qui souhaitent dépasser les dogmes et morales étriquées des religions …
Beaucoup de nos contemporains, chrétiens ou non, sont en quête de valeurs profondes et ils sont désireux, à l’aide de leur conscience, de leur raison et des résultats des sciences de penser le monde et le mystère de l’homme d’aujourd’hui. Débarrassés du fatras des dogmes, de l’organisation cléricale et de la morale soi-disant chrétienne, de nombreux baptisés mais aussi des agnostiques découvrent un nouveau portrait de l’homme Jésus de Nazareth, dépouillé des titres pompeux dont on l’a affublé et de son statut d’homme divin qu’on lui a conféré solennellement et définitivement dans les conciles.
Jésus redevient alors ce qu’il était en son temps : le croyant laïc, ni prêtre, ni théologien patenté, qui se lève pour dénoncer les perversions religieuses de son époque, le ritualisme et le légalisme ; le maitre d’humanité qui a consacré sa vie à redonner confiance et dignité aux marginalisés, à rejoindre et accompagner les rejetés, les découragés, aux accablés par toute sortes de souffrances et de handicaps ; l’homme universel qui ne fait pas de distinction entre les humains, tous égaux à ses yeux, tous objets de respect et d’amour, tous conviés à vivre en frères ; l’homme de Dieu pour qui, non seulement les deux commandements sont égaux -l’amour désintéressé du prochain et l’amour de Dieu invisible- mais pour qui l’amour véritable de son prochain est le critère déterminant de l’amour de Dieu et le vrai « culte » en esprit et vérité …
En remplaçant le terme de religion par celui de la « Voie », les chercheurs de Sens proposent de délaisser le Dieu figé et invraisemblable du christianisme traditionnel : un Dieu qui aurait créé le monde et tout ce qui existe, et en dernier lieu l’homme ; un Dieu qui conduirait en sous-main l’histoire humaine et les destins individuels, qui rétribuerait le bien et punirait le mal ; qui pourrait, grâce à sa puissance, opérer des miracles dans l’univers et dans la vie des individus ; un Dieu qui aurait parlé pour se faire connaitre et pour révéler aux hommes comment se comporter en humains ! Ils se tournent alors vers « la Source ultime de la Réalité comme la plus profonde du Cosmos, comme le Cœur qui le fait battre, comme l’Esprit et l’Âme qui le maintiennent vivant, comme l’Énergie « amoureuse » qui le génère et le supporte ; comme l’Attraction qui remplit tout, qui entraine tout, qui relie tout afin d’élaborer l’immense architecture cosmique toujours en marche vers plus de complexité[1] … » Dans cette démarche, Jésus, par l’esprit qui l’a animé, est initiateur de la « Voie ».
Finie alors l’identification de la Source avec des doctrines dogmatiques traditionnelles qu’il faut apprendre ; finie sa confusion avec les mises en scène des liturgies religieuses éthérées, présidées par des prêtres et les pontifes en tenue d’apparat auxquelles assistent passivement des croyants dociles ; finies les prétentions de leur part de régenter la pensée et les conduites du monde sécularisé …
Une attitude de lucidité et de création exigeante, mais enthousiasmante et sans a priori, invite ainsi toutes les bonnes volontés, chercheuses de Sens, à trouver une manière moderne et neuve d’être « croyants » au 21ème siècle ! Que toutes – et pas seulement les chrétiennes – se manifestent, se retrouvent, se rassemblent pour échanger ce qu’ils croient et pour vivre ce qui les anime profondément. Des groupes divers et riches de leur spontanéité peuvent alors continuer à ouvrir de nouveaux et réels espoirs d’écoute, de fraternité et de partage …
Pascal JACQUOT
[1] Bruno Mori