditation : le soleil est déjà
levé sur ma vie; par la
conscientisation je le laisse
entrer davantage en moi.
Nous sommes émus par ces enfants souvent
maigrichons et au ventre ballonné qui
portent du bois ou un sceau d’eau sur la
tête ;
Nous sommes interpellés par ces enfants
en guenille qui tendent leurs mains en
ville pour recueillir une petite obole ;
Nous sommes choqués par ces enfants qui
recherchent avec leurs petites mains sur
un dépotoir, dans une rivière ou dans un
puits une pièce récupérable ou précieuse
qu’ils pourront revendre ;
Nous sommes scandalisés par ces enfants
employés avec un revenu dérisoire dans
des entreprises qui fabriquent des
chemises ou des pantalons que les
occidentaux s’offrent à bon marché ...
Mais, devant notre télévision, au cirque
ou à divers spectacles, nous admirons la
souplesse, les exploits, les prouesses
de certains enfants. Ceux qui sont
capables de voltiger comme une plume
entre deux cordes, de se contorsionner
dans une coquille, de participer à une
chorégraphie exigeante. Nous sommes
émerveillés, nous applaudissons. Et donc
nous encourageons ces pratiques …
Savons nous réellement le temps
nécessaire, les efforts indispensables, les souffrances
inévitables et peut-être même les
conséquences psychologiques et
physiologiques inéluctables que ces
performances supposent et imposent ?
Avec les entrainements réguliers, les
privations exigées, les contraintes
successives et de plus en plus poussées
… Ces petits bouts d’homme ou de femme
de 6, 10 ou même 16 ans ne seraient-ils
pas des enfants ?
Pour satisfaire notre soif de
l’extraordinaire et du jamais vu, notre
goût du toujours plus, pour répondre
aussi aux faveurs des indices
médiatiques, peut-on ainsi oublier que,
derrière l’apparence souriante et
heureuse de ces enfants, il y a des
intérêts particuliers qui se cachent.
Ceux de parents qui se valorisent à
travers leurs rejetons, ceux de sociétés
qui exploitent les capacités humaines
comme des matériaux, ceux parfois aussi
de pays qui cherchent à redorer leur
blason.
Je ne voudrais pas pleurnicher avec une
sensiblerie déplacée et exacerbée. Je
sais combien la vie est dure et comme il
est nécessaire d’aguerrir les enfants
par des activités régulières. Je ne
m’offusque pas que des enfants, encore
aujourd’hui et comme autrefois
d’ailleurs, soient invités à travailler
dans une entreprise ou dans les champs
pendant les vacances. A condition, bien
sûr, que le temps et la tâche soient
mesurés à leurs forces et à leur âge.
Contrairement à ce que la pensée unique
actuelle semble imposer, cela peut être
bénéfique à l’équilibre d’un enfant.
Mais que des enfants-esclaves deviennent
des vedettes dans nos salles de
spectacle ou sur nos écrans de
télévision, non pour leur épanouissement
personnel mais pour satisfaire des
besoins mercantiles ou médiatiques, il y
a un pas à ne pas franchir. Or, entre
autres*, le cirque de Pékin à Paris et
l’émission de Patrick Sébastien à la
télévision de service public avec « Le
plus grand cabaret du monde » l’ont
certainement franchi …
Pascal JACQUOT
* Si vous avez d'autres exemples à
citer, merci de les communiquer par
votre "avis" ou vos "propositions"
(ci-dessus, en dessous des titres
d'articles). Merci à l'avance.
J’ai
pendant toute ma vie essayé de répondre à des besoins
que je croyais « essentiels » et j’ai souvent constaté
après coup malgré moi que je me suis souvent encombré
avec du superflu, du secondaire qui me semblait pourtant
priorité. Le temps relativise l’importance que l’on
donne à certaines actions, à certaines exigences. Mais,
même si je regrette de m’être trompé, je ne regrette pas
de m’être engagé avec ce qui était moi à ce moment-là …
Maintenant, l’essentiel n’est pas en effet ce que j’ai
fait hier mais ce que je vis aujourd’hui ! Et
aujourd’hui, avec mon expérience et ma maturité, il est
naturel que mon essentiel soit sinon différent, au moins
plus circonstancié. Il me reste moins de temps pour
achever mon « pèlerinage » sur terre et je suis toujours
invité à mieux cerner mes essentiels …
Je suis, et
c’est évidemment essentiel pour moi. Je suis encore
vivant et je veux savourer chaque instant. Je souhaite
apprécier la vie qui passe. Admirer ce que je vois,
apprécier ce que j’entends, goûter ce que je sens,
m’indigner de ce qui me semble injuste, indécent ;
réaliser avec plaisir ce que je peux, partager ce que je
ressens … Dire merci à la nature qui m’émerveille, aux
expériences qui m’ont fait ce que je suis devenu ; dire
merci à mes proches qui m’ont aidé, qui ont partagé mes
combats, mes cheminements ; dire « je t’aime » à ceux
que j’aime … et avec qui je balbutie l’éternité …
La vie
n’est qu’un moment, qu’un passage. Mon corps à la fois
souple et fatigué, merveilleux et délicat, que j’admire
et respecte, s’effacera bientôt avec sa fin du monde en
se fragilisant mais la vie continuera. Elle continuera
autrement, je ne sais d’ailleurs pas comment et peu
m’importe mais elle continuera à travers d’autres ou
même peut-être un peu moi, différemment, sous un aspect
qu’il m’est impossible d’imaginer et ce n’est d’ailleurs
pas du tout ma préoccupation. Par contre il me semble
essentiel de respecter au mieux tout mon corps, tout mon
être, tout mon environnement pour nourrir ma vie le
mieux possible, pour continuer à apprécier la vie, à
animer le rôle qui doit être le mien tant que je
pourrai. Avec intérêt, satisfaction, plaisir … même à
travers les difficultés, les épreuves.
L’essentiel, pour moi aujourd’hui, c’est d’être. Etre en
ce moment. Etre moi le plus et le mieux possible.
Emerveillé, enthousiaste, goulu de tout ce que je peux
apprendre, découvrir, vivre, faire, communiquer avec mes
bras, mon cœur, ma plume. C’est
aimer
goûter ce qui est bon, corriger ou refuser ce qui ne
l’est pas. Aussi longtemps que ce sera possible mais
sans craindre, sans repousser le moment où cela ne sera
plus possible. Et je dis même déjà, et je redis
tacitement avec plaisir chaque jour, au revoir, adieu, à
Dieu à tous ceux que j’aime.
Je viens de
terminer la lecture du livre "Dans le
silence des oliviers" de Michel
Benoit et je voudrais exprimer
succinctement mes réactions.
Dans un
premier moment, je me suis dit que
ce récit présenté en roman n'attirerait
ni les amateurs d'extraordinaire, ni les
chercheurs de spiritualité.
Mais
rapidement, au fur et mesure de la
lecture, je me suis laissé fortement
impressionner par ce cheminement vécu en
direct par les questionnements,
épreuves, appels portés par Jésus.
J'ai
apprécié à travers la progression
dans le temps tout ce qui permet de
mieux comprendre ses réactions, son
évolution, ses craintes, ses doutes, sa
souffrance, sa grande solitude ... Avec
le "Mal" puissant qui reste toujours
actif et sape les efforts. Avec la
méditation dans le silence qui est la
base de l'écoute et du cheminement. Sans
s'appuyer sur des miracles qui ne sont
que des phénomènes naturels ! Et
surtout, sans trahir la "Parole".
En
préservant la sobriété des citations
évangéliques mais en plaçant cette
Parole dans un cadre géographique et
historique concret, on devine mieux ce
qui a pu réellement se passer ...
C’est une
analyse profonde, sérieuse, à la fois
claire, précise et très judicieuse qui
traduit une ambiance, une époque et
présente un message "crédible" qui ne
tombe pas du ciel mais se construit
progressivement à travers des évènements
humains.
Le tout dans un style facile,
agréable, non prétentieux et non réservé
à une élite ...
Après le
livre "Dieu malgré lui" qui a été
pour moi une révélation, ce roman
rassemble une recherche et met en
scène des hypothèses mûries, notamment
celle du 13è apôtre "bien aimé".
Il
traduit concrètement une démarche pour
mieux en cerner la vraisemblance tout en
valorisant la portée exceptionnelle du
témoignage de l'homme Jésus, un grand
prophète, un croyant engagé mais
certainement pas un dieu.
Ce travail
portera ses fruits car les hommes
bienveillants qui cherchent à accueillir
le "bonheur" avec leur cœur peuvent
entendre facilement cette approche.
Une semaine, une semaine complète pour soi (ou
une quinzaine, ou un mois). S’offrir une semaine pour
s’écouter, écouter son essentiel, quelle chance ! Oui,
je me suis offert une semaine. C’est si peu et c’est
déjà tellement. Je devine que peu peuvent se le
permettre. Car il y a le quotidien à satisfaire,
l’indispensable à assurer. Prendre une semaine sur ses
vacances, prévoir une semaine sur une disponibilité,
c’est un choix qu’il faut assumer et cela demande
beaucoup de détermination. Et bien j’ai fait ce choix
dernièrement et je ne le regrette pas, vraiment pas.
Lâcher ses occupations habituelles, son rythme
quotidien. Ne pas avoir de rendez-vous, ne prévoir
aucune invitation, aucune rencontre, se faire "absent"
pour n’avoir aucune obligation, aucune visite. C’est
créer une horloge qui n’a plus de rouage. Une horloge
qui offre à l’esprit les délicatesses du ciel comme
cadeaux, ses rayons de soleil, ses fines gouttelettes de
pluie. C’est se sentir libre, libre d’agir, de penser,
d’écrire quand on veut, de vivre comme on le désire.
C’est surtout ne plus compter le temps donné pour
pouvoir écouter, s’écouter d’abord, non pas avec des
mots passe-partout mais avec des mots qui nous portent
et une petite voix qui sourd du plus profond de
nous-mêmes. Pour pouvoir aussi jeûner …
Attentif à ce que je vis, j’essaie d’être plus
respectueux du corps qui me porte, j’écoute ses besoins
et je lui permets de se rénover, de se rajeunir et de se
débarrasser des toxines qui l’encombrent, qui
l’ankylosent. Avec le souci de lui éviter un
engourdissement progressif, j’offre à ce corps, mon plus
fidèle compagnon de tous les instants, une nourriture
saine et légère ou mieux encore un repos vitalisant par
le jeûne.
Libre, détendu, sans contrainte, je m’assieds
comme il me plait, dans un endroit que j’apprécie…
J’observe, j’écoute… J’entends mon cœur battre avec son
rythme régulier. Je sens ma respiration monter,
descendre ; inspiration, expiration ; un, deux, un,
deux... Paisiblement je recommence, je veille à suivre
ma perception, je respire… "J’inspire, j’expire…
J’inspire, je sens les côtes qui se dilatent, j’expire,
je me repose, je suis bien… ". Et je recommence et je
recommence…
Toujours attentif au souffle d’air qui rythme
mon recueillement, à l’écoute de la vie qui jette des
bulles en moi, je reste moi-même, je médite, accueillant
presque froidement, en tout cas le plus objectivement
possible, non pas mes sentiments que je maitrise mais ce
que je suis invité à observer. Je ne tombe pas dans
l’euphorie, je discerne le beau, je l’admire; je ne
sombre pas dans la colère, je spécifie le mal, je le
combats. Je distingue la sincérité et l’hypocrisie,
l’amour et le mépris, le partage et l’égoïsme. Et je
prends conscience de ce que je suis, avec toutes ses
couleurs et toutes ses ombres, je suis au cœur de ce
qui est moi, sans procès ; je sens un peu plus ce que je
suis ; je prépare un peu mieux ce que je deviens.
Au milieu de cet espace, au milieu de ceux avec
qui j’ai parcouru le voyage de cette vie, des inconnus,
des êtres aimés, des pionniers, des saints mais aussi
des ladres et des méchants, comme la fleur, comme
l’écureuil, je sens que je fais partie intégrante de cet
univers merveilleux et encore secret qui m’entoure ; je
sais aussi que je m’y effacerai, que je m’y dissoudrai,
que je tomberai en poussière dans l’humus après l’avoir
nourri de mes propres racines, de mon propre travail. Je
continuerai certainement à nourrir la création et je ne
serai ni plus, ni moins que maintenant, je serai autre
et je resterai un peu l’essence qui participe à la vie
du monde. Comme la mère que j’ai tant aimé, comme le
père que j’ai tant admiré, comme le frère que j’ai tant
essayé de comprendre ; comme le baudet qui m’accompagne
ou la salade qui me nourrit; chacun à notre niveau, à
notre mesure; je suis, nous sommes la création ; je
resterai, nous continuerons le chemin… Je vis déjà avec
ce que certains appellent Dieu. Et nous demeurons. Avec
tout, avec tous, à travers le temps, au delà de
l’horizon …
J’entends parfois pleuvoir des réactions qui
critiquent ou même qui me jugent mais j’essaie de les
laisser glisser sur moi sans me laisser mouiller. Car
j’ai comme les pieds alourdis par la glaise d’une vie
concrète de labeur, j’ai les mains un peu usées par
toutes les adversités rencontrées, j’ai la tête remplie
de projets assumés et j’ai surtout le cœur gonflé de
transparence, de confiance … Je me sens bien ancré dans
la vie et je serai un artisan actif du monde tant que je
le pourrai. Mais je me sens aussi autre, relié à ce
mystère
que
Marcel Légaut exprime ainsi :
"ce qui est de moi, qui ne pourrait pas être sans moi et
qui est plus que de moi" .
Loin des soucis du travail,
loin des exigences domestiques, loin des préoccupations de vacances, je me donne
un moment. Un moment pour moi seul où je peux m’arrêter, me poser. Sans être
dérangé par un coup de téléphone, une invitation … Et je m’assieds dans un cadre
qui me plait. Sur un siège ni trop confortable pour éviter de sommeiller, ni
trop rigide pour être mal à l’aise. Et je respire calmement, me décontractant,
les yeux baissés, le regard souriant sur ce que je vois ou ce que je découvre
intérieurement. Je sens ma respiration monter, descendre ; inspiration,
expiration ; un, deux, une, deux... Paisiblement je recommence, je veille à ne
pas quitter ma perception, je respire… "J’inspire, j’expire… J’inspire, je sens
les côtes qui se dilatent, j’expire, je me repose, je suis bien… ". Et je
recommence et je recommence. Je continue encore mais soudain je constate que,
malgré ma vigilance, j’ai fui mon siège, je suis parti vers un souci récent. Je
ne m’inquiète surtout pas. Je l’accepte, je compte sur la patience de mon
apprentissage. Au contraire. J’en profite pour saisir au vol cette
préoccupation, pour la regarder en face, en la déchargeant de mes préjugés
affectifs, en la regardant comme un bagage. Et je reviens à mon rythme
respiratoire. Je vis, je suis bien, j’inspire, un, j’expire, deux… J’essaie de
fixer mon attention sur cette cadence et j’y reviens chaque fois que j’ai été
distrait…
Avec un peu d’entraînement,
j’arrive maintenant à maitriser un peu mieux mon esprit, non pas en le
contraignant mais en obtenant que lui, il ne me contraigne pas à renoncer à ce
que je souhaite. Tout en comptant encore intérieurement, j’inspire, un,
j’expire, deux, (et je peux aussi ajouter avant de reprendre le souffle quand je
suis très calme, "je me repose, trois"), je commence à vivre avec mon souffle
intérieur, avec mon être intérieur, un, deux, trois ; un, deux, trois… Et
peut-être progressivement et parallèlement, un, je suis ici… ; deux, je suis
ici-bas… ; trois, je suis comme je suis, sans plus, sans moins… Un, je
m’accepte ; deux, je me prends en main; trois, je vis avec tout moi… Le
lendemain, je recommence, je garde ma distance, je fuis le jugement, j’observe,
je constate ; mon cœur qui rythme ma poitrine m’invite au calme, à la sérénité
et -beaucoup moins vite que les mots ne peuvent le dire-, je disparais en moi :
un, je vis; deux, je vis encore ; trois, je vis toujours ; un, c’est un constat,
… c’est simple, … c’est difficile aussi; un, … Mon attention se dissipe et part
flirter avec d’autres intérêts. Je ne me décourage pas, je l’accepte et je
persiste. Je recommence et avec l’expérience mon attention se transforme
progressivement en concentration. Le surlendemain, je recommence encore, je me
tiens droit, les yeux dans le vague ; Un, je suis au milieu de fleurs, deux, des
fleurs qui bourgeonnent, trois, qui éclosent ; un, qui parfument, deux,
s’épanouissent, trois, illuminent ; …durent le temps d’une rose, … perdent leurs
pétales, … murissent ; …murissent encore, …sèment à tout vent, …se
reproduisent…, disparaissent… Ma pensée accepte de suivre maintenant un peu ce
que je souhaite mais elle ne répond pas encore à ma demande aussi docilement que
mon corps…
Ainsi, toujours attentif au
souffle d’air qui rythme mon recueillement, à l’écoute de la vie qui jette des
bulles en moi, je reste moi-même, je médite, accueillant presque froidement, en
tout cas le plus objectivement possible, non pas mes sentiments que je maitrise
mais ce que je suis invité à observer. Je ne tombe pas dans l’euphorie, je
discerne le beau, je l’admire; je ne sombre pas dans la colère, je spécifie le
mal, je le combats. Je distingue la sincérité et l’hypocrisie, l’amour et le
mépris, le partage et l’égoïsme. Et je prends conscience de ce que je suis, avec
toutes ses couleurs et toutes ses ombres, je suis au cœur de ce qui est moi,
sans procès ; je sens un peu plus ce que je suis ; je prépare un peu mieux ce
que je deviens…
Je n’ai pas choisi de naître
mais je peux choisir de vivre…
Et pour vivre vraiment, apprécier
de vivre, ne faut-il pas tout simplement "être" ? Etre
vraiment soi-même et si possible être "bien" avec les
autres.
A chacun de répondre en fonction
de sa situation personnelle mais on peut facilement
constater que si, tous, nous sommes dans le même bateau,
nous ne sommes pas tous dans la même galère ! Du bateau
de croisière à la barque bot people, les conditions du
voyage peuvent être en effet très différentes…
Alors, comment "être","être" mieux ?
Comment mieux vivre ? Comment progresser, comment
apprendre à se sentir mieux ?
Si vous pensez que cela ne dépend
pas que des autres mais aussi un peu de nous, alors les
membres de l’association Ecoute et Partage vous
invitent à écouter et partager avec eux.
La vie est une école
toujours ouverte. Si l’on apprend à l’école quand on est
enfant, ne convient-il pas surtout d’y découvrir le
plaisir d’apprendre car l’on a en réalité toute sa vie
pour apprendre. A la fin de ses études, le jeune
découvre surtout qu’il ne sait pas grand chose mais s’il
a acquis la confiance et le goût de la vie, il continue
ses apprentissages sans lassitude et avec une
satisfaction jamais démentie. L’adulte peut apprécier
son expérience mais s’il découvre parfois à ses dépens
qu’il se trompe et s’il sait exploiter ses erreurs, il
continue aussi à progresser…
Comme éducateurs, comme parents,
ou tout simplement comme femmes et hommes, nous avons
appris combien leparcours de certains est
malaisé, rocailleux, tortueux… Par nos expériences
personnelles, nous avons mieux compris toutes les
difficultés rencontrées et peut-être aussi mieux accepté
les épreuves vécues. Et, sans aucun jugement de valeur,
avec un grand respect, nous apprenons à écouter et à
partager pour continuer à progresser. Nous savons que
beaucoup, jeunes et moins jeunes, de toutes catégories
sociales, attendent sans pouvoir le dire ou espèrent
sans le manifester des échanges confiants, des moments
valorisants qui les aideraient à tenir debout, qui
regonfleraient leur potentiel : comment répondre à une
sollicitation, comment assumer une responsabilité,
comment supporter une épreuve, une rupture, un deuil ?
Les questions, les problèmes auxquels nous sommes
confrontés ne sont pas circonscrits et nous assaillent
tout au long de la vie. Si nous pouvons seuls y
répondre, pouvons-nous rester isolés pour y faire face ?
L’enfant compte sur ses parents ou
ses maîtres pour être aidé. L’adolescent qui fourbit ses
premières armes bâtit ses repères et s’appuie sur ses
compagnons … de fortune ou d’infortune. L’adulte livré à
la vie construit ses expériences, se mesure à ses
échecs… mais se sent trop souvent isolé… S’il peut ou
s’il accepte de formuler ce qu’il ressent, ce
qu’il espère ou ce dont il souffre, déjà il clarifie
pour lui-même ses espoirs, ses projets, peut-être aussi
son malaise, son mal être. Et s’il peut aussi s’exprimer
sans crainte d’être jugé devant des amis qui savent
l’écouter pour simplement essayer de le comprendre,
alors il se sentira progressivement en confiance. Car en
écoutant lui-même le cheminement de ses compagnons, il
pourra aussi apprécier des choix différents, comparera
peut-être et se laissera inévitablement interpellé …
Bien sûr ces échanges ne sont
possibles et enrichissants qu’à des conditions qu’il
faut connaître et respecter. L’accueil, l’ambiance, la
spontanéité qui permettent de se sentir à l’aise, en
confiance sollicitent de l’expérience. Amitié, liberté
sont indispensables. Et une grande modestie nous
accompagne toujours car il ne s’agit pas de substituer
aux professionnels qui sont bien sûr irremplaçables et
qu’il faut justement savoir conseiller à bon escient.
Ecoute et Partage existe pour cela.
Pour envahir l’Irak, Bush a affirmé que Saddam
Hussein détenait des moyens de destructions massives… C’était faux mais il n’a
pas hésité à mentir pour arriver à ses fins. Il prétendait pacifier le
Moyen-Orient mais il y a mis le feu, le sang pour continuer à dominer le monde,
pour y avoir la mainmise notamment sur le pétrole. Et les occidentaux (la
plupart) l’ont soutenu, le soutiennent dans ce bras de fer.
Pour vendre son Roundup, ses insecticides ou
autres produits chimiques, l’internationale Monsanto[1]
écrase toutes les manifestations qui s’opposent à son extension. Elle n’a pas
hésité, elle n’hésite pas à mentir pour asseoir son entreprise. Elle prétend que
les OGM sont une solution au respect de l’environnement et à la faim dans le
monde mais elle ruine les petits paysans, assassine la nature, le monde animal
et humain pour rendre l’agriculture dépendante de ses semences et faire
fructifier son commerce. Et le système international, le monde tout puissant
des trusts financiers se taisent ou, pire, favorisent le combat inégal du pot de
fer de l’économie dite libérale contre le pot de terre des petits qui n’ont que
leurs bras et leur bonne volonté pour nourrir leurs enfants affamés.
Pour maintenir son autorité sur le monde, pour
asseoir sa maitrise le plus largement sur la planète, Rome avec son pouvoir
religieux pyramidal s’est imposée comme la seule Eglise du salut. Elle n’a pas
hésité à travestir la réalité historique[2],
à entretenir des images fausses pour baptiser ses adeptes, infantiliser les
fidèles et les rendre dépendants. Elle prétend annoncer le message d’amour, de
respect des petits que Jésus préconise mais elle s’appuie trop souvent sur le
riche, sur le fort, sur le conservateur pour écraser la contestation et obliger
sa ligne incontournable[3].
Quelques remarques simplement :
Le corps de Jésus ressuscité ? Que l’on croit ou
non en la résurrection de Jésus, son corps physique mutilé d’homme n’a pas
repris vie mais il a certainement été simplement caché par les adeptes de sa
secte et le tombeau a donc été vidé ! Le Jésus ressuscité traverse en effet les
murs, se volatilise dès qu’il est reconnu… Il n’a donc plus son corps d’avant,
il est autre.
La « Sainte famille unie » ? Une image totalement
fabriquée ! Jésus vivant a été isolé, rejeté de sa propre famille et s’est même
opposé à sa mère comme tout homme à forte personnalité dans une famille ! Jésus
mort, son propre frère Jacques[4]
a voulu prendre naturellement le leadership mais s’est opposé à Pierre. Celui-ci
s’est en effet imposé contre « le disciple que Jésus aimait », un 13ème
disciple dont le rôle aurait dû être essentiel mais qui a été totalement exclus
par le pouvoir religieux mis en place...
Ainsi les procédés de Bush, Monsanto ou Rome sont
assez semblables. Ils prétendent s’appuyer sur des valeurs incontestables, la
paix, le respect, la défense du démuni mais ils peuvent mentir effrontément,
déformer la réalité, briser la contestation pourtant légitime pour mieux
défendre leurs intérêts collectifs, leur pouvoir sans limite. Or Jésus, en nous
invitant à partager notre pain, nous a seulement donné son exemple : il a lavé
les pieds de son frère, il a refusé le pouvoir pour se mettre seulement au
service de ses frères. A méditer.
Pascal JACQUOT
PS Cette page peut paraître caricaturale ou
simpliste car on ne peut en quelques mots
apporter toutes les nuances. Elle veut
simplement mettre en évidence le danger des trois pouvoirs politique, économique
et religieux qui ne craignent pas d’écraser les droits essentiels de l’humain
pour s’imposer sans complexe.
Mais il n'y a pas que Bush qui fait
la guerre pour du pétrole, il y a inconsciemment les électeurs qui l'ont mis au
pouvoir, les citoyens qui continuent de verser leurs impôts pour la guerre, les
militaires qui acceptent de partir. Il n'y a pas que les dirigeants de Monsanto
qui ruinent les paysanneries, il y a, sans peut-être le savoir, les clients qui
font prospérer cette entreprise et tous ceux qui croient encore à l'agriculture
industrielle productiviste. Il n'y a pas que Rome qui infantilise les croyants,
il y a indirectement tous les fidèles qui adulent le pape, tous ceux qui sont
prisonniers du ritualisme et du dogmatisme (et la chrétienté n'est pas la seule
dans ce cas...), ceux qui savent que les vérités enseignées par l'Eglise ne sont
pas historiques mais qui n'osent pas le dire tout haut…
[1]
Avez-vous vu le film de Monique Robin diffusé sur Arte le mardi 11 Mars,
Monsanto-O.G.M.- abeilles ? Effarant.
[2]
Avez-vous lu « Jésus et ses héritiers » de Michel Benoît chez Albin
Michel ? Incontournable.
[3]
Je ne parle évidemment pas des individus qui, à l’intérieur d’une
institution, peuvent avoir un réel comportement de service.
[4]
Jésus aurait eu plusieurs frères que l’on a voulu prendre pour des
cousins. L’affirmation que Marie aurait eu un enfant unique ne peut plus
aujourd’hui être légitimement soutenue avec les dernières découvertes
de textes.
Aller en haut de page sur
"donnez-nous votre avis" pour préciser vos réactions, votre point
de vue, vos commentaires..
J’ai 67 ans et (même si je n’ai
pas peut-être pas encore atteint l’âge de la sagesse!) il y a déjà 50 ans
exactement que je connais une thérapie ancienne comme le monde mais qui hélas ne
sait pas encore être utilisée à bon escient par nos contemporains. Certainement
parce que cette méthode sollicite une prise en charge personnelle mais surtout
parce qu’elle semble trop simple, trop empirique et qu’elle ne répond pas aux
intérêts mercantilistes de notre société (elle permettrait pourtant de réduire
le trou de la sécu !). De nombreux docteurs la conseillent, parfois la
préconisent mais toujours avec beaucoup de prudence car, parler de diète à un
patient surprend quand celui-ci attend surtout un médicament miracle. Certains
docteurs ont même créé des cliniques, la Châbrerie avec le docteur Ducroc en
Dordogne, le Belvédère avec le docteur Vivini à Longwy en Meurthe et Moselle
puis dans les environs de Toulouse… C’était dans les années 80 et on aurait pu
espérer que leurs efforts soient couronnés de succès mais les obstacles auxquels
ils ont dû se confronter auraient cassé les plus solides et c’est ce qui est
arrivé. Il existe encore des cliniques de ce type en Suisse, en Allemagne et des
associations ont parfois pris le relais, « Jeûne et randonnée » par exemple mais
espérons surtout que le temps permettra de découvrir officiellement les
résultats positifs de ces pionniers.
Vous l’avez maintenant deviné,
je souhaitais vous dire toute ma conviction sur les bienfaits du jeûne dans
notre équilibre de vie. Dans notre vie stressée, avec notre consommation
déséquilibrée et souvent trop riche, trop abondante, le jeûne peut être un
véritable havre de soulagement pour retrouver la paix dans son corps et même
dans sa tête. Si l’on est un peu lourd aussi, il peut bien sûr nous soulager de
quelques kilos inutiles et si l’on est malade, il peut aider à recouvrer la
santé sans le soutien de médicaments. Le jeûne peut être court, par exemple
sauter un repas ou choisir une diète dit hydrique* de un ou deux jours mais il
peut aussi être beaucoup plus long, 8 ou 15 et même 21 jours ou plus. Une
expérience et une prudence sont alors nécessaires car, pour que le résultat soit
positif, il y a des conditions et des précautions indispensables, notamment en
ce qui concerne la réalimentation qui doit être très progressive.
Pour illustrer ce que je viens
d’écrire, permettez-moi de préciser que je vis moi-même en ce moment mon
douzième jour de jeûne complet : je n’ai absolument pas faim, je parcours à pied
2 à 4 kilomètres par jour pendant environ une heure, je me sens parfaitement
calme et serein… Certains jours sont plus difficiles que d’autres, au début
notamment mais quand on sait les réactions possibles de son corps, on ne
s’étonne pas. Il est vrai que j’ai eu, quand j’étais jeune, un problème de santé
lourd qui m’a conduit à jeûner deux fois une vingtaine de jours dans une
clinique citée plus haut. Mais depuis ce moment-là j’ai appris à pratiquer seul
en limitant en général la durée de la cure à une semaine. Vous vous demandez
certainement pourquoi cette pratique ? Ce n’est absolument pas pour répondre à
des impératifs religieux. Mais si j’avais quelques kilos à perdre, je
n’hésiterais pas à m’intéresser à cette méthode car on perd en moyenne un tiers
à un demi-kilo par jour ! Comme ce n’est pas mon cas, je souhaite simplement
donner à mes organes un moment de repos en ce qui concerne le processus
d’assimilation. Pour que les cellules de mon corps puissent agir en mode
éliminatoire et chasser le plus de poisons et toxines qui entravent leur
fonctionnement normal. Et, croyez-moi, le plaisir de se voir rajeuni,
revitalisé, de retrouver un odorat subtil, une peau fraiche, un appétit mesuré
avec un goût décuplé et un esprit libre vaut bien l’effort de s’imposer quelques
jours différents pour se sentir ensuite un peu mieux dans sa peau.
Nous savons tous qu’une balance,
je parle d’une balance traditionnelle à plateaux bien
sûr, n’obtient son équilibre qu’après avoir obtenu
son contrepoids exact et que cet équilibre reste
cependant très fragile… Mais le groupe Oxfam Agir Ici 54
sur le Marché du monde n’a-t-il pas aussi exploité une
balance pour interpeller les visiteurs en plaçant d’un
côté un petit téléphone portable et de l’autre les
quantités imposantes de marchandises nécessaires pour un
Africain qui souhaitait ce téléphone ?
Nous avons tous remarqué que
l’équilibre est toujours difficile à obtenir. Tandis que
l’un le recherche à travers un régime drastique, un
emploi du temps fort maitrisé, un autre ne semble
pouvoir y goûter un peu qu’avec du flegme et des
relations qui peuvent sembler capricieuses… Chacun
assume son équilibre comme il peut avec plus ou moins de
difficulté et c’est bien sûr la responsabilité
individuelle de conduire sa vie pour obtenir un
équilibre le plus solide possible.
Mais notre équilibre n’est en
effet jamais totalement stable parce que nous évoluons,
parce que les conditions de vie se modifient et nous ne
sommes jamais à l’abri d’interpellations imprévues.
Problèmes de santé, difficultés sentimentales, soucis
professionnels, interpellations familiales, inquiétudes
sociales ou politiques nous interpellent constamment,
nous assaillent souvent et parfois même hélas nous
écrasent…
Comment faire face, comment
assumer le quotidien, comment garder l’équilibre dans
les méandres de la vie, dans les épreuves
imprévisibles ? Il n’y a évidemment pas de réponses
simples et faciles. Mais j’ai toujours admiré la petite
pierre qui avait un rôle unique dans un mur, la plus
mauvaise tuile qui était indispensable dans une toiture,
le moindre petit grain de sable qui fait partie de cet
énorme tas permettant les constructions gigantesques.
Alors, mon copain, mon voisin, noir ou blanc, sans
papier ou à col blanc … comment pourrais-je les
reconnaître moins que cette pierre, cette tuile ou ce
grain de sable puisqu’ils font partie intégrante de ce
monde précaire, de cette humanité désorientée, de ce
peuple en marche ? Et moi aussi bien sûr qui fais partie
de ce convoi non choisi, comment pourrais-je me
déprécier et ne pas accepter un rôle au moins
aussi noble que cette pierre, cette tuile ou ce grain de
sable ! Car en plus nous avons un intelligence, un cœur…
Mais n’est-il pas indispensable que, pour nous en servir
un peu mieux, nous continuions toujours à apprendre à
écouter, partager spontanément, doucement, librement
mais régulièrement.
Je peux bien sûr avoir mes avis, mes idées ; je peux faire les choix qui me
semblent les meilleurs ; je peux croire que je n’avais pas d’autres solutions
sur ma vie personnelle, sur mes enfants, sur ma relation amoureuse, sur ma
situation professionnelle …
N’empêche que parfois, cela me semble un peu lourd, un peu difficile et je me
sens bien seul pour assumer mes décisions…
Si je pouvais au moins parler à quelqu’un, un autre moi-même, à quelqu’un qui
sache vraiment m’écouter sans porter aucun jugement, qui sache écouter mes
problèmes, mes positions sans me critiquer …
Alors cela m’aiderait énormément parce que cela m’obligerait à faire moi-même le
point de temps en temps, cela m’imposerait de clarifier mon point de vue pour
être mieux compris, et le seul fait de communiquer ce que j’ai sur le cœur, que
je ne peux partager à quiconque me redonnerait confiance…
Si, en plus, celui qui m’écoute, tout en respectant mes choix et sans vouloir
arbitrer, me disait ce qu’il ferait lui-même s’il se trouvait dans une situation
identique, me donnait son point de vue avec beaucoup de modestie parce qu’il
souhaite aussi confier aussi lui-même ses préoccupations propres, alors
l’échange serait un espace loyal de sincérité, un moment de partage vrai, une
halte de sympathie qui regonfle…
Mais comment trouver ce quelqu’un qui aspire comme moi à partager sans être
jugé, cet autre moi-même que je ne connais pas mais qui me côtoie peut-être sans
me dire ses aspirations ? Comment rencontrer ceux ou celles qui aimeraient
communiquer, échanger en respectant autant la diversité que l’altérité ?
Il y en a certainement dans mon entourage, dans mon voisinage, parmi mes amis,
ma famille ou mes compagnons de travail mais je suis très réservé et la prudence
m’invite à garder de la distance pour ne pas être déçu. Ma méfiance instinctive
est certainement un gage d’expérience car certaines règles essentielles sont en
effet indispensables pour éviter les déceptions.
Car il est vrai que la spontanéité ne suffit pas et que quelques précautions
sont nécessaires. Ecoute et partage offre son expérience et son cadre qui
permettent à tous ceux qui le souhaitent un échange sincère et respectueux.
Alors, alors, que faire ?
Et bien déjà lire
l’article qui suit : « Pourquoi pas moi ? »
Qui peut se vanter de n’avoir aucun problème,
aucun souci, aucune épreuve ?
Qui peut trouver tout seul réponse à toutes ses
demandes, à ses hantises, à ses souffrances ?
Qui peut confier ses inquiétudes ou ses projets
personnels - qu’ils soient d’ordre familial, professionnel, relationnel,
affectif, sexuel…- sans crainte d’être jugé, d’être critiqué mais avec l’espoir
seulement d’être entendu et écouté avec attention ?
Si vous pouvez répondre « moi » à toutes ces
questions, vous devez arrêter ici la lecture de cette page qui ne vous concerne
pas. Mais si vous ne pouvez répondre, sachez alors que d’autres, beaucoup
d’autres, sont comme vous et espèrent des lieux et des moments d’échanges vrais,
sincères mais simples, discrets et respectueux.
Ce lieu d’écoute que vous attendez, ce moment de
partage que vous désirez est à votre portée et ne dépend que de votre
disponibilité. Et d’un petit effort car il y a toujours une marge entre un
espoir et une réalité, un désir et une réalisation. En effet Ecoute et Partage
existe. Et Ecoute et Partage peut vous accueillir avec beaucoup d’attention si
vous le désirez. Car Ecoute et Partage vous attend avec vos difficultés, vos
limites, vos espoirs, bref tel que vous êtes, ni ange, ni bête, mais simplement
et merveilleusement femme ou homme.
Si vous préférez être accompagné d’un ami pour
engager cette démarche, si vous souhaitez établir d’autres relations, vous
agissez à votre rythme et selon vos possibilités. A Ecoute et Partage, chacun
garde toute sa liberté, toutes ses convictions, toute son autonomie. Une seule
condition cependant indispensable, écouter, apprendre à écouter. Et accepter
parfois un peu de silence pour pouvoir s’écouter. Et quand deux ou trois se
retrouvent… et apprennent à écouter, à s’écouter pour partager ce qui leur
tient à cœur en toute confiance et en toute simplicité…, un nouveau groupe
Ecoute et Partage nait…
A nos amis, à nos voisins, à nos collègues, à nos
grands enfants qui vivent chacun dans leur orbite, avec leurs préoccupations,
avec leurs questions, proposons avec confiance cet espace de dialogue*. Leur
réponse, leur choix ne nous appartient pas mais il nous appartient d’offrir ce
qui nous semble important, ce que nous aimerions découvrir si nous étions à leur
place, une véritable écoute, un vrai partage…
Alors, surtout n’hésitez pas trop longtemps … car
les années passent vite !
Pour bien réussir sa vie et se donner une existence harmonieuse qui révèle
toutes nos possibilités, il faudrait déjà se connaître. Or il n’est pas possible
de se connaître avant d’avoir vécu ! Sommes-nous alors voués à ne pas réussir
notre vie sinon par hasard ou chance exceptionnelle?
L’homme est en effet plus ou moins un aveugle poussé et entrainé par beaucoup
d’autres aveugles dans une existence où, presque toujours trop tard, lui seul
peut s’instruire de ce qu’elle est, de ce qu’elle pourrait être.
Que nous soyons timorés ou téméraires, dociles, courageux ou froussards, peu
importe, nous rencontrons tous de toute façon des échecs. Des échecs ? Non pas.
Mais des expériences parfois douloureuses. Et c’est tout à fait normal dans le
cursus de chaque vie car elles prennent racine et force au plus profond de nous
et sont fécondité irremplaçable pour ceux qui arrivent à en recueillir, dans la
paix, les poignantes informations. Ces expériences peuvent être en nous
l’écharde qui nous forcera à nous chercher au lieu de nous imaginer, à être ce
que nous sommes vraiment, tout ce que nous sommes et rien que ce que nous
sommes.
L’éducation que nous avons reçue ou celle que nous avons donnée –la moins
imparfaite possible- est de toute façon impuissante à montrer autre chose que
les gros plans des comportements humains. C’est à chacun de se construire, de
cheminer … et, si possible, d’utiliser ses expériences (ses "échecs ?") pour
bâtir solide.
L’amour par exemple, qui est la première étape manifeste de la marche de l’être
vers sa destinée personnelle, demande à être cultivé au lieu d’être seulement
cueilli. Chacun doit chercher sans cesse l’autre. Comment ne pas réduire l’amour
naissant à l’attrait des sexes ? Comment ne pas faire inconsciemment de l’amour
un remède assuré contre la solitude qui vient, ou contre l’insécurité de demain
parce que son échec alors probable y conduira inévitablement ? Comment aimer
l’enfant sans le posséder, comment l’aider à grandir ?
Qui nous donnera la délicatesse du cœur, sa chaleur rayonnante, sa stabilité,
qui facilitera sa modestie, sa discrétion, sa patience, son ardeur, sa
confiance, sa limpidité si nous ne la possédons pas déjà à un degré suffisant
pour pouvoir la développer ? Oui, qui si ce ne sont les épreuves de la vie, les
expériences, les "échecs" ?
Qui nous aidera à dépasser ce que notre paternité, maternité a de possessif, de
limité auprès de nos enfants pour les inviter à prendre leur indépendance et à
entrer dans la vie ? Qui favorisera notre ouverture sur des horizons élargis
quand nos enfants s’éloignent dans leur destin et nous conduira même à
communiquer avec des êtres disparus depuis longtemps, nous faisant franchir
toutes distances de temps et de lieu ? Qui ? si ce ne sont pas les solitudes,
les méditations, au pire les deuils, les maladies, le chômage, les expériences,
les "échecs" ?
Notre société, si avide de confort superficiel, si généreuse de consommations
inutiles, si conciliante devant les exigences immatures des jeunes, si
émerveillée devant les formes avantageuses des corps, nous écrase souvent dans
le conformisme majoritaire au lieu de valoriser nos richesses individuelles. Si
nous ne pouvons pas compter sur elle, apprenons à compter sur nous pour
apprécier nos expériences (et nos échecs !) non pas à nos dépens mais pour notre
plus grande richesse afin de nous aider à gagner au fil des années un peu plus
de modération, davantage d’équilibre et peut-être beaucoup de sagesse.
Pascal JACQUOT
"Il y a
quelque chose de pire dans la vie que de
n’avoir pas réussi, c’est de ne pas
avoir essayé."
On a souvent l’habitude de cataloguer les
personnes, de cloisonner les groupes et parfois même de les opposer. Il me
semble que les différences apparentes sont artificielles et que les oppositions
sont beaucoup plus subtiles que ce que l’on veut laisser croire. En ce qui
concerne les convictions spirituelles, cela est manifeste.
Entre un croyant et un athée, entre un chrétien et
un agnostique, entre un catholique et un matérialiste, il y a parfois beaucoup
plus de proximité et de croyances communes qu’entre deux croyants, deux
chrétiens, deux catholiques qui se croient proches par l’étiquette mais
conçoivent en réalité un Dieu complètement différent. En effet il y a des
catholiques qui ne croient guère aux "miracles" de Jésus, des chrétiens qui ne
croient guère en la résurrection de Jésus. Et beaucoup de militants, même
athées, des droits de l’homme se sentent très proches de Jésus. Sa vie, son
témoignage touchent et éclairent en effet de nombreux hommes, croyants ou
incroyants, bien au-delà des sphères religieuses. Ainsi le philosophe André
Comte-Sponville[1]
qui se déclare athée, écrit :
« Le nouveau-né qu’on couche dans une étable,
l’enfant pourchassé, l’adolescent dialoguant avec les érudits, le même plus
tard, face aux marchands du temple, la primauté de l’amour, à quoi se ramènent
"toute la Loi et les prophètes", le sabbat qui est fait pour l’homme et non pas
l’homme pour le sabbat, l’acceptation ou l’anticipation de la laïcité ("Rendez à
César ce qui est à César… "), le sens de l’universel humain ("Ce que vous avez
fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait" ),
l’ouverture au présent ("Prenez soin d’aujourd’hui, demain prendra soin de
lui-même"), la liberté de l’esprit ("la vérité fera de vous des hommes libres"),
la parabole du Bon Samaritain, celle du Jeune homme riche, celle de l’enfant
prodigue, l’épisode de la femme adultère, l’accueil des bannis et des
prostituées, le sermon sur la montagne ("heureux les doux, heureux les affamés
de justice, heureux les artisans de paix… "), la solitude (par exemple au Mont
des Oliviers), le courage, l’humiliation, la crucifixion… On serait touché à
moins. Disons que je me suis forgé une espèce de Christ intérieur, "doux et
humble de cœur", en effet, mais purement humain, qui m’accompagne ou me guide ».
Le clivage croyant / agnostique ou chrétien /
incroyant est souvent artificiel. Si les religions ont souvent intérêt à
l’exploiter pour conserver leur troupe (et leurs ressources !), les "fidèles" le
dépassent très facilement et presque spontanément quand ils se libèrent des
autorités religieuses pour s’engager dans des actions. Si les religions restent
souvent sectaires en étant attachées à des principes soit disant divins plus
qu’à des valeurs spirituelles, à des dogmes plus qu’à la "fraternité", beaucoup
de "croyants" savent repérer l’essentiel de "l’amour" par delà le secondaire des
"commandements" enseignés soit disant par le prophète. J’ai participé
dernièrement à un colloque où se côtoyaient des femmes et des hommes de tous
bords religieux et politiques, près de 500 personnes en tout. Il y avait des
catholiques bien sûr mais aussi des protestants, des musulmans, des
francs-maçons, des incroyants… Il y avait des militants engagés à gauche et à
droite… Il y avait des anciens et des jeunes, des élus et des représentants dits
de la "société civile" de toutes les régions de France. Tous savaient s’écouter,
tous se respectaient, tous cherchaient à se comprendre, tous étaient extrêmement
proches, tous pouvaient partager sincèrement leurs préoccupations profondes. Ils
avaient cependant en commun une chose, essentielle. Non pas un prophète, non pas
un Dieu. Mais le souci de l’homme, l’amour de l’Homme et c’est ce qui les
rassemblait spirituellement: ils pouvaient ainsi tous envisager la
« Politique au risque de la spiritualité[2] »
sans aucune difficulté.
Pascal Jacquot
[1]
André Comte-Sponville (A-t-on besoin d’une religion, Paris : les
Editions ouvrières) écrit aussi :
Au fond, à la lecture des évangiles, ce
qui fait la valeur d’une vie humaine, est-ce le fait que la personne en
question croit ou pas en Dieu, qu’elle croit ou pas en une vie après la
mort ?
S’agissant de ces deux questions, la
seule vérité, pour vous comme pour moi, c’est que nous n’en savons
rien ! Croyants et incroyants, nous ne sommes séparés que par ce que
nous ignorons.
Il serait paradoxal d’attacher plus
d’importance à ce que nous ignorons, qui peut sembler nous séparer, qu’à
ce que nous connaissons très bien, d’expérience et qui nous rapproche :
ce qui fait la valeur d’une vie humaine, ce n’est pas la foi, ce n’est
pas l’espérance, c’est la quantité d’amour et de courage dont on est
capable
Les
textes bibliques sèment une Parole plus qu’ils ne
relèvent des faits historiques (qui sont d’ailleurs
souvent faux : la mer Rouge s’ouvrant pour laisser un
passage, Marie et Jean au Gogotha, Jésus sortant du
tombeau par ex.). Alors est-ce Dieu qui a parlé à
travers les hommes ou sont-ce les hommes qui ont écrit
les livres saints avec la sagesse, la spiritualité, -la
divinité – dont ils sont capables ? Et les images
utilisées, le merveilleux présenté (miracles, les cieux,
le Père…) qui suscitent l’intérêt, éveillent
l’attention, essaient de répondre à nos interrogations
sont-ils divins ou humains ? Ne sont-ils pas d’abord des
œuvres de prophètes pédagogues pour être entendus et un
peu compris par leurs contemporains à travers des
simplifications évocatrices même si elles peuvent
paraître parfois outrancières aujourd’hui ?
Ainsi les auteurs de l’Antiquité
présentent-ils dans la Bible un Dieu Yaweh tout
puissant, créateur, parfois violent qui s’impose comme
unique à la place des dieux omnipotents
Osiris, Zeus, Eros… Quelle évolution pour les croyances
de l’époque!
Ainsi les évangélistes des
premiers siècles de notre ère substituent au Dieu
vengeur un Dieu bienveillant qui se soucie de
toutes ses brebis, même de la plus fragile ou de
l’égarée, qui respecte la prostituée et fait confiance à
la conscience de son bourreau … C’est le Dieu de Jésus,
un Berger, un Père d’Amour. Quelle évolution encore!
Ainsi les dieux seraient morts
en Yaweh ; puis Yaweh serait mort en Jésus. Et
pourquoi Jésus, que l’on prend pour "Fils de Dieu" mais
qui se déclare lui-même "Fils de l’homme" ne serait-il
pas mort tout simplement en Homme ?
En effet, est-ce que Dieu, pour
nous aujourd’hui, ne serait pas d’abord Eveil,
Spiritualité, Divinité en chacun de nous et non pas
extérieur à nous ? Pourquoi l’évolution des croyances se
figerait-elle alors que de nouvelles découvertes nous
invitent à mieux appréhender l’univers ? Car, dans le
message de Jésus, - je ne parle pas des textes qui lui
sont attribués ou des dogmes que ceux qui se prétendent
investis par lui ont érigé en monuments infaillibles, je
parle uniquement des mots dont on peut être à peu près
sûr que Jésus a prononcés lui-même -, dans ce message de
Jésus, l’homme doit s’accomplir, se réaliser, se
construire et construire ici-bas "le nouveau monde".
Avec cette interprétation, tout homme de bonne volonté,
ouvert, respectueux de l’autre, croyant ou non, chrétien
ou athée, catholique ou agnostique, peut écouter et
partager spirituellement. C’est en effet ainsi qu’on
essaie de le vivre à Ecoute et Partage en croyant aux
« espoirs que l’Evangile nourrit » comme le précise la
phrase de la 1ère page de notre lien!
L’homme a besoin de justifier ce qu’il vit, d’expliquer ce qu’il croit
comprendre. En utilisant le mot "dieu" ou "Dieu", il exprime la puissance du
créateur ou de l’inexplicable, il s’effraie ou s’émerveille de son rôle, il
devine sa Force, son Amour, ses Foudres, ses Grâces…
Comment l’homme peut-il penser ou expliquer autrement qu’avec ses facultés
d’homme ? Et comme il conçoit difficilement une horloge sans horloger, un monde
aussi riche que le nôtre sans Trésor, un présent aussi cruel sans Eternité
douce, il crée un « Dieu à son image », avec ses perceptions mais sans ses
imperfections : il est le plus grand, infini, immortel, omniscient, omnipotent…
Mais Dieu, s’il "existe", s’il est, ne pense pas, ne domine pas, ne rêve pas
puisqu’il ne mange pas, ne dort pas, ne naît pas, ne meurt pas… Il est Autre. Il
est l’inconcevable, l’inimaginable… que nous ne pouvons même pas nommer avec nos
mots. Et toute image, toute représentation, toute illustration, toute
explication de "Dieu" ne peut être que fausse ou au moins incomplète. Seuls des
symboles, des approches artistiques, des poèmes peuvent peut-être un peu
l’évoquer. Et c’est l’acte de foi, le pari de Dieu, tout à fait respectable,
auquel chacun est peut-être invité… car on ne pourra jamais démontrer son
existence ou sa présence sinon ce serait une vérité scientifique !
Et "Dieu", s’il est, s’il est tout autre que ce que l’on peut concevoir et ne
peut pas se dire, est peut-être un peu mon esprit et ce que je crois parfois
sentir sans jamais pouvoir le dire. Il est à la fois avec moi et sans moi; il
est peut-être aussi Présence que Silence ; le présent qui se prolonge
indéfiniment et qui se renouvelle sans cesse, à la fois instant et éternité ; le
silence où l’on croit entendre parler l’absence. Parfois, quand je me sens bien
en moi, bien dans mon environnement, que je médite en appréciant le moment qui
passe pour ne jamais revenir mais aussi ne jamais mourir, je me dis que dans mon
silence confiant où rien ne compte plus, le "dieu" qui m’habite "est"
certainement mon enthousiasme, mon émerveillement, mon cheminement. Bien autre
que tout ce que j’ai pu apprendre, bien différent de ce que je peux imaginer.
Surtout s’il est simplement ce qui reste de moi quand je ne suis plus et qui ne
finit pas.
Ainsi, loin des religions enseignées, mon esprit se nourrit-il spirituellement
d’un dieu "Autre". Et pourtant je ne saurais me dire athée parce que la
définition actuelle de Dieu, qui ne correspond pas à ce que je crois sentir, me
semble tout à fait passagère et ne saurait être immuable !
J'ai lu un livre*. Les lignes qui suivent ne prétendent pas en faire une
présentation objective ou un résumé mais elles essaient simplement d'exprimer ce
que j'ai ressenti, découvert et ce que je crois. Car il y a un monde entre le
Jésus de Nazareth avec ses convictions, ses perturbations, ses énormités, ses
transgressions tel qu'il apparaît dans certains textes des évangiles et toutes
les interprétations, toutes les orientations théologiques avec leur pointillisme
que les religions ont engendrées…
1. Un langage simple, un message toujours neuf
Voici un langage imagé, provocateur :
"Ne vend-on pas cinq moineaux pour dix francs ? "Chaque cheveu de votre tête est
compté" (Luc 12, 6-8)
"Quel père donnerait à son fils une pierre quand il attend du pain ?" (Mt 7, 10)
"Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil et alors tu verras clair pou ôter
la paille de l'œil de ton frère" (Mt7, 5)
"Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu qu'à une
corde de passer par le chas d'une aiguille" (Lc 18, 25; Mc 10, 25; Mt 19, 24)
"Le royaume de Dieu est à l'intérieur de vous, il est nulle part ailleurs (Lc
17, 21).
Et voici aussi des apostrophes cinglantes envers l'esprit méticuleux, celui qui
tient compte du détail mais perd de vue l'essentiel, la réforme intérieure :
"Vous filtrez le moustique, mais vous avalez le chameau" (Mt 25, 24)
'"Vous nettoyez l'extérieur du verre et de l'assiette mais l'intérieur est tout
plein de butin volé et de vice" (Mt 23, 25)
"Je suis venu jeter le feu sur la terre" (Lc 12, 49).
Jésus a un langage concret. Il exprime la vie, l'expérience quotidienne, il vit
intensément, il aime parcourir les chemins de campagne. Et si l'on consent à
regarder le monde d'un œil neuf, avec une conscience limpide, on devine le
paradis potentiel de ce monde ! Comme si la nature, pour célébrer l'année
nouvelle au printemps, se revêtait de pourpre (Mt 6, 28). Et même les monotones
déserts, les régions glacées des pôles, les cristaux invisibles noyés dans les
roches, l'évident bonheur des alouettes dans la lumière des midis d'été… Le
leitmotiv de Jésus, c'est la vie, vie intégrale, puissante, dévorante, féconde,
prolifique.
Jésus exagère parfois. C'est un signe de vitalité, c'est l'exubérance de
l'esprit et du cœur. L'évangile n'a rien d'une "sagesse"; c'est un appel à une
autre façon d'être, un appel pressant, exigeant, parfois cruel. Jésus dit :
"Vends tous tes biens, donne l'argent aux pauvres" (Mc 10, 17; Mt 19, 14; Lc 18,
18) et le jeune homme se retire, triste.
"J'arrive tout de suite. Mais laisse-moi d'abord enterrer mon père" (Mc 8, 10;
Lc 9, 58) répond un invité. La réplique est terrifiante: "Laisse les morts
enterrer les morts".
"Aimez vos ennemis" (Mt 5, 44 Lc 6, 27 et 6, 32)
"Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre" (Mt 5,
39; Lc 6, 29)
2. Un style spontané, un message qui touche
Ainsi, si nous écoutons avec attention parler Jésus, nous rencontrons un
tempérament vif, primesautier, assez imprévisible, un être modeste, vraiment bon
et travaillé par une passion intérieure. La parole de Jésus est concrète,
spontanée, toujours jeune. C'est un langage qui parle encore aujourd'hui. Et
nous entendons un message qui interpelle parce qu'il nous touche maintenant
comme aux premiers temps. C'est parce que Jésus n'institue pas une religion,
avec ses dogmes et ses rituels, que ce message reste vivant et n'a pris aucune
ride. Il ne propose pas un culte, il appelle à une conversion. Il ne propose pas
un ordre nouveau, il invite à une autre façon d'être, une nouvelle disposition
orientée vers d'autres plaisirs inconcevables : celui de donner, d'aider, de
pardonner… Pour Jésus, "quand tu as vu ton frère, tu as vu ton Dieu": Dieu n'est
plus au "ciel", il est autour de nous, dans tous les frères humains que nous
rencontrons ! "L'arrivée du royaume de Dieu n'est pas observable du dehors, on
ne dira pas : il est ici, ou : il est là, car, voyez-vous, le royaume de Dieu
est à l'intérieur de vous (Lc 17, 20). Le royaume de Dieu* ne vient pas
s'imposer, il ne "tombe pas du ciel"; il ne fait qu'éclore en nous peu à peu et
sa venue dépend de notre capacité d'accueil : ce n'est pas une chose extérieure,
c'est une disposition intime. Le trésor est là, en nous, dès aujourd'hui: il
suffit d'y être attentif; l'être nouveau attend en moi d'être reconnu et mis au
monde (n'est-ce pas d'ailleurs ce que la théologie a matérialisé sous le nom de
résurrection!).
Si Jésus interpelle les intellectuels, les docteurs, les pharisiens, c'est parce
qu'ils figent la réflexion en construisant des dogmatismes, en forgeant des
catéchismes. Le "pauvre en esprit" a l'ingénuité des enfants, la spontanéité de
l'artiste et il conserve l'intelligence du cœur. D'ailleurs, ce qui nourrit en
nous la fraternité, la bonté, la solidarité -en un mot l'humain- ne provient ni
des connaissances, ni de la réussite sociale. L'essentiel se cache dans la
spontanéité affective, celle de l'enfant qui est en nous : "Je te félicite,
Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché ces choses aux savants, aux
avisés et de les avoir révélées aux enfants" (Mt 11, 25; Lc 10, 21).
Ainsi, à travers les propos de Jésus, nous découvrons un certain style* et nous
entendons presque sa voix dont le timbre est unique. Nous le reconnaissons assez
facilement dans les trois évangiles synoptiques de Luc, Marc et Matthieu qui ont
mis par écrit les paroles même de Jésus qui s'étaient gravées dans les mémoires
: réparties vives et inattendues, paradoxes et paraboles....
3. Une parole interprétée, un message orienté
La parole de Jésus a souvent été tamisée dans les écrits et elle s'est embuée
avec les années du poids des coutumes et des pratiques. Pour mieux sentir qui
est vraiment Jésus, il faut essayer de distinguer les mots spontanés qu'il a
réellement prononcés et les observations personnelles des rédacteurs de textes:
même Matthieu, avec son érudition biblique, accumule des références à la Thora
et Luc qui fut un ami de St Paul a un don de poésie et est un écrivain. Quant à
l'évangile de Jean (nom collectif qui désigne un groupe de juifs chrétiens),
plus tardif, déjà inspiré par une théologie en formation, les paroles même de
Jésus ne sont pas présentées en direct et l'homme de Galilée n'apparaît pas avec
le même style*: là, Jésus parle de lui-même, se met en avant, insiste sur ses
relations avec son Père, se présente comme Messie envoyé par Dieu, se déclare
"lumière du monde"(8,58), "pain de vie" (6,35), "voie, vérité et vie", (10,6)
"résurrection et vie" (11.25), affirme "Personne n'accède au Père si ce n'est
par moi"…
De plus les derniers mots de Jésus sur la croix sont en réalité tirés des
psaumes. Le Magnificat est un bouquet de citations bibliques. Et personne
n'était évidemment là pour entendre la conversation de Jésus dans le désert ou
son dialogue avec le diable ! Dans ces textes on ne reconnaît plus le Jésus des
trois évangiles synoptiques, humble, discret, qui ne se prétend pas Dieu ou fils
de Dieu et qui répond quand on l'appelle "bon maître" : "Pourquoi m'appeler bon
maître ? Seul Dieu est bon " (Mc 10, 18 et 18, 18; Mt 19, 16).
Nous le reconnaissons encore moins facilement parfois dans les propos de Paul…
et je ne dirai rien des exégètes, bulles, encycliques, lettres pastorales… qui,
même lorsqu'elles veulent clarifier, élucider, voilent souvent la spontanéité
originale des propos de Jésus.
4. Jésus "christianisé", un homme déifié
La tendance à "christianiser" le langage de Jésus apparaît déjà chez Marc quand
Jésus annonce sa mort et sa résurrection (8, 3; 9, 31; 10, 3). Un tel langage à
connotation théologique prendra une place croissante jusqu'à envahir, plus tard,
l'évangile de Jean.
Or le Christ proprement dit et sa mission relèvent de la foi, tandis que le vêcu
de Jésus de Nazareth dépend de la mémoire des témoins. La foi avec les
interprétations sur des phrases faussement attribuées à Jésus et surtout les
textes des épîtres de Paul, rechignant à admettre l'humanité de Jésus, va perdre
de vue l'homme de Galilée pour revêtir le Christ en majesté, juge des dernier
temps. Et pourtant dans Marc (15, 2), à la question sarcastique de Pilate: "Tu
es le roi des juifs ?", Jésus donne une non-réponse "C'est toi qui le dis"!
Mais, ce qui a conquis le monde, ce n'est pas une religion de plus, une
théologie, une doctrine; c'est la voix impérissable et proche de nos cœurs d'un
être qui a mieux exprimé que quiconque ce qu'il y a en nous de plus
spécifiquement humain. Un être si profondément humain que, malgré les siècles et
la diversité des cultures, nous le reconnaissons encore. Or, de l'homme Jésus,
on a construit le Christ pour être le médiateur entre Dieu et les hommes. Le
premier, Jésus, a un tempérament complexe de routier, de poète, de meneur
d'hommes, de révolutionnaire; le second, le Christ, est un être mythique.
L'emprise de la théologie nous a éloignés de Jésus en le confondant pour
prétendre le glorifier. En divinisant Jésus, le trahit-elle car il n'a rien
affirmé sur lui-même et est resté parfaitement discret sur sa vraie nature ?
5. Parole et foi
Une lecture attentive des différents textes évangéliques nous invite à bien
distinguer ce qui est le compte-rendu des réactions exactes de Jésus (ou la
mémoire de ses paroles) des interprétations et orientations prises ensuite par
ses fans. Il ne s'agit pas ici de critiquer, encore moins de juger ces dernières
car elles reposent sur ce qu'on appelle la foi.
M'est-il cependant permis de préciser ici qu'à une foi définie, codifiée qui
répond aux principes théologiques d'une Eglise et qui peut peser comme un carcan
sur l'esprit, je préfère la "confiance*" qui donne un sens à notre vie: "Ce que
vous demandez dans cos prières vous l'obtiendrez si vous avez confiance" (Mt 21,
22; Mc 11, 24; Jn 13, 24; 15, 7; 15, 16; 16, 23).; "Cherchez et vous trouverez,
demandez et vous recevrez, frappez et l'on vous ouvrira" (Mt 2; Mc 7, 2; Lc
11,9). Car la confiance émane du cœur, émerge de l'amour, procure la paix de
l'âme par un certain détachement à l'égard des biens temporels éphémères. La
confiance est vivante et croît avec le temps. Dans la confiance, ce n'est pas
seulement la "tête", c'est la personne entière qui participe et s'engage.
Les convictions de l'homme Jésus et son message me touchent profondément. Par
contre, la déification de Jésus, sa christianisation -qui est une
interprétation- m'interpellent mais je n'arrive pas à suivre. Parce que j'admire
Jésus, homme accompli et parce que son "Dieu", tellement intérieur, tellement
proche, tellement humaniste, me semble très attachant, je suis invité à être le
disciple du prophète Jésus. Par contre comment pourrai-je accepter d'être un
fidèle docile et souple d'une religion qui ligote. Je ne me sens pas concerné
par tout le fatras, le pointillisme des religions qui déifient le message de
Jésus en l'interprétant (le confisquant ?). Alors faut-il jeter le bébé Jésus
avec l'eau du bain de la religion ? C'est souvent ce qui se passe mais pour ma
part, je ne peux pas. Mais je ne peux pas non plus m'appuyer sur une religion
pour découvrir le Jésus seulement homme que j'admire et qui m'invite à le
suivre… Alors ? Je partage tout à fait la réflexion d'Albert Jacquard : "Est-ce
parce qu'il est Dieu, ou "fils de Dieu consubstantiel au Père", ou simplement un
homme qu'il faudrait prendre au sérieux ou au contraire négliger ce que dit
Jésus ? Je préfère L'écouter, réfléchir à ce qu'il propose et éventuellement y
adhérer. Mais pourquoi me poser des questions sur Sa nature divine, auxquelles
je ne pourrai jamais avoir de réponses rigoureuses ?"
Pascal JACQUOT
* Si vous souhaitez découvrir davantage le style de Jésus, mieux comprendre le
royaume du Dieu de Jésus, avoir confiance et mieux appréhender une conversion,
une renaissance comme Jésus nous y invite, lisez "Jésus en direct" de Jean
Onimus, Edition Desclée de Brouwer
Je ne sais pas si vous avez le don de l'ubiquité mais moi, je dois faire face
chaque jour à des tâches si nombreuses que j'en ai parfois le tournis: préparer,
téléphoner, nettoyer, acheter, conduire, répondre, prévoir, lire… et j'en passe.
Comme vous, j'assume mes obligations quotidiennes, je suis assidu à mon travail,
je m'occupe de… mon corps, mon cœur, mon conjoint, mes enfants, mes parents, mes
collègues, mes amis… Et peut-être que je néglige encore l'essentiel. Alors ?
Alors faut-il récapituler l'abécédaire de la sagesse de notre groupe ?
A - Se poser
Dans le tourbillon de mes activités habituelles, je me pose parfois pour faire
le point, pour y voir plus clair, pour bien repérer l'indispensable du
secondaire, pour accepter le silence qui permet de mieux entendre. Le silence
qui parfois fait peur parce qu'il me parle au coeur. Loin du remue-ménage, des
activités qui bouillonnent. "Se poser" n'est pas spontané et cela m'invite à une
discipline. Pour m'aider à me poser seul, je m'impose de me poser aussi en
groupe.
B - S'accueillir
Je ne suis pas un extra-terrestre mais tout simplement un être humain. Qui a
besoin de manger, de se sentir utile, de faire l'amour, de progresser. Et
d'apprendre à m'accepter tel que je suis, non pas tel que je voudrais être, tel
que je souhaiterais être mais accueillir le moi nu, sans fard, sans chirurgie
esthétique. Or s'accueillir n'est pas facile et demande le cheminement de toute
une vie.
C - S'exprimer
Je n'ai pas la parole aisée. Je parle de moi avec maladresse mais verbaliser ce
que je sais ou sens, traduire avec mes mots ce que je crois vrai, positif me
fait du bien. M'exprimer n'est pas spontané et invite à la modestie et à la
simplicité.
D - Écouter
J'ai tellement à faire que je n'ai guère le temps d'écouter. Déjà de m'écouter.
Alors écouter les autres !!! Pourtant écouter l'autre, un ami qui ose
s'exprimer, qui "plonge", sans grand discours, sans éloquence, maladroitement
peut-être mais qui se dit vraiment; écouter cet ami comme si c'était moi, avec
la même attention, le même respect, le même silence; n'est-ce pas écouter la
parole de la vie, les hésitations et le questionnement d'un autre moi ? Sa
parole m'interpelle et j'apprends à l'accueillir avant de la discuter pour mieux
la ressentir. Comme j'apprends aussi à accueillir la parole des prophètes, celle
de Jésus, celle des sages. Pour mieux l'appréhender et m'en nourrir.
E - Devenir nous
S'écouter, écouter la parole de l'autre, écouter les messages de la vie, écouter
les luttes des hommes qui combattent pour que leur vie soit respectée, écouter
la Parole des grands initiés qui parlent au cœur de tout homme, c'est "devenir
un peu plus nous" ensemble. En nous écoutant mutuellement, en nous comprenant un
peu mieux, en partageant un peu plus nos espoirs et nos échecs, le "je" devient
"soi", l'ermite se mêle au groupe, l'individualiste communie au destin
collectif…
Tout cela est difficile à dire. Et encore plus difficile à vivre. Car les
épreuves, les échecs fissurent l'enthousiasme. Ces échardes nous forcent à
approfondir au lieu de fuir dans l'imagination, nous appellent à dépasser notre
pauvreté pour accepter la réalité… André
Comte-Sponville nous invite néanmoins à la prudence en écrivant : "Tout le
malheur des hommes vient de leur propension à décoller du réel, à s'installer en
imagination ailleurs que là où ils sont".
Ecoute et Partage n'est pas épargné par les divergences de vue mais il apprend à
les écouter. Il les entend et les respecte. S'il accepte chacun avec sa
diversité et sa richesse propre, il sait aussi qu'il ne peut éxister qu'en étant
en lien avec d'autres groupes qui cheminent et recherchent la même ouverture.
Tout en étant fort attaché à son originalité, le groupe choisit donc de "ne pas
s'isoler". Il fait actuellement partie du réseau d'Espérance 54 mais en gardant
sa liberté, il ne s'inscrit nullement dans une démarche visant à faire évoluer
l'Eglise.
Pascal JACQUOT
De
qui ou de quoi parle-t-on quand le nom de Dieu est
prononcé ou invoqué ? Quand on oppose croyants et
incroyants, chrétiens et agnostiques, quand on dresse
catholiques et musulmans ou protestants ?
Il me semble être croyant mais
parfois plus proche d'incroyants que de certains
croyants, plus à l'aise avec des agnostiques humanistes
que des chrétiens dogmatiques, plus frère de musulmans
ouverts que de catholiques intégristes… Et pourquoi ?
Le Dieu que l'on invoque pour
obtenir la pluie pendant la sécheresse, que l'on prie
pour guérir, réussir un examen, à qui l'on allume un
cierge pour réussir son couple me semble le jumeau du
dieu Jupiter ou de la déesse Vénus; le Dieu Tout
puissant qui créa le ciel et la terre, qui envoie les
mauvais à la damnation éternelle, noie ou foudroie de
son sceptre miraculeux ceux qui désobéissent, le Dieu
que l'on représente sur des images tantôt autoritaire,
tantôt bienveillant et qui semble né de textes
bibliques, ce Dieu de beaucoup de catholiques,
orthodoxes ou juifs m'apparaît comme un dieu tout à fait
imaginaire, tout à fait simpliste et caricatural. Le
Dieu auquel je crois est tout autre et il est si
étranger au Dieu de la plupart des croyants que je me
demande parfois si je suis vraiment croyant et si Dieu
existe réellement !
Le Dieu auquel je crois est
absolument impuissant car Dieu est nous … Il n'existe
pas comme je peux l'imaginer, car il n'est ni Père, ni
Mère, car il ne peut s'imaginer. L'homme que je suis,
même sans se sous estimer, avec son esprit, son corps,
son cœur, son intuition, sa sagesse ne peut se Le
représenter puisqu'Il est "Le Tout autre", et que "nul
ne l'a jamais vu" Jn 1 18 et 6.46. Il est aussi
totalement impuissant parce qu'Il est à la fois une peu
de chacun de nous (la parcelle aimante et positive de
chaque homme qui aspire au respect, à la solidarité, à
la fraternité, à l'épanouissement), qu'Il est en nous
avec une totale confiance et constitue le lien, le
réseau, l'évolution de tout ce qui est, vit ou comme
l'écrit Marcel Légaut (Devenir Soi P 153) :
"…ce qui est de nous, ne pourrait
être sans nous, mais qui est plus que de nous…".
Ce père qui se réjouit du retour
de son fils prodigue (Lc 15.11-32), qui ne veut pas
qu'un seul de ses petits se perde (Mt 18.12-14), nourrit
les oiseaux et les fleurs (Mt 6.25-30), se soucie des
passereaux (Mt 10.29-31), s'occupe des méchants comme
des bons (Mt 5 43-45), ce père illustre celui qui nous
appelle à être un peu plus nous-mêmes, c'est ce qui en
nous veut s'épanouir pour mieux correspondre à ce que
sommes appelés à être vraiment… C'est Dieu en nous,
c'est nous en Dieu. Et nous, les hommes d'aujourd'hui
comme ceux d'hier, les hommes pris individuellement
comme les hommes dans leur mouvance en peuple, nous
sommes en devenir…
Quand un homme (une femme)
participe à la vie de la cité ou donne sa vie pour
tenter d'en sauver une autre ; quand il (elle) prend sa
place, toute sa place …
ous avons chacun nos occupations, nos responsabilités, nos
soucis… et nous essayons de les porter au jour le jour, avec courage et sans
trop d’appréhension mais cela nous semble lourd parfois. Il y a la vie
professionnelle à assurer, les enfants à suivre, la maison à entretenir sans
parler du conjoint, de la vie affective, des interpellations socio-politiques ou
spirituelles… et de la santé, la sienne bien sûr mais aussi celle de ses
proches. Coordonner tout cela en sachant écouter, voir, sentir ce qui se passe
autour de soi, près de soi et en soi n’est pas simple. Alors, nous reste-t-il
encore un peu d’espace pour goûter la vie, notre vie ? Et pour apprécier ce qui
est vraiment essentiel pour nous ?
Quel que soit notre âge, l’étape que nous traversons
actuellement semble s’emballer, devenir un peu folle. Le rythme des échéances
s’accélère, les déplacements dévorent le temps. Nous avions prévu ceci ou cela
et nous n’avons pu le réaliser. Nous aurions aimé rencontrer tel ami, visiter
tel parent, réaliser tel aménagement pendant les vacances et c’est loupé, c’est
remis aux calendes de l’espoir. Maintenant, c’est la rentrée et avec la cascade
de nouvelles contraintes, il va falloir jouer serré et s’organiser pour ne pas
se laisser dépassé ! Alors cette rentrée sera-t-elle celle d’un nouveau
départ, celle où nous saurons mieux choisir entre l’essentiel et le
secondaire, l’indispensable et le superflu, l’urgent et le non pressant ?
Oui, avant de commencer à compléter un planning, il est
nécessaire de faire le point. Pour respecter nos besoins fondamentaux, pour
réaliser le travail qui nous fait vivre, nous devons aussi savoir nous arrêter,
pratiquer un sport, rire, méditer… Pour assumer nos responsabilités, nous devons
équilibrer nos exigences… Comment pourrons-nous être efficaces si nous ne sommes
pas vraiment nous-mêmes, si nous ne sommes pas à l’aise dans notre peau ? Il y a
donc des orientations à se donner, des priorités et des limites à s’imposer, des
choix concrets à décider et des engagements à respecter. Sans remettre à plus
tard, sans attendre un demain plus souriant en caressant un espoir qui cache la
réalité du présent. Car rien ne sert de se promettre ou de promettre à d’autres
si l’on ne peut assumer. Et notre participation à un groupe, à une association,
à une action militante est-elle bien fondée ? Correspond-elle bien à un besoin,
à une attente essentiels pour moi ?
Prendre un temps d’arrêt, m’imposer un moment d’écoute,
partager mes doutes autant que mes convictions, apprendre à entendre les appels
sourds de mon corps ou de mon cœur autant que ceux de mon voisin, comprendre les
réponses d’initiés qui donnent un sens à la vie autant que celles de mes amis
qui pataugent dans les méandres de leur fleuve non tranquille ; me laisser
interpeller par ma conscience intérieure et par mes compagnons qui sont
eux-mêmes interpellés ; aimer, chercher à m’aimer d’abord moi-même comme je suis
et pas seulement comme je voudrais être, accepter d’être aimé sans masque avec
mes valeurs et mes fragilités ; me sentir membre à part entière d’un réseau
solidaire tout en restant totalement libre de mes convictions ; être partie
prenante dans un groupe où j’ai ma place, où je suis reconnu, un groupe qui se
cherche sans se replier, sans s’isoler, un groupe qui est en lien avec la vie,
le monde, ses interpellations, ses avancées, ses aberrations … Voilà ce que je
peux découvrir et vivre avec le groupe Ecoute et Partage. Et en cette
rentrée, c’est à moi, à moi seul, de choisir pour dire si c’est important,
essentiel… ou secondaire dans ma vie.
Pour beaucoup de nos contemporains, vivre, c’est déjà subsister, c'est-à-dire
avoir de quoi manger et s’habiller, tenir le coup ou parfois en un mot, ne pas
crever. La plupart de nos anciens considéraient comme superflu ce qui ne
servait pas concrètement à nourrir ou tout ce qui ne semblait pas
indispensable à la vie. Aujourd’hui, même en France pourtant 3ème
pays le plus riche du monde, le droit essentiel à la vie n’est pas accordé à
six millions de pauvres. Sans parler de toutes les pauvretés affectives,
sentimentales, spirituelles. Mais même si nous avons la chance de ne pas avoir
comme première préoccupation le gîte ou le couvert, la vie nous interpelle
cependant car chacun rencontre au cours de sa vie son lot de surprises et de
difficultés.
Nous n’avons choisi ni notre lieu de naissance, ni notre famille, ni notre
milieu. Même notre métier, notre orientation, notre parcours ne sont souvent que
partiellement notre choix. Mais, que nous l’acceptions ou non, c’est avec ce que
nous avons reçu, avec le contexte qui est le nôtre, que nous sommes appelés à être en 2004. A être vraiment nous-mêmes. Or, même comblés par
la sécurité financière, par le confort, beaucoup ne peuvent être satisfaits.
Même si nous avons ce qui peut paraître indispensable pour vivre. Si nous
avons en effet, nous ne sommes pas. Pour
être vraiment,
nous devons cheminer, progresser pour nous réaliser. Et malgré notre bonne
volonté, nous ne serons toujours que partiellement car nous nous
construisons petit à petit.
Nous avons (bénéficié ? d’) une éducation, une formation, des expériences
diverses mais nous sommes invités à être vraiment nous-mêmes. Nous sommes
appelés à oser utiliser notre indépendance, notre liberté, pour être, être un
peu plus, être un peu mieux. Pour révéler et développer notre être
comme le révélateur développe une photo en laissant apparaître le profil réel
d’un personnage ! Chacun de nous est l’artisan de son propre développement.
Notre époque offre des exemples d’ouverture, parfois de témérité,
particulièrement riches qui appellent à l’optimisme et à la confiance. En nous
libérant d’un conditionnement insidieux, de contraintes bourgeoises ou de tabous
religieux, nous sommes conviés à d’abord nous respecter pour être un peu
plus, un peu mieux nous-mêmes.
Et nous sommes particulièrement heureux quand tombent les masques ou
l’hypocrisie qui cachent la souffrance ou dissimulent la vérité. Nous sommes
très touchés quand certains osent dire –parfois publiquement à la télé par
exemple- leur parcours difficile. La mère célibataire qui arbore son ventre en
chantant « j’ai fait un bébé toute seule » alors que les parents de bonne
famille cachaient autrefois leur fille-mère dans un couvent. L’homo qui
manifeste ouvertement délicatesse et amour profond et sincère pour un alter ego
alors qu’il se sentait totalement exclu de la société. Le marié qui constate
s’être trompé et s’engage loyalement dans une nouvelle relation. Le religieux
qui ne se refuse plus un amour équilibrant pour respecter un célibat qui devait
lui donner une disponibilité supplémentaire. L’adulte né sous x qui recherche
ses origines. L’orphelin isolé qui rencontre ses frères et sœurs dispersés. Le
déprimé qui refuse de s’isoler et cherche à partager ses projets. L’alcoolique
qui fréquente un groupe d’alcooliques anonymes…
Si certains prétendent aujourd’hui réhabiliter les vraies valeurs avec les
méthodes intégristes qui poursuivent « l’axe du mal », il y a 2000 ans, un
prophète n’hésita pas à affronter le politique, le social et surtout le
religieux en invitant sans violence ses amis à s’affranchir de toutes les
entraves pour trouver leur épanouissement :
« Va, je t’aime, désormais aime-toi aussi car personne ne te condamne »» dit-il
à une femme soupçonnée d’adultère Jean 8. 3-11
Il est vrai que sa générosité, sa témérité humaine lui ont valu une condamnation
réservée aux voyous. Il invitait pourtant tout simplement à « être ». Et
il nous invite aujourd’hui encore à être. Tout simplement être
pour que nous soyons ses témoins. A chacun de nous d’apprendre à oser être
et c’est ce que, petit à petit, les membres d’Ecoute et Partage essaient
concrètement.
Qui pense vraiment que « la vie est un long fleuve
tranquille » ? Et qui en réalité ne vit ses choix, ses épreuves, ses
orientations sans interpellations, sans souffrance ? Pourtant, même si nous nous
trompons parfois, même si nous prenons de mauvais chemins, l’essentiel n’est-il
pas qu’à travers nos choix, nos épreuves, nos orientations nous soyons toujours
habités par une recherche d’équilibre, un désir de sagesse et même une soif
d’absolu ?
Le philosophe Graf Durckheim disait : « Nous devons arrêter
de chercher Dieu. Ce qu’il faut, c’est nous laisser trouver par Lui ». En effet
dans notre vie, n’est-ce pas Lui qui nous cherche sans relâche ? N’est-ce pas
Lui qui, à travers une dépression, a transformé notre paysage intérieur ?
N’est-ce pas Lui qui, au milieu de notre vie professionnelle ou sentimentale,
nous incite à trouver une vie un peu moins artificielle ? Lui qui, de jour en
jour davantage, se révèle à nous ? C’est au cœur qu’Il nous parle, pour peu que
nous consentions à faire en nous un peu de silence pour l’entendre.
Il ne sert à rien de vouloir transformer le monde si je ne
me transforme pas moi-même. Ou plutôt si je ne me laisse pas transformer. Et
cela, c’est le travail de toute ma vie. Comme beaucoup, je voudrais trouver le
contact avec mon être essentiel. Mais il ne faut pas chercher. Il faut seulement
se laisser trouver. Toute la vie spirituelle est là. Car l’Etre ne fait rien
d’autre que nous chercher. Se laisser trouver, cela veut dire : laisser le Divin
s’exprimer en nous, à travers nous, s’ouvrir pour qu’Il vienne. Ou pour ceux qui
ne croient pas au Divin, « prendre le temps d’écouter la dimension de moi qui
est reliée au divin qui est en moi » comme dit Jacques Salomé.
Ce Divin, celui que nous appelons par commodité Dieu, nous
pourrions refuser de le nommer, sans doute parce que le nommer, c’est déjà le
réduire, lui donner des limites. Mais essayer d’être un peu plus serein, devenir
un lutteur pour renverser les idoles, chasser les marchands du temple, démasquer
les sottises ou les hypocrisies, c’est Lui donner sa place, reconnaître
simplement qu’Il compte pour nous, que nous Lui donnions d’ailleurs le nom de
Yaweh, de Jésus, d’Allah ou du Boudha…Même si nous ne partageons pas ses
attributs d’éternité, de créateur, de toute puissance, de divinité mais
simplement que nous essayons de construire concrètement la communauté humaine
qu’Il désire… Car Il habite en nous. Si nous le voulons, nous pouvons avoir un
lien direct avec Lui à chaque instant de notre vie. Sans même avoir besoin du
moindre intermédiaire. « Il est vrai –dit Oria, une femme de lumière comme
l’appelle l’écrivain Jean Pierre Cartier,- que, dans notre inconscient, Il nous
a trouvés de toute éternité. L’important pour transfigurer ce monde et
nous-mêmes, c’est d’être conscient de ce lien d’amour, et de le vivre dans
toutes les circonstances de la vie ».
Alors pourquoi sommes-nous sur cette terre ? Pour prendre
le métro, aller travailler et rentrer le soir ? Pour avoir une belle maison, une
belle voiture, un bon conjoint … et nous créer de nouveaux besoins superflus que
nous cherchons à satisfaire ?… Ou pour apprendre à être libres, libres de
trouver pourquoi nous avons été placés sur cette terre, libres de savoir ce que
nous avons à faire parce que ce que nous avons à faire chacun est unique ? Oui
libres. Alors n’hésitons pas, osons. Osons briser les fausses morales qu’on nous
a inculquées, les fausses priorités que nous nous sommes créées. Et vivons. Sans
attendre. Totalement présents au présent. Car « ne vous inquiétez pas pour votre
vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie
n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. Regardez
les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent et votre Père Céleste les
nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » Mt 6 25-34
Dans deux livrets d'une trentaine
de pages chacun, je précise comment j'ai découvert la
thérapeutique du jeûne, pourquoi je l'ai expérimentée et
quelles bienfaits, quelles réserves je peux exprimer sur
cette méthode qui, bien qu'ancestrale, prend
actuellement enfin un essor bien justifié.
Pour en savoir plus, lisez les
documents ci-dessous.
Le
combat des Ecologistes a perdu sa clandestinitépour occuper la une des journaux. Les
nombreux candidats verts, dans les grandes villes de
France, lors des élections municipales, ont pesé dans le
résultat final et leurs électeurs furent sollicités
partis de droite ou de gauche, à grand renfort de
promesses : tous les leaders ont fait étalage d’arbres
verts et ont chanté les joies et les vertus de la
Nature ! Tous se disent désintéressés mais tous aussi ne
s’occupent de nous que lorsaue nous leur sommes utiles
par les urnes !
Maisnous n’avons oublié ni leurs accusations d’ « irresponsables », ni leur mépris avec des
qualificatifs de "chevelus" ou "farfelus", ni les coups
de matraque pour écraser nos revendications.
Giscard d’Estaing peut limiter la hauteur des tours,
Chirac planter des arbres, d’Ornano embaucher Philippe
Saint Marc, Mitterand, Marchais promettre plus de
bonheur, aucun ne rejette le programme nucléaire ; aucun
ne demande seulement un moratoire sur ce programme …
Seuls nos luttes permanentes et courageuses peuvent
les amener à réviser leurs positions.
Ne nous laissons donc pas endormir par des récupérateurs
de tous bords qui ne font souvent que jeter de la poudre
aux yeux, peindre en vert la devanture de notre Société,
placer un emplâtre sur une jambe de bois. Malgré leur
vocabulaire écologiste, beaucoup demeurent partisans
d’un type de société construit autour de l’argent et
ayant pour moteur le profit. S’ils édifient des
résidences verdoyantes mais négligent l’insonorisation
des habitations ouvrières, s’ils donnent toute leur
place à des automobiles toujours plus imposantes mais
refusent la mise en œuvre d’équipements sociaux, c’est
toujours pour gagner plus d’argent.
C’est seulement dans une société bâtie autour de
l’homme et pour son bonheur individuel et collectif
que les écologistes pourront œuvrer avec efficacité. Et
renouvelons nos aspirations :
·Vivre mieux en consommant mieux mais
moins ;
·Travailler moins en produisant des choses
plus durables et plus utiles à tous ;
·Faire bien un travail qu’on aime au lieu
de se faire bien payer un travail qu’on déteste ;
·Ne pas accepter des destructions
irrémédiables pour des avantages éphémères ;
·Refuser l’alternative entre chômage et
boulot qui rend idiot ;
·Refuser l’embrigadement et rechercher
l’association volontaire ; être autonome.
L’année qui vient revêt une importance toute
particulière pour diffuser nos conceptions. A nous de la
préparer calmement, avec détermination
Merci pour cet article. Je pense que tu touches du doigt ce que nous devrions comprendre depuis longtemps et que nous avons encore du mal à intégrer.
Ce que le coronavirus nous propose, c’est la preuve que le confinement de quelques jours suffisent pour dépolluer suffisamment l’atmosphère pour que les oiseaux et les insectes puissent réapparaître, pour que Venise retrouve de l’eau claire et les bans de poisson qui vont avec, que l’air de Paris soit à nouveau respirable…
La nature fait des miracles, ne l’empêchons pas…
Bernard