Ils revenaient dans leur pays pour fêter Pâques en famille. Ils étaient treize dans un minibus. Douze sont morts sur le coup. Un seul survit, le chauffeur âgé de 19 ans …
C’étaient des émigrés, des exilés, des portugais qui travaillaient en Suisse. Le véhicule était non pas un minibus équipé mais une camionnette avec quelques sièges seulement. Le jeune conducteur n’avait pas le permis de conduire indispensable pour transport en commun.
Ce drame de la route est passé rapidement dans les informations comme un fait divers au lendemain des terribles évènements de Bruxelles. Et pourtant, en ce vendredi de la semaine sainte 2016, les 12 sont morts et le 13ème voit sa vie totalement brisée ! Mais, justification ou consolation, la fatalité écrase … et la résignation s’impose …
Pour survivre, ces portugais s’étaient expatriés et avaient trouvé en Suisse de petits boulots aux maigres rémunérations. Ils voyageaient sans confort comme des pauvres. Ils sont donc indirectement des victimes de la crise économique actuelle que l’on appelle « mondialisation ».
Peut-on alors s’indigner sans hypocrisie en partageant la détresse des familles ? Ces morts accidentelles que l’on déplore symbolisent en réalité bien d’autres victimes qui, de par le monde, sont confrontés aux problèmes de l’emploi, des mutations spéculatives, des dérèglements climatiques. Faudrait-il que ces victimes utilisent des armes, commettent des attentats, deviennent des « terroristes » pour être mieux comprises et entendues ? Les millions de chômeurs qui ne demandent qu’à travailler pour vivre ne sont-ils pas suffisamment courageux pour être dignement considérés ?
Notre société occidentale, nos pays démocratiques doivent réagir avant qu’il ne soit trop tard. Les décisions économiques de la mondialisation considèrent-elles vraiment le respect des êtres humains comme une valeur prioritaire ? On peut se poser la question mais cela ne suffit certainement pas. Car nous avons, chacun à notre place, un rôle à jouer pour ne pas être indifférents et inviter nos responsables à en tenir compte. Par les choix de notre vie, par nos mots ou notre silence critique et peut-être aussi par notre vote …
Pascal JACQUOT