par Michel FORTIN –
Si Dieu est Dieu, il n’est rien de ce que nous mettons en ce mot.
Si Dieu est Dieu, il n’est pas ‘notre’ Dieu, celui de nos représentations.
Le Dieu de nos représentations est un Dieu ‘bien situé’, ‘bien caché’, ‘bien défini’.
Mais Lui, par définition, est infini.
Au fond, bien souvent, nous pensons que Dieu, c’est le nôtre, le Dieu que nous nous sommes forgés, à partir de ce que l’on nous a dit de Lui, celui dont nous avons besoin ou celui que nous rejetons, selon que nous nous disons croyant ou athée.
Mais Dieu, s’il existe, n’est rien de ce que nous pouvons imaginer, que nous soyons croyant ou athée. Nous partageons tous la même ignorance.
Si bien que l’existence de Dieu ou sa non existence, n’est pas notre question puisque nous ne pouvons rien savoir de Lui.
En revanche ce qui est sûr, c’est qu’il y a du ‘DIEU’
Dans l’univers,
Dans l’histoire humaine
Et en chacun de nous, en notre intériorité profonde.
Alors s’ouvre pour chacun une tâche énorme.
Et dire que ‘Jésus est Dieu’, ça n’a pas de sens puisqu’on ne sait pas qui est Dieu.
Que l’on dise de lui, à la suite de Marcel Légaut : ‘Jésus est de Dieu’, soit.
C’est reconnaître que Jésus avait découvert au tréfonds de lui une Force et un Amour qui le dépassaient et l’interrogeaient. Mais comment peut-on aller plus loin ?
Si je dis, que ‘Jésus est Dieu’, n’est-ce pas parce que j’ai besoin, à la suite de beaucoup dans l’histoire, que Dieu, cet Inconnaissable, ce ‘Tout Autre’, soit là tout près de moi.
Avoir enfin un ‘homme-Dieu’, un Dieu faisant partie de mon espèce. Quand je divinise la personne de Jésus, ne devient-il pas le Dieu à la hauteur de mes pensées, une réponse à mes désirs. N’est-ce pas une démarche sécuritaire et narcissique ?
Sans doute, tout cela me rassure, mais est-ce sérieux, honnête, quand Jésus, si nous ‘écoutons bien dans l’Évangile, ne cesse de nous dire et de nous répéter sur tous les tons, que le Mystère est en chacun de nous :
« Le royaume de Dieu est au-dedans de vous ».
Luc XVII,21