Par Michel Théron
.
Ce qu’il y a derrière la Porte, certains font profession de le savoir. Parfois on nous menace d’un Jugement, qu’il faudra affronter avec une âme pure, de façon à éviter un châtiment éternel. D’autres nous disent qu’après une vie éprouvée dans une vallée de larmes, une grande lumière nous est promise, où elles seront essuyées de nos yeux. On veut nous faire peur dans le premier cas, nous consoler dans le second, qui évidemment me semble préférable. De toute façon, c’est toujours bien fait d’espérer…
.
Mais il y a aussi des bons samaritains en dehors du monde religieux. On nous dit en monde laïque qu’en toute épreuve il y a au bout une issue, que l’on atteint après en avoir gravi les degrés – comme dans ma photo. Qu’il y a une positivité de la négativité. Que la main lave la main, et que là où est le mal gît aussi le remède, etc.
.
Répétées comme des mantras, ces formules deviennent un catéchisme. Elles ne sont d’aucune utilité immédiate pour celui qui est frappé par un malheur. Et à ses yeux elles sont même obscènes. Le véritable malheureux ne veut pas de témoin à sa peine, et méprise celui qui s’en informe, même voulant la soulager.
.
Peut-être ces formules se vérifient-elles avec le temps, quand petit à petit la réflexion qui tire des bilans succède à la peine initiale. Peut-être même cette dernière disparaît-elle à la fin, qui sait ? La vie est une tragédie pour celui qui sent, et une comédie pour celui qui pense.
.
… Quant à moi, je ne vois dans ma photo qu’une invitation à monter les marches pour me retrouver au-dehors de l’édifice, la cathédrale de Maguelone, près de Montpellier. Tout près est la mer, dans laquelle j’ai hâte de me plonger. Tous les raisonnements consolateurs que j’ai dits peuvent se tenir, certes, mais pas dans n’importe quelle circonstance. Et il n’y a de vérité que de circonstance. La mienne aujourd’hui est la mer qui m’attend, et son baptême. Je dois aller au rendez-vous. Car la vie elle-même est aussi fragile que les mots qui prétendent en donner le sens.
.
