Foi et pluralité –

Toutes les spiritualités ou religions qui valorisent simultanément les droits de l’homme et les droits de la nature sont certainement respectables … La diversité des intuitions sincères, des analyses honnêtes, si elles manifestent automatiquement des divergences, sont pourtant toujours une richesse qui invite à un approfondissement et à une meilleure écoute de soi et de l’autre !

Quelles que soient les valeurs d’une tradition, elles s’expliquent surtout par la culture qui la porte. Elles ont de toute façon leurs limites et elles supposent automatiquement des adaptations avec le temps et les milieux. Les organisations s’éloignent de leurs sources premières en se coulant avec les siècles dans des dogmes et elles doivent donc constamment s’adapter à leur époque. Les attitudes machistes, les pratiques liturgiques figées et les prescriptions morales asservissantes prouvent qu’elles ne répondent plus vraiment aux hommes et aux femmes de la modernité présente, habitués à l’esprit critique et soucieux d’autonomie personnelle. Une démarche de réinterprétation et de réactualisation s’impose donc pour vivre sa foi avec bonheur dans la liberté …

Couchant – Levant

J’ai une admiration toute particulière pour les sages, prophètes, poètes-philosophes qui ont essayé au cours des siècles d’exprimer ce qu’ils devinaient, éprouvaient, pensaient. Ils ont précisé du mieux qu’ils ont pu leurs découvertes ou espoirs en répondant aux questions fondamentales de la vie que l’homme se pose naturellement. Avec les moyens très limités dont ils disposaient car il n’y avait alors ni télévision, ni téléphone … mais uniquement bouche à oreille, papyrus ou autre support graphique ! Et leurs explications parfois d’apparence simpliste revêtent pourtant une grande profondeur et offrent des hypothèses imagées et précieuses.

Pour n’évoquer parmi les sagesses occidentales que les spiritualités chrétiennes, je ne relèverai que quelques préceptes qui se sont imposés au cours des siècles et qu’il me semble difficile de partager intégralement aujourd’hui. La “foi du charbonnier” peut-elle alors se permettre d’interpeller les choix de spécialistes théologiens ? Par exemples.

« Dieu en 3 personnes » ? Une définition laborieuse et bien partielle ; Dieu ne peut être une personne mais il est « présence » et peut aussi bien être une source, un fleuve, un océan … ou une lampe, un feu, un incendie … mais qu’aucune de ces images ne lui correspond totalement !

Jésus, « Dieu, seconde personne de la Trinité » ? S’il est homme à part entière avec toute les merveilles et limites de la condition, il ne peut être Dieu et il a une mère et un père humains comme tous les hommes … Son message, ses paroles transmis par des témoins, les évangiles et les Églises manifestent la dignité, le courage de cet homme, traduisent son propre cheminement et couronnent aussi sa propre intuition. Sa « résurrection » avec l’apparence du tombeau vide ouvre l’espoir d’une vie qui se prolonge après la mort … Et, comme certains personnages particulièrement fantastiques sont devenus dieu de l’amour, dieu de la guerre ou dieu de la fécondité, ses fidèles l’ont valorisé aussi en « fils de Dieu ». Puis, le symbole du pain qui nourrit est devenu son corps, le symbole du vin qui abreuve est devenu son sang …

Si ces interprétations et ces images -bien partielles et limitées- aident pourtant à soulever une confiance, à créer un intérêt, à partager une dynamique, pourquoi pas ! Mais, on a beau les entourer de mot flatteur, « résurrection », ou de mot savant, « transsubstantiation », on ne peut pourtant convaincre en dogmatisant …  

Les religions instituées, qui se considèrent chacune comme la seule voie par excellence, ne permettent pas en réalité à la diversité des humains occidentaux de vivre pacifiquement les uns avec les autres. Seul, le pluralisme religieux ouvre une possibilité de véritable communion entre les humains. Seule, une approche ouverte et diverse de la religion favorise l’expérience intérieure de l’individu. Seul, le débat et la stimulation permanente peuvent aider les bonnes-volontés à s’approfondir, à s’affiner spirituellement et à se rejoindre dans un essentiel expérimenté intérieurement. Chaque voie singulière a une valeur originale dans l’approche du mystère de l’homme et donc aussi … de Dieu.

Jean Sullivan exprime délicatement cette même conviction :

« Si chacun osait dire sa petite vérité de sa propre voix, alors beaucoup entendraient la voix qui sommeille en leur cœur, la même et différente ».

Et Marie-Christine Bernard ajoute :

« Être convaincu de ne pas posséder la vérité, c’est la condition pour être en vérité, pour être tout simplement en vérité. »

Pascal JACQUOT

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