Certitude illusoire

Parce que j’aimais mes parents et aussi parce qu’enfant, je faisais confiance à mes éducateurs, j’ai longtemps eu de nombreuses certitudes. Aujourd’hui, je n’en ai plus guère qu’une seule, une seule bien étriquée, c’est que je mourrai ! Et cette certitude, que je préfère regarder en face pour éviter la détresse, implique pourtant une conséquence : je vis encore et suis un « grain de sable » unique dans l’univers. Appelé que je suis à être le mieux intégré et le plus harmonieux possible avec tous ceux qui m’entourent dans le cadre qui m’est offert …

Je peux ajouter cependant que je partage la conviction du Président François Mitterrand qui, dans notre pays laïc, lors de ses derniers vœux, a pu déclarer à tous les Français « Je crois aux forces de l’Esprit ». Si je pense en effet que nous pouvons garder un lien ténu avec tous ceux qui nous ont précédés ou qui comptent beaucoup pour nous, je me demande souvent si eux-mêmes ont encore un échange avec nous ou ont une quelconque conscience de ce que nous vivons ou devenons …

Pour moi et pour bien d’autres, Dieu n’est pas le Tout puissant que l’on se représente souvent mais il est en réalité bien plus riche dans son impuissance. Il ne peut en effet nous confier réellement tout son Amour sans nous faire entière confiance et sans abdiquer automatiquement sa propre puissance ! Car Il n’est que l’Amour qu’il nous a donné. Et qu’il nous invite à vivre, à partager avec nos compatriotes de croisière sur cette terre dont chaque élément comme chaque être peut être un joyau !

Pourtant, bien que de culture chrétienne et, parce que je suis occidental, interpellé par le message de Jésus, je ne peux croire que celui-ci est lui-même Dieu. Quels que soient ses intuitions, ses charismes, il est et reste un homme. Un prophète, un être évolué, un thaumaturge exceptionnel, oui, mais quand même un homme avec ses talents et ses fragilités, un homme intègre, courageux comme nous sommes tous appelés à le désirer. Pourquoi les chrétiens des premiers siècles de l’Eglise ont-ils alors préféré le déifier ? Parce qu’à l’époque, les personnages importants étaient déifiés après leur mort et parfois même de leur vivant. Peut-être aussi –y compris de manière inconsciente- pour pouvoir, plus facilement,  négliger l’essentiel, oublier le fondamental et même quelquefois trahir son message non  sectaire d’accueil, d’entraide, d’amour, de refus des préjugés et des idolâtries … A chacun de nous et à nous tous ensemble d’essayer pourtant de vivre ce message en traduisant simplement dans nos comportements, dans nos choix, dans nos actes la  construction d’un monde plus juste, plus respectueux, plus chaleureux …

Aussi, je me sens souvent plus proche des travailleurs humbles et discrets que de certains pasteurs prétentieux et parfois hypocrites avec leur « chapeau pointu » ; et plus proche aussi des sagesses orientales  ou même des attitudes chamaniques primaires mais sincères que des fanatismes religieux davantage attachés à la lettre qu’à l’esprit de la Bible, du Coran ou des Sûtras.

Pascal  JACQUOT

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