Par Jean-Michel Bordes –
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Pendant les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, comme tous les gens de ma génération, j’ai vécu dans le souvenir entretenu par mes grands-parents du premier conflit et dans la découverte progressive des horreurs commises par les nazis. Je prenais conscience des destructions immenses, de la mort des combattants et des civils, des camps de concentration, du martyr subi par les juifs et autres réprouvés. J’appréhendais la barbarie de ceux qui avaient entraîné leur peuple dans tous ces errements et j’étais sidéré que des hommes d’une nation pétrie de culture aient eu des comportements aussi inhumains. . La Shoah. L’impensable s’était produit au XXe siècle. Aussi, les événements du 7 octobre dernier nous ont replongés dans l’inimaginable. Impossible de ne pas être du côté des Israéliens meurtris ; impossible de rester indifférent au sort des Gazaouis tués en grand nombre lors des attaques sur la bande de Gaza. Quel équilibre tenir ? Défendre le droit des Israéliens à disposer d’un État, mais déplorer les exactions commises en Cisjordanie par certains colons extrémistes, qui utilisent des méthodes indignes à l’égard des Palestiniens et qui rappellent, hélas, par certains aspects, des méthodes employées envers les juifs eux-mêmes lors des périodes les plus sinistres de l’Histoire. . Alors, que faire ? Compatir à l’égard des Gazaouis est légitime, et pourtant la démarche peut susciter tant d’ambiguïté. Aider le peuple meurtri, mais comment se positionner à l’égard du Hamas qui, comme bon nombre de mouvements extrémistes, veut notre perte ? Les temps sont durs, et nous sommes déboussolés ! . J-M B Extrait de Réforme ; 2024 04 29 |