Des systèmes de sécurité très sophistiqués protègent de plus en plus nos maisons, les magasins, les lieux publics. Notre société pense ainsi maitriser les problèmes de vols ou d’agressions qui se développent.
[i]Pourtant quand, dans un immeuble bourgeois sur-sécurisé par des grilles, des caméras, des codes, des alarmes dans les entrées multipliées et les ascenseurs, les pompiers ou le Samu doivent franchir toutes les barrières avec des codes, des numéros, des interphones, le patient d’un milieu privilégié accablé d’un AVC risque gravement de pâtir du retard involontaire des secours … Le clochard, quant à lui, qui fait un arrêt cardiaque sur l’asphalte de la rue, peut, bénéficier immédiatement d’un massage par le premier secouriste averti ! Personne ne va pourtant envier ce dernier mais si nous sommes perplexes, pouvons-nous nous laisser au moins interroger par les faits ?
Cette situation est la faute de personne et de tout le monde. Une société basée sur la peur fait que les gens restent terrés chez eux et ferment leur porte. Une fois seuls chez eux, personne ne peut les secourir rapidement et spontanément !
En nous protégeant de cette façon avec des systèmes de sécurité de plus en plus complexes, agissons-nous alors avec réalisme ou égoïsme ? Se protéger est bien sûr une réaction spontanée, logique et même indispensable. Réalisme donc. Mais elle ne répond en fait qu’aux conséquences du problème sans en soigner la cause profonde ! Pourquoi le manque de respect, les vols, le banditisme, qui incitent à ces systèmes de sécurité toujours plus sophistiqués, se développent-ils aussi parallèlement ? Seule une réponse courageuse à cette situation complexe peut permettre une inversion progressive du phénomène.
En perdant le sens des relations humaines, en oubliant les valeurs d’entraide et de fraternité, en supprimant les postes d’employés, de concierges, en s’asservissant aux dictats des puissants et de la finance, notre monde de riches paie parfois indirectement son égoïsme et croit se protéger avec ses intérêts à moindre prix.
Brassens peut alors résumer brutalement la situation et continuer à chanter : « Quand on est con, on est con ». Toutefois, ce sont uniquement les victimes qui paient l’indifférence, la négligence ou la cupidité des autres !
Pascal JACQUOT
[i] Source : Livre de Patrice PELLOUX, Médecin urgentiste