Adorno le savait : « Rien ne peut être réparé sans être transformé ». Nos responsabilités sont déterminantes dans un monde d’interdépendances où il n’est pas une avancée économique, technologique ou sociale qui ne porte en elle ses contreparties de complexité, voire de dangerosité dévastatrice. C’est pourquoi la seule possibilité de construire une société juste et respectueuse du vivant nécessite d’analyser l’enchaînement et la globalité des faits dans le panorama de toutes les forces en présence. . Tout élément nouveau prend souvent valeur de progrès sans que les préalables nécessaires à sa saine intégration dans nos vies aient été pensés, sans que ses conséquences aient été anticipées, dans un processus où le dogme de la rentabilité se substitue à la philosophie. C’est ainsi que l’inacceptable devient passivement consenti dans tous les secteurs : soin, écologie, urbanisme, etc. Une société de politiques et de citoyens solidaires agissant conjointement et lucidement pour le refuser est encore à construire. . « Celui qui vit vraiment ne peut être que citoyen et prendre part. L’indifférence c’est la lâcheté, ce n’est pas la vie » : Gramsci s’est engagé corps et âme jusqu’à la prison mussolinienne. Sans l’engagement de chaque décideur et le refus des dérives clientélistes, les citoyens n’auront toujours droit qu’à des promesses inachevées. Avant d’être technique tout problème relève de l’éthique. Des questions vitales le montrent, comme la gestion de l’eau ou l’industrie des armes, dépendantes du pouvoir ultime, celui du grand capital. Vecteur essentiel : le courage politique. . Christiane Leclercq-Rault, psychologue clinicienne et militante des droits de l’homme Extrait de « L’oeil de Réforme » |