« Le monde change, la rapidité de l’évolution actuelle me fait peur, la vie n’est qu’une étape … » me confient des amis. Les modifications climatiques que nous constatons et subissons en sont en effet des preuves. Mais, plus sournoises et plus graves, les mutations du vivant, de nos gênes après avoir été longtemps contrôlées, sont de plus en plus présentées comme des progrès et proposées concrètement lors de fécondations ou dans des soins … Que faut-il en penser ? Devons-nous accepter cette évolution, réagir ? Les lignes de quelques auteurs qui suivent peuvent-elles nous aider à prendre nos responsabilités ? Pascal JACQUOT
Pierre-Jean-Georges Cabanis :
« Il est possible par un plan de vie combiné sagement et suivi avec constance (…) d’améliorer la nature particulière de chaque individu. Mais si l’on peut utilement modifier chaque tempérament, pris à part, on peut influer d’une manière bien plus étendue, bien plus profonde, sur l’espèce même, en agissant d’après un système uniforme et sans interruption, sur les générations successives (…). L’hygiène doit oser beaucoup plus ; elle doit considérer l’espèce comme un individu dont l’éducation physique lui est confiée, et que la durée indéfinie de son existence permet de rapprocher sans cesse, de plus en plus, d’un type parfait, dont son état primitif ne donnait même pas l’idée : il faut, en un mot, que l’hygiène aspire à perfectionner la nature humaine générale
Après nous être occupés si curieusement des moyens de rendre plus belles et meilleures les races des animaux ou des plantes utiles et agréables, après avoir remanié cent fois celles des chevaux et des chiens ; après avoir transplanté, greffé, travaillé de toutes les manières les fruits et les fleurs, combien n’est-il pas honteux de négliger totalement la race de l’homme ! Comme si elle nous touchait de moins près ! Comme s’il était plus essentiel d’avoir des bœufs grands et forts, que des hommes vigoureux et sains ; des pêches bien odorantes, ou des tulipes bien tachetées, que des citoyens sages et bons. »[2].
Michel Malherbe et Jean-Marie Pousseur :
« Il est temps de suivre un système de vues plus dignes d’une époque de régénération ; il est temps d’oser faire sur nous-mêmes ce que nous avons fait si heureusement sur plusieurs de nos compagnons d’existence, d’oser revoir et corriger l’œuvre de la nature. Entreprise hardie ! Qui mérite véritablement tous nos soins, et que la nature semble nous avoir recommandée particulièrement elle-même »[3].
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[1] L’eugénisme est l’attitude philosophique ou la théorie qui préconise une amélioration du patrimoine génétique de certaines populations humaines par la sélection, par l’interruption de la grossesse, par l’interdiction de la reproduction des individus considérés comme inférieurs ou même par élimination.
[2] P.J.G. Cabanis, « Rapports du physique et du moral de l’homme » 1867 Tome I
[3] M. Malherbe et J.M. Pousseur, « Novum Organum », Livre I, 1985