2019 04 / 2022 04
Émerveillement et réalité ! 2020 04
Devant un coucher de soleil où les nuances de lumières et de couleurs se mélangent dans les nuages à l’horizon, je suis souvent béat d’admiration. Du haut d’une montagne où le panorama environnant rassemble des monts majestueux avec des glaces blanches et des vallées vertes et vivantes avec des filets d’eau bleue qui courent, je suis invité à la méditation …
Les merveilles qui s’offrent à notre vue, les images admirables qui nous sont transmises par les satellites, les découvertes qui permettent de mieux comprendre l’univers, ouvrent notre espace sur l’infiniment grand, l’infiniment prodigieux, l’infiniment petit aussi. Conscient de subir ces infinis mais heureux de pouvoir les partager en les maitrisant un peu, en les dominant parfois, l’homme conserve-t-il cependant l’humilité indispensable de ses limites et de ses grandes ignorances ?
La nature sait s’adapter et corriger un peu les erreurs pour surmonter les épreuves. Elle le fait certainement d’autant plus spontanément et rapidement que l’homme ne dresse pas des obstacles inutiles ou maladroits ! Les déforestations, les barrages gigantesques, les transports inconsidérés, les exploitations minières, les pollutions diverses et mal contrôlées bouleversent notre climat … Mais certaines pratiques médicales controversées ne génèrent-elles pas également des risques lourds ?… Si la science fait des progrès, elle doit cependant laisser à chaque individu la liberté et le choix de ses décisions personnelles. Le souci du plus grand nombre, la responsabilité des chefs peuvent-ils justifier des contraintes ? Oui bien sûr quand celles-ci permettent une amélioration qui ne trompe pas ou ne dégrade en rien la vie. Rien de fondamentalement gênant par exemple d’imposer des mesures d’hygiène ou de sécurité, des règles de conduite …
Mais créer une obligation qui contraint un objecteur à accepter malgré lui une injection de bactéries dans son propre corps, n’est-ce pas usurper l’intégrité et le respect d’autrui ? Pour se protéger de porteurs de virus, peut-on imposer automatiquement un traitement ? Il faudrait d’abord que l’efficacité de ce traitement soit totalement et unanimement reconnu. Il faut aussi de toute façon que le patient le souhaite car si la médication imposée protège réellement les bénéficiaires, que peuvent craindre en réalité pour eux-mêmes ces derniers de la part d’un récalcitrant ?
L’épidémie du coronavirus soulève des questions fondamentales qu’il ne faut pas éclipser. Pourquoi une maladie aussi grave, aussi contagieuse s’est-elle manifestée ? N’y-a-t-il pas d’autres interrogations plus importantes que l’attente d’un nouveau vaccin ? Quand on respecte la vie et que l’on s’émerveille réellement devant elle, l’avenir ne doit de toute façon pas faire peur !
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Écoute à Cœur Ouvert ; 2020 03
Quand j’écoute un interlocuteur, j’essaie de comprendre ce qu’il souhaite exprimer et cette attention qui mobilise toute ma concentration, ne m’autorise pas à soulever automatiquement un autre point de vue sur le champ.
Quand je partage ce qui me tient à cœur, j’utilise des mots qui traduisent peut-être maladroitement ma pensée et j’apprécie les questions qui me sont adressées pour essayer de la formuler autrement et peut-être plus clairement …
C’est pourquoi Écoute et Partage invite à un silence après l’intervention d’un ami dans un groupe de réflexion. Pour permettre à l’émetteur d’accepter les limites de son point de vue et au récepteur à la fois de bien comprendre l’argument présenté et de proposer éventuellement à son tour un argument personnel sur un autre thème.
Pour illustrer cette démarche ECO (Écoute à Cœur Ouvert) d’Écoute et Partage, voici un exemple :
Dans un groupe un participant essaie de relativiser la culpabilité d’une maman dont l’enfant (jeune adulte) s’est suicidé. Pour préciser son point de vue, il signale qu’aucune éducation n’est parfaite, que, même avec la meilleure bonne volonté et le plus grand amour, la maman a eu aussi le droit de se tromper. Et qu’un enfant, devenu majeur et adulte doit progressivement apprendre à relativiser les situations vécues pour se prendre en charge, à accepter les adversités pour les surmonter, à solliciter de l’aide pour être accompagné …
L’intervenant ne nie pas la responsabilité éventuelle des adultes, du milieu éducatif ou social du jeune désemparé mais il souhaite seulement la relativiser ! Après son expression un silence permet de bien sentir ce partage des rôles et des responsabilités de chacun. Et aucun débat n’est engagé car si le thème du suicide n’est pas l’objet de la rencontre du jour, il pourra être choisi et retenu une prochaine fois.
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Sens du mystère ! 2020 02
Quand l’homme assure ses besoins essentiels de survie, le vivre, l’abri, la sécurité, il cherche aussi à satisfaire son sentiment de l’interconnexion à tout ce qui existe. Son sens du Mystère et son admiration envers ce qui le dépasse l’invitent souvent à solliciter les forces qu’il ne maitrise pas ou à se lier avec elles …
Qu’au fil du temps il ait imaginé des dieux ou un Dieu pour se protéger ou solliciter de l’aide ne surprend pas, qu’il ait installé des religions pour essayer de répondre de son mieux à ses appels de transcendance s’explique facilement. Encore faut-il que les institutions établies évoluent pour s’accorder avec les découvertes réalisées successives …
On a longtemps cru par exemple que la femme accueillait le sperme de l’homme comme la terre qui permet de développer la semence. Sans apporter sa part spécifique de co-créatrice avec un ovule ! * Il suffisait dans ce cas que le « Ciel couvre » une femme pour qu’elle engendre un être divin. Aussi, pour assimiler la science, l’Église catholique a-t-elle déclaré seulement au 19ème siècle que la mère de Jésus, était elle-même née sans péché, ou de « conception immaculée », pour pouvoir ainsi donner naissance à un enfant considéré comme Dieu !
Aujourd’hui, de nombreuses vérités de foi ne semblent plus crédibles. Que signifient en effet pour beaucoup ces expressions « Créateur du ciel et de la terre », « Conçu du Saint-Esprit », « Homme à l’image et à la ressemblance de Dieu », « Christ consolateur de nos misères et mort pour moi », « La résurrection de la chair » … Alors que seulement 7 % de la population mondiale, mais déjà 50 % des Européens s’appuient sur des analyses scientifiques reconnues, les religions traditionnelles ne peuvent que ou disparaître progressivement, ou se transformer profondément pour répondre simplement aux questions essentielles que l’homme se pose** .
A chacun donc de cheminer en apprenant à écouter vraiment et en travaillant le plus possible avec d’autres … En refusant de toute façon l’hypocrisie qui est certainement pire que l’erreur !
* Il a fallu plusieurs siècles avant que la science occidentale ne confirme l’existence d’ovules contenant les gênes de la femme. Cette découverte une fois confirmée, toutes les histoires de naissance virginale ont cessé d’être des possibilités biologiques ; en fait toutes ces histoires sont mortes » John Spong (Pour un christianisme d’avenir)
** Pour lire A quel besoin répondaient les religions ? cliquer Entretien avec José Arregi :
ou :
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“Merci d’être” 2020 01
«Enfant je t’avais dit ” merci d’être venu”. Tu m’avais répondu : “Merci d’être …” Tu avais hésité, cherché un participe passé qui pourrait répondre à mon “venu”, et puis tu t’étais repris, tu avais répété : “Merci d’être.” Il n’y avait pas besoin de complément. “Merci d’être.” Pas besoin de justification. “Merci d’être.” Merci d’être ce que tu es. Avoir 12 ou 13 ans et recevoir l’offrande d’une telle parole, comme ça, sans préalable, sans demande de caution, dans le cours ordinaire de la vie ! Tu te disais agnostique. Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, le seul, est l’amour donné. Et tu as donné le tien sans compter »1.
Voici le résumé du souvenir qu’Emmanuel Godo évoque.
Que de fois, comme la réponse de l’ami d’Emmanuel, je murmure moi-même en quittant une personne rencontrée ou un membre de ma famille, “Merci d’être”. Je le murmure intérieurement, dans mon cœur, par peur de surprendre ou de n’être pas compris. J’exprime dans le silence toute mon admiration, toute ma reconnaissance, toute ma chance d’avoir un tel ami, un enfant aussi sensible, un compagnon si aidant, ou un proche si interpellant ! Avec son caractère, sa générosité, sa droiture, son humour, son originalité … et aussi ses fragilités, ses faiblesses et même ses médiocrités !
Parce que la vie est courte, parce que chacun est unique, parce que « l’extraordinaire est dans la profondeur de l’ordinaire2 », parce que « au fond de chaque homme il y a un ciel enterré qui attend que des artisans de lumière lui rendent son aurore3 », je garde confiance. Oui, “Merci d’être”. Tout simplement “Merci d’être”. Merci d’être vrai, merci d’être ce que tu es ; Merci à toi en effet d’être toi. Sur le chemin, en marche ou en repos …
Mais ne dois-je pas apprendre encore à être aussi vraiment moi ?… Pour pouvoir me dire également “Merci d’être” !
1 La Vie N° 3870 Emmanuel Godo
2 Graf Dürckheim
3 François Cassingena-Trévedy
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St Nicolas et les cadeaux 2019 12
Si les anciens se rappellent peut-être avec nostalgie les longues processions populaires pour célébrer certains moments liturgiques, les plus jeunes peuvent venir encore début décembre à Saint Nicolas fêter le patron lorrain dans la grande basilique qui lui est dédiée. Ils seront portés par une foule enthousiaste et chanteront à gorge déployée « le crédit d’âge en âge » qu’ils attendent encore du saint …
Mais si St Nicolas apportait dans sa hotte quelques jouets aux enfants sages, il offrait surtout à tous en même temps l’espoir de la chaleur familiale et le désir d’un partage réel avec ceux qui souffrent ou qui n’ont pas le nécessaire. Et il était accompagné du père fouettard qui le déchargeait de la besogne ingrate en fustigeant avec ses verges les paresseux ou les menteurs car il poursuivait le Mal, la perfidie.
Les fêtes d’aujourd’hui peuvent rassembler les mêmes objectifs et manifester la joie, le plaisir de partager des valeurs communes qui sont si nécessaires à la vie collective. Mais les cadeaux représentent-ils encore la récompense, l’encouragement, la satisfaction du partage ? Peut-être. Pourtant le monstre du profit qui cultive en priorité ses intérêts cherche uniquement à plaire, à tenter … par son commerce séducteur. La méfiance n’est donc pas superflue. Puissions-nous en effet offrir des cadeaux utiles, modestes et qui, surtout, valorisent tous les autres cadeaux qui ne s’achètent pas mais se savourent dans le bonheur d’être ensemble, d’exploiter ses propres compétences et d’apprécier ce que la vie nous donne généreusement et spontanément !
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Le progrès mais quel progrès ? 2019 11
Le progrès est toujours désiré. Qui peut le refuser quand il s’agit de progresser réellement, de réaliser vraiment des progrès ? … Mais on confond souvent le progrès avec l’évolution matérielle que des techniques, des appareils peuvent apporter mais qui impose souvent une adaptation indispensable et ajoute aussi parfois de nouvelles contraintes lourdes et inutiles.
Le confort, la facilité des voyages, l’abondance, la mécanisation sont-ils en effet toujours un progrès ? Est-ce réellement un progrès de cultiver la terre, de produire des aliments avec des pesticides qui tuent, de soigner avec des médicaments aux effets secondaires lourds, de se déplacer plus vite en polluant davantage, de vivre plus longtemps en souffrant sans apprécier les jours qui passent ?
Il ne s’agit pas de rejeter les améliorations concrètes qui facilitent la vie, généralisent des avantages et offrent plus de moments agréables. Mais les réels progrès ne sont-ils pas ceux qui proposent ou favorisent vraiment l’équilibre, l’écoute, l’épanouissement, le bonheur et généralisent la confiance, l’espoir, le goût du partage, du vrai, du beau, du sincère !
Car nos ainés, nos anciens, nos parents qui travaillaient dur, qui s’entraidaient parfois dans les difficultés malgré les épreuves savaient aussi profiter de la vie. Ils savaient d’ailleurs prendre du temps et le temps nécessaire peut-être plus naturellement qu’aujourd’hui ; ils admiraient la nature et les saisons, ils aimaient les veillées de bavardage …
Alors apprenons à accueillir le progrès moderne avec enthousiasme s’il permet réellement de nous développer, de cheminer, de grandir en maturité individuellement … et collectivement !
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La vie ! 2019 10
Réussir dans la vie, gagner sa vie ; avoir un métier, disposer d’une maison, être reconnu … c’est déjà un vaste programme !
Mais réussir sa vie ; respecter ses valeurs, vivre avec dignité en fonction des cadres qui conditionnent notre destin … N’est-ce pas plus ambitieux et peut-être encore plus valorisant ?
Pour vivre aujourd’hui, bien sûr ; confiant dans l’adversité ; conscient d’être utile ; heureux malgré les inévitables difficultés …
Et vivre au-delà de la vie terrestre, pourquoi pas ! … Pour ceux qui espèrent en une vie après la vie ou en un au-delà qui se prolonge autrement après la mort, un horizon s’ouvre en effet ! Car réussir sa vie n’est plus réussir uniquement la vie terrestre qui n’est qu’un moment de la vie bien limité. Réussir sa vie s’inscrit alors dans un parcours plus vaste qui prolonge non seulement notre cheminement personnel mais réunit aussi le cheminement de ceux qui nous ont précédés, de ceux qui nous entourent et de ceux qui nous succèderont …
A chacun donc d’écrire sa vie comme il peut ; jour après jour ; année après année … en appréciant le verre à demi-plein !
Vivre sans fuir ni la vie ni la mort –
“Vivre nos humaines vies mortelles, tout simplement, pleinement, en vérité, sans fuir ni la vie, ni la mort, sans culpabiliser.
Manger, grandir, jouir en savourant si possible jusqu’à la dernière goutte cette vie où l’esprit et le corps, les nôtres et ceux des autres, sont intimement liés, où le ciel et ce que nous appelons peut-être dieu sont au cœur de l’humain et nulle part ailleurs”.
Jacques Bufquin (Merci à lui de continuer à nous parler dans le secret)
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Pauvre mémoire ! 2019 09
Ne suis-je pas riche de toutes les expériences vécues, de toutes les épreuves rencontrées, de toutes les déceptions acceptées !
Pourtant j’ai l’impression d’avoir beaucoup oublié de ce que j’ai déjà vécu et constaté. Dans d’autres circonstances, j’ai en effet déjà découvert telle situation, telle réaction semblable mais j’en ai souvent oublié le sel qui pourrait m’éviter le goût de la répétition ! Et je reste toujours un apprenti, un ‘bleu’ qui continue à apprendre sans exploiter suffisamment ce qu’il sait déjà …
Ma fierté en est-elle secouée ? J’accepte mal cette mémoire si étroite qui néglige fréquemment ses apprentissages ! Mais je me console cependant en évitant maintenant la dernière goutte qui remplit mon vase et le ferait déborder !
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Confiant et émerveillé, 2019 06
Le monde va cahin-caha et moi-même, je suis bien limité dans sa mouvance …
Pourtant, malgré les années qui passent et qui devraient faire de moi un « sage » prudent, je reste volontairement confiant. Trop confiant et un peu naïf ? Peut-être. Et malgré les bouleversements, les horreurs, les drames auxquels il faut faire face, je reste émerveillé aussi… Emerveillé par les capacités de la nature, le potentiel des êtres vivants à se renouveler, à se régénérer, à survivre spontanément …
Pourquoi notre propre vie ne serait-elle pas, elle aussi, merveilleuse malgré nos maladresses, nos difficultés, nos erreurs ? La nature vit et se renouvelle. Elle meurt et renait. L’automne et le printemps sont là pour nous le rappeler. Ne sommes-nous pas aussi de passage dans ce monde, sur cette terre à la fois laborieuse et prodigieuse … Et les voisins, les amis qui partagent (une partie) de notre destin ne sont-ils pas à la fois notre chemin et notre tremplin ?
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Recette et bonheur, 2019 05
Si une recette est un moyen pratique de réussir un plat, une activité, existe-t-il une recette du bonheur ? Car, on le sait, le bonheur est de toute façon très relatif pour quantité de raisons ! Il est souvent fuyant mais ne se cultive-t- il pas, ne se nourrit-il pas aussi de mon attitude positive ? …
Comment être satisfait de ce que l’on a, de ce que l’on vit, de ce que l’on bénéficie sans désirer ce que l’on a pas, ce que l’on ne vit pas, ce dont on ne bénéficie pas spontanément ? Comment apprécier ce qui nous est offert ? Comment solliciter ce qui est essentiel et un droit ? Il semble que chacun doive concocter sa propre recette !
Si, par exemple, je suis en vacances, si j’ai de la disponibilité, si je vis avec des êtres chers, si je bénéficie d’un cadre enchanteur …; mais il pleut, les enfants sont énervés, les préparatifs des repas sont contraignants …; que faire pour apprécier alors le verre à moitié plein sans regretter la moitié vide ?
Pascal JACQUOT